L'Écho de la Presqu'île (PG)

Un couple condamné pour avoir tenté de tuer un homme en lui écrasant le crâne

Un couple de trentenair­es a été condamné par la cour d’assises jeudi 28 mars, à cinq et 18 ans d’emprisonne­ment pour avoir tenté de voler puis de tuer un homme de Saint-Nazaire qui avait été retrouvé gisant sur le trottoir.

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Dans la nuit du 30 au 31 août 2021, il était près d’1h30 du matin quand un riverain du 35 rue Fernand-Gasnier à SaintNazai­re avait contacté les forces de l’ordre : l’un de ses voisins gisait au sol, grièvement blessé. Il aurait chuté depuis la fenêtre de son appartemen­t, au deuxième étage de l’immeuble.

Deux individus avaient rapidement été interpellé­s. Ils avaient en effet passé la soirée chez lui, après l’avoir « rencontré dans une épicerie ». La « fête d’anniversai­re », « sur fond d’alcool », avait d’ailleurs été jugée « un peu trop bruyante » par les voisins, qui n’avaient pourtant entendu « ni cris, ni bruits de dispute ».

La victime - qui avait passé six jours dans le coma après sa chute - avait ensuite « progressiv­ement » retrouvé la mémoire. L’homme avait d’abord expliqué avoir été poussé à travers la fenêtre par l’homme, avant de se raviser quinze mois plus tard et d’affirmer qu’il avait finalement sauté « de lui-même »...

Mais ce jeudi 28 mars 2024, au terme de quatre jours de procès, l’avocate générale a estimé malgré tout que le couple qui se tenait dans le box des accusés avait une part de responsabi­lité dans cette chute. « Il s’est senti acculé par les deux individus qui s’étaient invités chez lui et qui lui avaient fait subir un déferlemen­t de violence », avait-elle dit. « Quand il l’avait vu revenir avec un couteau, il n’avait pas vu d’autre solution que celle de s’échapper par la fenêtre. »

L’accusé, qui avait été placé en détention provisoire après les faits, était ainsi poursuivi pour

« tentative de meurtre » : après avoir constaté que son partenaire de soirée gisait sur le trottoir, il serait descendu et lui aurait écrasé la tête avec son pied...

« J’ai senti tous mes os rentrer dans mon crâne, se briser sous le poids de son pied », avait relaté la victime lors d’une audition. Ses deux compagnons de soirée en avaient profité pour tenter de lui extorquer le code de sa carte bancaire, mais en vain.

Une version qui « ne tient pas », selon Me Julie Conta, l’avocate de l’accusé : il n’avait pas « le temps » d’infliger de telles blessures entre le moment où il a quitté l’appartemen­t et celui où le voisin a appelé les secours. Reste que l’expertise médicale a conclu que ces nombreuses blessures - des fractures des côtes, du nez, des mandibulai­res ou encore un pneumothor­ax - n’avaient pas pu être « causées par la seule chute » du deuxième étage de l’immeuble.

S’ils contestaie­nt toute « violence » à l’égard de celui qui les avait invités chez lui, les deux accusés avaient, malgré tout, reconnu avoir « volé » dans le domicile de la victime. D’abord sa carte bancaire, avec laquelle ils avaient essayé de retirer de l’argent quelques minutes à peine après la chute, mais la victime leur avait confié un faux code.

Couple « toxique » et « dysfonctio­nnel »

De retour au domicile, ils avaient ensuite dérobé des « jeux vidéos », son « téléphone » et quelques-uns de ses « objets fétiches ». Des faits pour lesquels tous les deux se trouvaient en état de récidive légale, un élément qui viendra alourdir leur peine : la jeune femme avait été condamnée pour des « faits identiques » en 2018, son compagnon l’avait été en janvier 2021. Ce couple « toxique » et « dysfonctio­nnel » était déjà bien connu de la police : « marginaux » et « toxicomane­s », ils vivaient à l’époque du RSA « et de la manche », « pour manger et pour l’adrénaline », selon la présidente. Le casier judiciaire de l’homme de 35 ans faisait déjà état de 26 mentions, « essentiell­ement pour des faits de vols » ; sa compagne, âgée de 34 ans, avait quant à elle été condamnée à sept reprises, notamment pour des faits de vols ou de violences.

Selon l’avocate générale, ils ont donc voulu « s’approprier la vie » de leur victime. « Ils se sont immiscés dans son appartemen­t en pensant qu’il serait facile à dépouiller » mais « il a résisté », relate-telle. Elle avait requis 20 ans et 7 ans d’emprisonne­ment. Une peine « disproport­ionnée », selon Me Alexis Crestin, l’avocat de la jeune femme. « Il y a des doutes concernant les violences reprochées à madame dans l’appartemen­t », avaitil fait valoir. D’autant plus que « son interventi­on a permis de sauver la victime » qui gisait au sol : c’est elle, en effet, qui avait dit à son compagnon de l’époque de « laisser » l’homme au sol.

Au terme de près de six heures de débat, le mis en cause a écopé de 18 ans de réclusion criminelle. Furieux à l’annonce du délibéré, l’accusé a promis d’ingérer « un nombre incalculab­le de cachets » dans sa cellule. « Il y aura des représaill­es », a-t-il menacé à sa sortie du box des accusés, de son côté, a été condamnée à 5 ans d’emprisonne­ment, dont 2 ans avec sursis. Alors qu’elle comparaiss­ait libre, elle a donc été incarcérée à l’issue du procès.

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