L’assistante maternelle avait blessé une fillette de six mois
Assistante maternelle depuis quinze ans, la Gildasienne n’exercera plus ce métier. Le tribunal le lui a interdit, lui infligeant aussi 400 € d’amende, le mardi 26 mars.
Le 9 janvier dernier, lorsque le papa vient chercher sa fille née le 13 juin 2023, elle est dans son cosy et l’assistante lui dit simplement qu’elle la trouve «douloureuse au niveau du bras ». Mais, explique-t-il, lors du procès, au tribunal correctionnel de Saint-Nazaire le mardi 26 mars : « J’ai trouvé cela bizarre, car habituellement, la nourrice m’attendait avec ma fille dans les bras ». Dans la soirée, au domicile, les parents comprennent, par les pleurs, la fatigue de l’enfant, qu’il y a quelque chose d’anormal. « Elle hurlait lorsque ma femme a essayé de lui enlever son body », déclare le papa, alors que la maman acquiesce.
Le couple se rend au Caps où un médecin aurait manipulé le bras du bébé, ce qui fera réagir l’avocate de la défense, Me Anne-Marie Garrec : « Il fallait d’abord des radios ! » De fait, après les examens médicaux et les radios des urgences, le couperet tombe : «le bras droit de l’enfant est cassé et cette fracture n’a pu être provoquée que par un geste de torsion ».
La fillette a été hospitalisée, a subi de multiples examens et a porté un coude-au-corps pendant plusieurs semaines. Aujourd’hui, elle va bien.
À la barre, la prévenue, qui aura 44 ans sous peu, reconnaît avoir fait «un geste brusque en changeant l’enfant avant la sieste, et que son bras droit se trouvant bloqué sous elle, elle a pleuré très fort». Elle s’est ensuite endormie.
Le calvaire des parents
« Pourquoi n’avoir rien fait lorsque vous avez vu son bras inerte? Pourquoi évoquezvous un geste brusque ? Quelle était l’urgence? Le bébé ne s’est pas fait la fracture seul ! »… La présidente enchaîne les questions, sachant que la quadragénaire doit répondre non seulement de violences sur mineure, mais également de non-assistance à personne en danger. La prévenue est accablée, mais formelle : « Je l’ai manipulée avec maladresse, mais pas violemment. Je ne lui ai pas porté secours parce que je n’ai pas pris conscience de la gravité ».
Me Remi Lavigne, avocat des parents, se dit « outré » par la défense de la « professionnelle agréée depuis 2009». Précisant que « l’on n’a que sa version », il insiste : « Il fallait y aller de façon particulièrement brusque et forte… Elle s’est égarée des soins dont elle avait eu connaissance en formation ».
Blessure involontaire retenue
La procureure soulève un autre aspect de l’affaire, le poids des soupçons sur les parents eux-mêmes ; leurs angoisses lorsque diverses maladies ont pu être évoquées… Elle en revient aux faits : « Les explications de la mise en cause ne sont pas compatibles avec les diagnostics des médecins. C’est une personne expérimentée. Alors, pourquoi avoir eu ce geste brusque ? Pourquoi ne pas avoir alerté?» La magistrate poursuit : « Cette double incompréhension qui subsiste encore aujourd’hui n’aide pas les parents à reprendre confiance ».
Elle requiert dix-huit mois avec sursis et une interdiction d’exercer le métier d’assistante maternelle à vie. Ce qui fait réagir aussitôt Me Garrec : « elle en est bien incapable». La prévenue a d’ailleurs un nouvel emploi depuis deux semaines. L’avocate a donné lecture de familles qui lui avaient confié leurs enfants, d’enfants euxmêmes. Elle a plaidé la relaxe : «Aucun élément de preuve ne confirme les infractions poursuivies ».
Sans succès.
Outre la peine d’amende de 400 € pour blessure involontaire et d’interdiction d’exercer la profession d’assistante maternelle, la prévenue est condamnée à verser 1 000 € à la petite victime, 400 € à chacun des parents et 100 € à son frère de cinq ans.