L'Écho de la Presqu'île (PG)

Sous les pavés du Petit Maroc… des vestiges

Un diagnostic archéologi­que dans le quartier du Petit Maroc a permis de découvrir six squelettes et un bunker allemand.

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Un labyrinthe de tranchées serpente à travers le quartier du Petit Maroc, à Saint-Nazaire, depuis le 11 mars dernier. Les nombreux curieux qui s’approchent des trous — parfois d’un peu trop près — peuvent y observer les quatre archéologu­es de l’Inrap, à l’oeuvre dans ce diagnostic archéologi­que.

Ilot maritime

Parmi ces profession­nels des vestiges et des sols, Donatien Bonamy fait office de pédagogue auprès des badauds, résumant parfois les trouvaille­s, expliquant d’autres fois les méthodes de fouilles ou informant sur les raisons ayant mené à l’ouverture de ces trous parfois profonds de 2 mètres. « Ce sont les promoteurs immobilier­s qui demandent un diagnostic », explique l’archéologu­e.

Ici, place de la Rampe et à quelques pas de là, sur le parking de la rue Hippolyte Durand, c’est en vue du chantier d’ilot maritime et rive estuaire que les profession­nels de l’Inrap se sont déplacés. «C’est assez rare à Saint-Nazaire », concède Donatien Bonamy.

À quelques encablures des boyaux béants de la place de la Rampe, un autre diagnostic avait été prescrit en 2022 en vue de la constructi­on de la tour Esban pour les étudiants.

Diagnostiq­ue

Si les promeneurs curieux s’arrêtent observer ces « fouilles », on parle ici « d’un diagnostic », une étape préalable aux fouilles. « Concrèteme­nt, on fait un état des lieux, et l’on envoie un rapport d’opération au Service régional d’archéologi­e qui prescrira ou non des fouilles archéologi­ques. »

Cette méthode en différente­s étapes induit de tout reboucher, vestiges compris, une fois le diagnostic terminé en fin de semaine prochaine. Et des vestiges, Donatien Bonamy et son équipe en ont trouvé et sans difficulté ni même surprise.

Six squelettes

Il explique qu’« avant de faire ce type de sondage, il y a une étude documentai­re », les archéologu­es ont alors ouvert la terre au moyen d’une tractopell­e «sur des zones de sensibilit­és ».

Très vite, ils découvrent de premiers squelettes « orientés est-ouest ce qui témoigne de sépultures chrétienne­s médiévales ». Au total, six squelettes seront retrouvés, ils feront l’objet d’une datation au carbone 14. Selon Donatien Bonnamy ces découverte­s s’expliquent par la présence d’une église qui se dressait sur le quartier du Petit Maroc entre le XIIe et le XIXe siècle, un cimetière s’y trouvait surement autour.

L’équipe de Donatien Bonamy a également mis à jour des parapets, des canalisati­ons, et même un blockhaus allemand. Beaucoup de ces éléments étaient connus de cartes, cadastres, et recensemen­t, mais n’avaient pas vu la lumière du soleil depuis longtemps. Tout comme le rocher du Petit Maroc sur lequel est bâti le quartier, et que l’on peut apercevoir place de la Rampe.

Pour ne rien abimer de ces trouvaille­s, les archéologu­es

«creusent passe par passe», c’est à dire parfois par séquence

«de 5 à 10 cm», à la main ou à l’aide de pioches, truelles et pelles. Ils numérotent les trouvaille­s et les différente­s couches de sol découverte­s au fil du creusement. «On travaille dehors sous la pluie comme sous le soleil. On est parfois assis longtemps donc il faut une bonne condition physique et surtout beaucoup de curiosité et d’intérêt pour l’histoire», conseille Donatien Bonamy. Les études d’archéologi­e durent entre 5 et 8 ans après le baccalauré­at.

« On travaille sous la pluie comme sous le soleil »

Julien Gouesmat

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