Des cosmétiques à base de plantes des marais salants
Depuis un an, l’entreprise Guérande Cosmetics commercialise des soins de beauté naturels bio fabriqués avec des ingrédients récoltés par les paludiers dans les marais. « On valorise des ressources qui n’étaient pas exploitées »
Les paludiers eux-mêmes, les hommes et femmes qui façonnent le marais depuis des millénaires, étaient conscients de disposer d’un espace naturel aux ressources encore largement inexploitées. Pendant plusieurs années, la coopérative des Salines de Guérande et son directeur Ronan Loison ont oeuvré dans l’ombre pour les valoriser. Un travail de fourmi, mené en collaboration avec des laboratoires, qui a débouché sur la création de Guérande Cosmetics en juin 2016.
Plantes résistantes en milieu extrême
En octobre, la jeune société lançait « Guérande », une gamme de soins naturels certifiés bio élaborés à partir de plantes, d’algues, d’argiles recueillis dans les marais salants. Des trésors capables de résister en milieu extrême, dans des conditions d’hypersalinité et de sécheresse élevées. « Ces plantes ont développé des vertus protectrices et réparatrices qui sont attendues en dermatologie », explique Sandrine Le Carpentier, responsable marketing chez Guérande Cosmetics.
La salicorne verte, par exemple, est reconnue pour sa richesse en provitamine A, vitamine C, magnésium et zinc. Quand elle tourne au rouge, à la fin de l’été, elle se charge en un polyphénol rare au pouvoir antioxydant et anti-âge. Les argiles marines, elles, disposent de vertus purifiantes, oxygénantes et apaisantes. Autre richesse sortie des marais, aux pouvoirs étonnants : les eauxmères. Il s’agit des eaux des derniers bassins d’évaporation des salines, puisées une fois que la récolte de sel est terminée. « Elle sont sursaturées en oligo-éléments et en sels minéraux et utiles pour reminéraliser la peau », confie Sandrine Le Carpentier
Une quinzaine de paludiers partenaires sur les 200 et quelques que compte la coopérative se charge de récolter les ingrédients. « Certains ont adhéré de suite, d’autres étaient un peu plus réticents au départ. Il faut leur laisser du temps », constate Olivier Launay, président des Salines de Guérande, qui se montre catégorique. « On ne cultive pas le marais, on le nettoie. L’idée n’est pas d’aller au-delà de ses capacités mais de valoriser des ressources autres que le sel qui jusque-là n’étaient pas exploitées ». Les intéressés y trouvent également un petit complément de revenus.
Une fois les matières premières rassemblées à la coopérative, elles sont acheminées en camion frigorifique au laboratoire de cosmétologie marine de Brest pour être transformées en actifs naturels, autrement dit en poudre. Les actifs sont ensuite transportés vers un deuxième laboratoire, Science & Nature à Nueil-les-aubiers (entre Cholet et Bressuire), chargé de concevoir les produits de soins et de beauté.
Un an après le lancement de la commercialisation, les débuts sont jugés prometteurs. « Pour l’instant, l’accueil public est très bon », confie la responsable du marketing. Les produits Guérande Cosmetics ont rencontré cet été les faveurs des rédactrices du très lu magazine Elle… Surfant sur la notoriété du sel de Guérande, l’entreprise commence à se tourner vers l’international.
Les produits de la gamme « Guérande » sont vendus depuis le site de Guérande Cosmetics, dans certains magasins bio (Naturalia, Biocoop), aux Comptoirs de la mer, dans quelques pharmacies et, bien sûr, à Terre de sel, vitrine de la coopérative. Quatorze soins - sept pour le visage et autant pour le corps - sont aujourd’hui disponibles sur le marché. Vu la richesse du marais, ils devraient faire des « petits » dans les années qui viennent. « Il y a encore plein de choses à faire », jugent les différents protagonistes.