Colère contre la baisse des APL
Le gouvernement impose aux HLM d’absorber la baisse des APL en diminuant les loyers. Bailleurs sociaux et associations sont ulcérés.
Ils ont choisi le jour de la présentation de la stratégie gouvernementale de la politique du logement pour taper ensemble du poing sur la table, exprimer toute leur colère et lancer un appel à la mobilisation.
Vent debout
Silène, Habitat 44, Nantes Métropole Habitat, associations de locataires et d’insertion sociale, ils sont tous vent debout contre la décision gouvernementale de faire porter aux organismes HLM (par la baisse des loyers), la diminution de L’APL, allocation personnalisée au logement.
Il y a trois semaines, le maire David Samzun, également président de Silène, avait demandé la suspension de la mesure visant la baisse des APL de 5 €. Quelques jours plus tard, il est question d’une diminution de L’APL de 50 € pour les bailleurs sociaux. Pour que la baisse soit « neutre » pour l’allocataire, le gouvernement impose aux HLM de diminuer le loyer d’autant. Les trois OPH du Département ont sorti leurs calculettes : « c’est une perte de 13M € de recettes pour nous trois, l’équivalent des objectifs de constructions neuves, ce sont 900 M € d’investissement sur 5 ans », lancent Silène, Nantes Métropole Habitat et Habitat 44.
« Dans 2 ans, pour Silène c’est zéro opération neuve, c’est un programme de réhabilitation à revoir à la baisse, ce sont des entreprises de BTP touchées. Silène injecte 50M € dans l’économie locale », insiste David Samzun. « Nous dégageons 10 % des loyers pour nos fonds propres, ce qui permet d’emprunter. Avec la répercussion de la baisse des APEL sur les loyers, ces 10 % disparaissent », ajoute Roger Décobert, directeur de Silène pour qui la perte est évaluée à 3,5 M €, « c’est 250 logements neufs ». En moyenne 60 % de ses locataires bénéficient de L’APL. « Dire que la mesure est neutre est faux, s’insurge un représentant des locataires, car sans réhabilitation, c’est un patrimoine qui vieillit, des logements énergivores et des factures qui augmentent ».
Appel à la mobilisation
« À aucun moment de la campagne électorale le logement social n’a été évoqué comme une cible prioritaire pour réduire les dépenses publiques. L’APL perçue dans le parc privé n’est pas touchée et on fait porter cette mesure sur les logements qui ont les loyers les plus bas et qui logent les plus modestes d’entre nous », ne décolère pas David Samzun pour qui cette décision « injuste » est « une attaque grave, sans précédent, avec des conséquences majeures. C’est un projet comptable et parisien ».
Pour les associations d’insertion sociale, le coup est rude : « cela nous met clairement en difficulté », prévient l’apui qui loue une centaine d’appartements à Silène, notamment pour des femmes avec enfants. Même pour crainte pour l’anef Ferrer.
La semaine prochaine, le congrès des HLM à Strasbourg sera placé sous le signe de la mobilisation. « On attend aussi que le Medef et les entreprises du BTP s’expriment. Des emplois sont en jeu », prévient David Samzun. Objectif : faire fléchir le gouvernement avant l’examen de la loi de finances début octobre. Le calendrier est serré.
« Un projet comptable et parisien »