« Ce n’est pas normal de venir au travail en pleurs, de repartir en pleurs »
Pas de blouses blanches dans le hall de la cité sanitaire ce mercredi noir. Le personnel s’est habillé en noir. Comme un deuil qui se prépare. « C’est l’hôpital qui va mourir », préviennent infirmiers, médecins, aides-soignants. Car, en attendant, ce sont eux qui souffrent.
« Grande détresse »
Cela fait des mois que les tensions se font sentir. Mais depuis quelques semaines, la situation s’est dégradée. L’été a été compliqué avec des services tournant à-1, -2, -3. Des infirmiers que l’on change de service, que l’on rappelle pendant leurs congés, des absences non remplacées. Résultat : « une situation inacceptable qui amène une grande détresse », fulmine Martine Leray, de la CGT. Les trois syndicats (FO, CGT, CFDT) avaient convoqué une assemblée générale vendredi dernier pour organiser des actions.
Avec la centaine d’agents qui se serrent dans une salle de réunion bien petite, on a surtout pu voir « la colère qui gronde ». Les témoignages se succèdent sur des conditions de travail extrêmes dans tous les services. Certains craquent. « Ce n’est pas normal de venir au travail en pleurs, de repartir en pleurs ».
Barrage filtrant
Comment faire pour se faire entendre ? C’est la question qui divise. La grève ? « On en a déjà fait, ça sert à rien, ils s’en foutent ». S’inviter au pot de départ du directeur à la fin du mois ? « C’est très loin. On veut faire quelque chose maintenant. Une action forte ». Un peu dépassés, les syndicats proposent donc ce mercredi noir. Bloquer tout le parking de la cité sanitaire pour se faire voir « sans prendre les gens en otage ».
Ce sera finalement un barrage filtrant boulevard Chaprak. Avec distribution de tracts pour que « les gens comprennent que c’est pour eux qu’on agit. On a encore une conscience professionnelle. Si on tient, c’est grâce à nos équipes. Mais là, c’est trop…»
échange tendu avec le directeur
Une heure plus tard, les syndicats doivent rencontrer la direction. Francis Saint-hubert refuse de parler à l’ensemble des manifestants, comme ces derniers le souhaitaient. La majorité attendra donc dans le hall. Jusqu’à un certain point. « Allez, on y va ». Voilà la centaine d’employés de l’hôpital partis vers le 4e étage de la cité sanitaire. Tout le monde est dans le couloir, le directeur n’en démord pas : il n’apportera pas de réponses « dans ses conditions ». « On est trop gentil », lancent plusieurs manifestants.
Au bout d’une demi-heure d’un dialogue de sourds, est finalement convenu « un temps d’échange » entre des membres de la direction et le personnel, qui serre les dents. « Ça va servir à quoi ? Il va encore nous endormir ». Tout le monde se réunit quand même dans une salle de la cité. Il ne faut pas longtemps pour que beaucoup claquent la porte.
Un rappel à l’ordre
L’après-midi, les syndicats rencontraient la sous-préfète Marie-hélène Valente, alertée sur la situation. Elle était accompagnée de Marie-hélène Neyrolles, directrice adjointe de l’agence régionale de santé (ARS). Avant de parler avec la directrice générale ? C’est bien ce qu’ils espèrent. En attendant, ils avaient dans leur poche les propositions du directeur : une dizaine de contrats renouvelés pour les services les plus tendus (sans doute les Ehpad…) et un point hebdomadaire pour traiter « au cas par cas ».
Un CHSCT extraordinaire s’est également tenu en présence de l’inspection du travail, qui a fait un rappel à l’ordre à la direction sur le respect des règles de gestion du temps de travail.