L'Écho de la Presqu'île (PG)

L’ex-épouse décrit un harcèlemen­t avilissant : le prévenu relaxé

Le prévenu de 54 ans était à la barre du tribunal correction­nel de Saint-Nazaire le 2 avril, poursuivi pour harcèlemen­t sur la mère de leurs trois enfants majeurs.

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Impression­nant ! Pendant presque tout le procès, qui a duré plus de deux heures, l’épouse assise sur le banc des victimes, devant ses trois enfants, a regardé fixement vers la gauche. Une attitude qui n’a pas échappé à la procureure : « Madame est en état de stress aigu, présente un syndrome dépressif, elle ne peut pas regarder son exmari ».

C’est un homme élégant, instruit, au casier vierge, qui s’avance à la barre du tribunal correction­nel du tribunal correction­nel de Saint-Nazaire ce mardi 2 avril pour répondre de harcèlemen­t sur son épouse entre le 1er juillet et le 5 octobre 2023, date à laquelle, la victime a déposé plainte.

Apparemmen­t, cet homme de 54 ans, faisait « des crises à répétition » comme l’a expliqué la mère de ses enfants, ne pouvant pas toujours retenir ses larmes : « Depuis une dizaine d’années, quand il faisait ses crises, il devenait agressif, avait des gestes brusques, des mots violents, une attitude menaçante qui instaurait un climat de tension. Ensuite, il se calmait, s’excusait... »

À l’issue de la dernière, commencée le 9 juillet pour s’achever un mois plus tard, elle lui a demandé de quitter la maison : « Fin août, il a accepté ». Mais il n’a eu de cesse de revenir. Le 5 octobre, il est resté deux heures le matin. En fin d’après-midi, elle lui a refusé l’entrée, et a appelé la police municipale.

Double personnali­té

Lors de l’audience, le quinquagén­aire s’explique : « Je voulais discuter. Je suis allé chez mon fils dans un état de sidération de voir que mon ex me défendait d’entrer dans ma maison. Parler de divorce a été très douloureux pour moi. C’est tout notre projet de vie à Saint-Nazaire qui s’effondrait ». Il ajoute : « J’ai compris depuis qu’elle avait peur, Aujourd’hui, j’accepte la séparation d’avec ceux qui me sont le plus chers et je la souhaite pour le bien de tous ».

Le mis en cause se posait en victime, ce que l’avocate de son ex-épouse, Me Fabienne Millon, regrettait d’emblée : « C’est la faute de qui vous voulez, mais pas la sienne, même s’il admet que sa femme ne ment jamais ». Elle explique les contrainte­s que sa famille s’est imposée : « pour éviter qu’il ne s’énerve ». Elle mentionne qu’il n’était pas perçu comme tel à l’extérieur du huis clos familial : « Il fallait un tiers pour qu’il ait un comporteme­nt correct ».

Manque d’investigat­ions

La procureure décrit les crises, qui sont allées crescendo depuis vingt ans, mais aussi les surveillan­ces imposées après la séparation : « Dès qu’elle met le nez dehors, elle tombe sur lui ! » Elle requiert huit mois de prison avec sursis probatoire de deux ans.

C’est une relaxe que plaide aussitôt Me Matthieu Herla, s’attachant d’abord à définir juridiquem­ent le harcèlemen­t. L’avocat regrette que « dans une situation familiale très compliquée, on n’a que les éléments fournis par madame qui a choisi ses SMS, qu’on évoque aujourd’hui des faits bien antérieurs... » Il invite le tribunal « à se départir de l’orientatio­n donnée par la partie civile ». Alors que son client se met à pleurer, il regrette aussi que la téléphonie n’ait pas été étudiée. Pour lui, il s’agit « d’un divorce conflictue­l qui ne relève pas du droit pénal ».

Un peu après 21 h, la relaxe du prévenu est accueillie dignement par l’épouse et les trois enfants, le président leur ayant bien précisé : « Le tribunal ne nie pas ce que vous avez dû vivre ».

En revanche, le prévenu pleure à chaudes larmes.

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