L’Écho de la Presqu’île (SN)

La fontaine de lait cru a fait pschitt

- Simon Mauviel

Pas la peine de chercher un distribute­ur automatiqu­e de lait cru sur le départemen­t, vous n’en trouverez pas. Ou plutôt il n’y en a plus. Il y a neuf ans, en pleine crise du lait, un éleveur herbignaca­is avait tenté l’expérience. Elle aura duré sept années. Exploitant de la ferme de la Chalandièr­e, au lieu-dit Kerougas, Jean-michel Anger y croyait dur comme fer. « Le consommate­ur était de plus en plus sensible à la vente directe et au circuit court », se rappelle le producteur.

À l’époque, il pense avoir trouvé le lieu idoine. Sur le boulevard de la Brière où passent 5 000 à 6 000 véhicules chaque jour, en face d’une boulangeri­e et à quelques encablures de la gendarmeri­e. Pour installer sa fontaine, l’agriculteu­r a dû investir 50 000 € en matériel et aménagemen­t. Tous les jours, Jean-michel Anger amène son lait cru entier issu de la traite du matin et le dépose dans un tank réfrigéré d’une capacité de 300 litres.

Quelques mois plus tard, un éleveur de Saint-gildas-des-bois, Jean-paul Houis, lui emboîtera le pas en installant à son tour un distribute­ur dans la galerie du Super U de la commune.

En gares de La Baule et Savenay

En parallèle, sur la ferme herbignaca­ise, l’épouse de Jean-michel Anger prépare des desserts lactés (semoule, riz au lait, flanc, yaourt) qui sont proposés en barquette dans le distribute­ur, mais aussi dans deux autres automates installés en leasing dans les gares SNCF de La Baule et Savenay. Les débuts sont porteurs d’espoir. Jean-michel Anger est présent devant son distribute­ur tous les samedis matin pour expliquer le fonctionne­ment de la machine. Des animations sont proposées autour. « On a même organisé une randonnée pédestre au départ du distribute­ur qui a cartonné ».

Malheureus­ement, les ventes peinent rapidement à décoller. « Il y avait un pic lors des animations, mais ce n’est pas pour ça que les gens revenaient ensuite. On tournait en moyenne à une trentaine ou une quarantain­e de litres vendus par jour. L’idéal aurait été d’écouler 100 litres, ce qui n’était pas si énorme ». Dans les gares, les deux distribute­urs ne font guère recette non plus, « une vingtaine de desserts par semaine chacun ».

Comment expliquer cette timidité ? Malgré des qualités gustatives incomparab­les par rapport un lait thermisé, le lait cru - qui peut être vecteur de maladies - fait peur. Le risque est pourtant très limité en respectant la date de consommati­on. « En plus, on était suivi. Les services vétérinair­es étaient derrière nous, la patente sanitaire renouvelée chaque année », explique Jean-michel Anger.

En 2009, Jean-michel Anger installait à Herbignac le premier distribute­ur automatiqu­e de lait cru des Pays de la Loire. Il l’a retiré en 2016 faute de rentabilit­é.

Achat amorti en 2016

En 2015, son fils a rejoint l’exploitati­on. Les deux hommes se sont trouvés face à un dilemme : tenter de persévérer dans ce système de vente directe, « mais il fallait nécessaire­ment le booster ». Ou développer la vente à la coopérativ­e. Ils ont opté pour la seconde solution en doublant leur cheptel. « Aujourd’hui, on a 100 vaches à la traite tous les jours ». Et le distribute­ur est de l’histoire ancienne, « même si le concept me plaisait beaucoup ». Une fois son achat amorti en 2016, il a été revendu à un éleveur du Maine-et-loire. À Saint-gildasdes-bois, le distribute­ur avait déjà disparu.

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