Trafic dans le pays de Retz
Cinq prévenus, autant d’avocats, neuf auditrices, un auditeur et 14 gendarmes ont suivi, pendant quatre heures, une affaire de cannabis, cocaïne, voire héroïne et TAZ (ecstasy), le jeudi 1er février, au tribunal correctionnel de Saintnazaire.
« Ça bouge du côté de Machecoul. » En août dernier, lorsqu’ils entendent cet appel anonyme avec un nom à l’appui, les gendarmes mettent en place une surveillance qui les conduit à l’interpellation de ces cinq majeurs (et deux mineurs). L’enquête, menée par les gendarmes de la brigade de Villeneuve en Retz, a permis d’évaluer le chiffre d’affaires du trafic de drogue à 50 000 €.
Les suspects ont été interpellés mardi 20 janvier.
À l’issue de trois jours de garde à vue, les prévenus sont à la barre. Ils ne se connaissent pas tous et ne sont pas tous aussi impliqués, mais ils reconnaissent les faits.
Le « pilier » de 20 ans, « gros consommateur de cocaïne, SDF, sept condamnations », confirme : « Oui, j’ai repris le trafic à ma sortie de prison en mai 2017 pour me faire des sous. » La présidente Talhouarn lui reprochant « d’avoir mis des mineurs dans le système, sans se soucier de leur santé », il réagit : « Ils ont des parents ! »
Le deuxième incarcéré (10 mentions au casier judiciaire) a reconnu être « revenu à l’héroïne parce que c’est moins cher que la cocaïne » et avoir « dépanné » pour la payer. Seul à avoir une voiture apparemment, il assurait le ravitaillement.
Étonnement de la présidente et de la procureure, Louise Debleds, lorsque le plus jeune, 18 ans, non consommateur, avance qu’il cultivait un champ de cannabis « pour un seul client » en l’occurrence le « pilier . La présidente ironise : « Vous vous êtes lancé sans faire une étude de marché ? », déclenchant les rires des militaires.
L’avocat du « pilier », Me Herla est monté au créneau : « On n’est pas à la loterie, les peines demandées sont farfelues, exagérées… On n’a pas un grand train de vie, pas de grosse voiture… ».
Le tribunal a prononcé des peines de 12 mois de prison ferme pour « le pilier », à quatre mois avec sursis.