L’Écho de la Presqu’île (SN)

La centrale a remis les gaz

- Julien Bouliou

Après plusieurs années de faible activité, la Spem de Montoir-de-bretagne, qui produit de l’électricit­é grâce à la combustion du gaz, monte en puissance. Et nourrit des ambitions.15 M€ vont être investis dans un important chantier de maintenanc­e.

À la Société de production électrique de Montoir (Spem), la chute des températur­es en début de semaine a été synonyme de regain d’activité pour la vingtaine de salariés. « Janvier a été doux, avec pas mal de vent. Du coup on n’a pas beaucoup tourné. Février est parti pour être plus froid… On travaille au jour le jour », décrit Benoît Chatelain, le responsabl­e du site. De fait, il y a beaucoup de travail, ce qui n’a pas toujours été le cas.

En 2010, Engie, alors GDF Suez, inaugurait à Montoir-debretagne sa troisième électrique au gaz naturel, après Dunkerque et Fos-sur-mer.

Adossé au terminal méthanier voisin, qui fournit la matière première, cet investisse­ment de 300 M€, capable de subvenir aux besoins de 450 000 foyers, avait du sens.

Les Pays de la Loire et la Bretagne, véritables « culs-de-sac électrique », ne produisent que 15 à 20 % de leur électricit­é qui provient essentiell­ement des centrales nucléaires de Normandie et du Centre-val-de-loire. Le gaz naturel, énergie fossile la moins polluante, a le vent en poupe.

Mais en 2013, Engie annonçait une « mise sous cocon » de la centrale, l’arrêt des machines au moins six mois de l’année.

Les raisons ? Une baisse générale de la consommati­on d’électricit­é du fait de la crise économique ; la concurrenc­e du charbon dont le prix avait baissé en raison de la mise sur le marché du surplus des États-unis, lié au début de l’exploitati­on des gaz de schiste.

Alors que l’équipement montoirin avait tourné 4 689 heures en 2011, il n’affichait que 2 022 heures d’activité en 2013, puis 755 en 2014. « La fermeture a été évoquée un temps », reconnaît Benoît Chatelain.

Puis, « le marché s’est retourné », la demande est repartie. Trop émetteur de gaz à effet de serre, le charbon n’a plus la côte. Par ailleurs, il a fallu pallier les maintenanc­es plus longues que prévues de centrales nucléaires vieillissa­ntes. À partir de 2016, la Spem de Montoir a de nouveau été très sollicitée : 4 283 heures en 2016, 4 536 en 2017.

« Nous regardons l’avenir de façon positive. Nous nous attendons à de meilleures années encore », estime le responsabl­e du site.

Preuve en est, Engie va lancer cette année d’importants travaux de maintenanc­e de ses turbines gaz et vapeur, pour 15 M€. « Notre but, c’est d’avoir des installati­ons disponible­s toute l’année, encore plus réactives. »

Alors que les énergies renouvelab­les (solaire, éolien, biomasse, hydrogène) montent doucement mais sûrement en puissance, que les travaux du parc éolien offshore au large de la Presqu’île démarrent, la centrale pense avoir toute sa place. « Nous sommes le meilleur ami des renouvelab­les, qui sont des énergies intermitte­ntes. Nous pouvons rapidement prendre le relais, car nous sommes flexibles et rapides à démarrer », présente Benoît Chatelain.

Par ailleurs, l’avenir de la centrale thermique à charbon de Cordemais se dessinant en pointillé (1), la position de la Spem de Montoir-de-bretagne deviendrai­t incontourn­able.

« Meilleur ami des énergies renouvelab­les »

(1) La Programmat­ion pluriannue­lle de l’énergie (PPE), publiée en octobre 2016, prévoit une sortie du charbon à l’horizon 2023.

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