L’Écho de la Presqu’île (SN)

Un scrutin incertain

- Guillaume Leroux

2 856 grands électeurs se rendront aux urnes dimanche pour élire les cinq sénateurs de Loire-atlantique. Les sortants se représente­nt mais tous ne seront pas réélus.

Le feuilleton n’a pas passionné les foules mais il a tout de même secoué le petit landerneau politique départemen­tal. Entre coups bas, déceptions, investitur­es manquées et nomination tardive, la constituti­on des huit listes de candidats n’a pas été un long fleuve tranquille.

Dimanche, les grands électeurs de Loire-atlantique (sénateurs, députés, conseiller­s régionaux, conseiller­s départemen­taux et délégués des conseils municipaux) auront l’embarras du choix au moment de glisser leur bulletin dans l’urne même si on peut imaginer que peu d’entre eux s’éloigneron­t de la ligne fixée par leur mouvement politique.

Trillard, trouble-fête d’une droite divisée

Malgré les turpitudes, les cinq sénateurs sortants se représente­nt : les socialiste­s Yannick Vaugrenard et Michelle Meunier, l’écologiste Ronan Dantec, qui mènera cette année une liste sans le PS, le centriste Joël Guerriau et André Trillard. Le maire de Saint-gildas-des-bois, non investi par Les Républicai­ns au profit du Presqu’îlien Christophe Priou, a décidé de créer une liste dissidente. « J’ai autant de légitimité que Christophe Priou. Je ne suis pas le passé, ni l’avenir, mais je suis l’homme du présent », affirmait l’élu dans nos colonnes le 8 septembre.

Du côté de La République en marche, alors que la candidatur­e de Bernard Morilleau, maire de Sainte-pazanne, semblait actée depuis plusieurs semaines, la commission d’investitur­e du mouvement d’emmanuel Macron a décidé, dans les derniers jours de la campagne, de lui préférer Valérie Sauviat-duvert, élue guérandais­e.

Alain Avello (Front National), Dominique Anée (centre-droit) sont également têtes de liste. La France insoumise de Jean-luc Mélenchon et le Parti communiste ne présentent pas de liste dans le départemen­t.

Sauviat-duvert, l’invitée de dernière minute

Lors des dernières élections sénatorial­es, en 2011, la liste Parti socialiste/europe Écologie les Verts/front de gauche l’avait nettement emporté avec 49,82 % des suffrages. Cinq listes étaient candidates. Il y en a trois de plus cette année, ce qui rend le scrutin très incertain.

Bien que balayé lors des récentes élections présidenti­elle et législativ­es, le Parti socialiste compte encore de nombreux élus locaux, ce qui donne de réelles chances au Nazairien

Les sénateurs sont élus pour six ans par des grands électeurs, qui peuvent être condamnés à une amende de 100 € en cas d’abstention. L’élection a lieu au scrutin de liste à un seul tour. Le nombre de sièges attribués par liste est calculé en fonction d’un quotient électoral. Il correspond au nombre total de suffrages exprimés divisé par le nombre de sièges à pourvoir. Pour la Loire-atlantique, ce quotient devrait être, devrait puisqu’il y aura forcément quelques abstention­nistes, de 571,2 (2 856 grands électeurs/5 sénateurs à élire). Après comment ça marche ?

Par exemple, si une liste A arrive en tête avec 1 659 suffrages exprimés, elle obtient 2,9 (1 659/571,2) soit 2 sièges. Si Yannick Vaugrenard et Michelle Meunier, deuxième sur la liste, de conserver leurs sièges. Reste deux inconnus : bien qu’investi par Les Républicai­ns, Christophe Priou parviendra-t-il à séduire les habituels électeurs d’andré Trillard, sénateur depuis 2001 ? La dispersion des voix de droite pourrait, par ailleurs, bénéficier à la candidate de La République en marche mais Valérie Sauviatduv­ert, inconnue en dehors des remparts de Guérande, risque de payer le mécontente­ment des élus locaux sur, notamment, la diminution des emplois aidés décidés par le gouverneme­nt d’édouard Philippe.

La complexité du mode de calcul (voir ci-dessous) rend la liste B obtient 976 voix, elle obtient 1,7 (976/571,2) soit 1 siège. Les 340 voix de la liste C ne lui permettent pas d’obtenir de siège au quotient électoral car 340/571,2 = 0,59. Les deux sièges restants sont donc répartis à la plus forte moyenne.

On divise alors le nombre de voix obtenues par chaque liste par le nombre de sièges qui lui ont été attribués au quotient électoral, augmenté d’une unité. Un siège supplément­aire est gagné par la liste qui aura ainsi obtenu la plus forte moyenne. L’opération est renouvelée pour le dernier siège de sénateur non-attribué.

Dans le cas des trois listes prises en exemple, la liste A obtiendrai­t un total de 553 (1 659/2+1), la liste B, un total de toutes les hypothèses probables même si on peut penser que la multiplica­tion des listes pourrait être fatale à André Trillard et Joël Guerriau. Yannick Vaugrenard, Christophe Priou et Valérie Sauviat-duvert sont donc favoris pour rejoindre les bancs du Palais du Luxembourg. Reste à savoir quels élus du départemen­t les accompagne­ront.

Dans tous les cas, ceux de la Presqu’île, Yves Métaireau (maire de La Baule, troisième sur la liste de Joël Guerriau) ou Gauthier Bouchet (conseiller municipal à Saint-nazaire, troisième sur la liste d’alain Avello) n’ont que d’infimes chances d’être élus. 488 (979/1+1) et la liste C, un total de 340 (340/0+1). Le quatrième siège reviendrai­t donc à la liste A puisque 553 est supérieur à 488 et 340. On renouvelle­rait alors l’opération pour le cinquième et dernier siège en prenant en compte le résultat de l’opération précédente. Le total pour la liste A serait de 414,75 (1 659/3+1), celui, inchangé de la liste B de 325,3 (976/2+1) et celui, inchangé, de la liste C de 340 (340/0+1). Le cinquième siège reviendrai­t donc à la liste A puisque 414,75 est supérieur à 325,3 et 340.

Au final, la liste A obtiendrai­t quatre sièges et la liste B, un siège. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

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