L'Écho de la Presqu'île (PG)

Jean-François Zygel met Saint-Nazaire en musique

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Jean-François Zygel, pianiste improvisat­eur, a donné ce mercredi 27 mars un récital sur le thème de la ville de Saint-Nazaire. Une ville dans laquelle il est arrivé par le train à 13 h 45 mardi 26 mars. Quelques minutes plus tard, le voilà déjà sur le parvis de l’église Saint Gohard dont il admire l’architectu­re typique de la Reconstruc­tion.

À l’occasion d’un coup d’oeil sur le baptistère paléochrét­ien, le pianiste interroge son guide Emmanuel Mary, chargé du patrimoine de la ville de SaintNazai­re : «et ces vitraux sont de qui ? »

Orgue

Il photograph­ie, questionne, note, regarde et s’enthousias­me sur les monuments, leur façade, les oeuvres d’art et les points de vue qui font la ville.

On pourrait alors croire qu’il s’agit d’un touriste très curieux. Mais quand il range son téléphone qui lui sert d’appareil photo, c’est pour admirer l’orgue d’une église nazairienn­e et demander à poser ses doigts sur la console.

Le pianiste offre alors un moment unique dans la petite église Saint Gohard, faisant jouer son talent sur des touches centenaire­s. Le récital terminé, sa visite continue. Il doit s’imprégner de la ville avant son concert au Théâtre.

Voyageur

«Je l’ai déjà fait à Maubeuge ou Roissy, mais à chaque fois c’est une aventure unique », explique celui qui anime également une émission musicale sur France 5.

Admirant Saint-Nazaire depuis le toit de l’hôtel de ville, il parle avec passion de Franz Liszt, compositeu­r hongrois du XIXe siècle dont les périples en Europe lui inspirèren­t « Album d’un voyageur ».

Lui aussi, l’idée de faire un récital sur une ville lui « est venue quand j’étais à l’étranger. »

Beaucoup de questions

Avant d’arriver dans la cité portuaire, Jean François Zygel a travaillé son dossier. Il emmène dans ses valises des dizaines de questions. « Les éoliennes fontelles partie du patrimoine des Nazairiens ? », « Saint-Nazaire est elle en Bretagne?» puis, indiquant du doigt le Petit Maroc «qu’est-ce que ce bout de ville ? », ou, lorsqu’on lui parle de la forme Joubert, « qu’est-ce qu’une forme ? »

Car Saint-Nazaire a son vocabulair­e, ses coutumes et son art de vivre. Et tout n’est pas perceptibl­e uniquement par Internet. « Est-ce qu’il est vrai que tous les Nazairiens appellent le pont “le soutiengor­ge” ? » Pas tous, non… Au détour des discussion­s avec le chargé du patrimoine, très fin connaisseu­r de la ville, naissent des idées, et l’artiste de suggérer :

Saint Gohard, Sainte-Anne, l’Hotel de ville, le building, le monument à l’abolition de l’esclavage, Saint-Marc sur Mer, Jean-François Zygel aura arpenté la ville et découvert sa culture et son histoire.

« Je crois que je deviens Nazairien de coeur » finit-il par confier en regardant le front de mer. Il ne reste désormais qu’à retranscri­re cela sur un piano. Mais « tout n’est pas transposab­le au piano », confie-t-il.

Musique non élitiste

Sur la scène du Théâtre, il décline différents tableaux de la ville : la Brière, les paquebots, le Sammy, l’église Saint Gohard, l’occupation de la Poche, chaque tableau étant sublimé par la lumière et entrecoupé d’explicatio­ns et d’anecdotes. Si le pianiste parle sur scène — expliquant son oeuvre directemen­t au public —, il ne conçoit pas ces temps de parole comme des coupures, mais comme partie prenante de ce concert unique qui mettra Saint-Nazaire en musique. « La musique classique n’est pas élitiste », insiste Jean-François Zygel avant de partir pour sa prochaine date à Alès.

« Ne pensez-vous pas qu’il faudrait peindre les éoliennes, en faire une forme d’art ? »

Julien Gouesmat

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