Tiny houses à la Gagnerie : le projet en bonne voie, les riverains rassurés
À Trignac, quatre familles souhaitent s’installer dans des tiny houses démontables. Les riverains, d’abord vent debout, semblent aujourd’hui rassurés.
« On cherche tous des
solutions, partout ». Pour Claude Aufort, le maire de Trignac, la réponse à la très forte demande de logements dans la région de Saint-Nazaire peut venir de partout. C’est pourquoi sa commune a accueilli « avec bienveillance » la proposition de quatre familles de s’installer dans des tiny houses, ces mini maisons en bois démontables, dans le quartier de la Gagnerie.
Même s’il a fallu du temps pour convaincre les riverains.
Finalement, le parking conservé
On se souvient en effet qu’en septembre 2023, les habitants de la Gagnerie étaient vent debout contre ce projet, alors à peine esquissé. Une pétition avait même réuni 300 signatures, arguant de la nécessité de conserver le parking d’une quinzaine de places, situé sur le terrain envisagé.
Quelques mois plus tard, l’ambiance est plus détendue à la présentation détaillée de cette installation. Et pour cause : Claude Aufort annonce d’emblée que la mairie a choisi finalement de conserver le parking. Le fruit de plusieurs ateliers citoyens, « des échanges francs et clairs qui ont concerné une vingtaine de personnes ». Seule sera donc déclassée la partie arrière du terrain, avec un déplacement de la stèle du 19 mars 1962, «vue avec la Fnaca», l’association des anciens combattants (lire ci-dessous).
Un mode de vie innovant
Il reste donc un peu moins de 2 000 m2, pas très loin du Brivet, pour loger ces quatre familles, regroupées dans l’association Ekl Taïma et en quête d’un mode de vie innovant. « On souhaite mutualiser notre habitat et notre mode de consommation, avec un mode de gouvernance collégiale, explique l’un des membres, Éric Lafontaine-Michaut. On sait que c’est quelque chose de nouveau ».
Quatre maisons sont donc prévues, certaines de 15, d’autres de 30 à 40 m2 chacune, avec une supplémentaire pour les services mis en collectif : la buanderie, la chambre d’ami, une salle commune. Des logements « que nous avons travaillés avec les Archis joyeux »,
soulignent-ils pour montrer tout le sérieux de leurs intentions, décrivant même leur mode de vie : «Nous sommes des couchetôt et des lève-tôt ».
Ne pas se retrouver « les pieds dans l’eau »
De toute façon, les membres d’Ekl Taïma ne manquent pas d’arguments pour convaincre les derniers rétifs, notamment en ce qui concerne les bienfaits pour la biodiversité. « Notre objectif, c’est d’y créer un jardin paysager, une mare, un verger, un potager». Ils sont d’ailleurs là-dessus largement soutenus par les élus. « On s’est rendu compte que dans cet espace vert, le sol ne joue plus du tout son rôle de zone humide; là, ces projets vont lui permettre de revivre et d’évacuer l’eau », note le maire. L’idée semble faire mouche auprès des riverains pour qui, «l’important, c’est que l’on ne se retrouve pas les pieds dans l’eau ».
Une installation des familles à l’été 2025
Reste une question qui taraude les habitants : qui paie quoi ? Le choix s’est porté sur un bail emphytéotique. « Le bail sera signé entre l’association et la mairie, puisque nous restons propriétaires du terrain,
souligne l’adjoint à l’urbanisme, Gilles Briand. Il permettra à l’association de rembourser les frais d’aménagement que nous allons avancer : le loyer sera calculé en fonction de la somme investie, que nous avons estimée à 88 000 € ».
Ce choix devrait être validé lors du prochain conseil municipal de Trignac, le mercredi 3 avril. Après l’accord du permis d’aménager, les travaux pourront débuter en septembre pour une installation des familles prévue à l’été 2025. «Durant les trois premières années, nous allons mener une étude pour mesurer l’impact de ce nouveau mode de vie, notent les membres d’Ekl Taïma. On envisage ce lieu comme un laboratoire que l’on pourrait essaimer sur la Presqu’île ».
D’opposants, les riverains en deviendront donc les premiers spectateurs.
Coralie DURAND