L’extraterrestre qui fait gagner La Baule
Le Belge Frédéric Caudron est le meilleur joueur de billard au monde. C’est à La Baule, que depuis trois saisons, il monnaye son talent et porte le club de la côte.
« Il n’osera pas vous le dire mais c’est le meilleur joueur de billard de tous les temps ». Joël Switala, le président du billard club baulois, ne prend pas de gants lorsqu’il s’agit d’évoquer Frédéric Caudron. Le joueur belge, qui vient de fêter ses cinquante ans, porte les couleurs du BC Baulois depuis trois saisons. Il a clairement fait passer un palier au club de la Presqu’île qui évoluait en seconde division avant son arrivée.
« Il fait des choses que personne ne fait »
Jeter un coup d’oeil au palmarès de Frédéric Caudron suffit à mieux appréhender le phénomène. Onze titres de champions du monde, 25 de champions d’europe, des victoires en Coupe du Monde et des titres nationaux à la pelle, le Wallon est ce qui fait de mieux dans le billard français. « Ce n’est pas pour rien qu’il est surnommé ET, s’emballe Joël Switala. C’est un extraterrestre, il fait des choses que personne ne fait. »
250 matches par saisons
Le billard, c’est la potion magique de Frédéric Caudron, il est tombé dedans quand il était petit. Son père, joueur de billard lui aussi, lui a transmis la passion. La famille a ensuite ouvert son club où le jeune Frédéric avait tout loisir à s’entraîner. Ce qu’il faisait, des heures durant « C’est un virtuose, ajoute le président du Billard club baulois. Il a battu tous les records, il n’y a jamais eu plus fort que lui. »
La spécialité du Belge c’est le billard à trois bandes, « la discipline la plus difficile » reconnaît le natif de Mons. L’objectif ? Percuter deux boules avec une troisième en faisant toucher la boule à trois reprises sur les rebords du billard. Un geste peu aisé mais que le champion du monde en titre maîtrise à la perfection. Il faut dire que l’homme se consacre à 100 % à sa passion. « Je n’ai jamais rien fait d’autres », admet-il. Entre ses primes de victoire, ses sponsors et les rémunérations des cinq clubs européens pour lesquels il joue, les revenus de Frédéric Caudron peuvent atteindre 200 000 € par an. Largement suffisant pour s’offrir un billard dernier cri pour s’entraîner à la maison, près d’anvers. Un billard qu’il n’a que peu le temps d’utiliser car son calendrier est chargé. Il dispute près de 250 matches par saison, et ce dans le monde entier.
En plus de disputer le championnat de France avec La Baule, il participe également aux championnats belge, allemand, portugais et hollandais. Néanmoins, lorsque tous ses clubs se retrouveront pour disputer la Coupe d’europe à Porto du 6 au 10 juin, il ne se démultipliera pas et n’enfilera que le polo du BC baulois. « J’ai fait ce choix en début de saison, précise le joueur. Je connais Joël depuis longtemps et je pense rester longtemps à La Baule. »
Un champion toutes catégories
« ET » a remporté des titres mondiaux dans les quatre disciplines du billard français (appelée aussi « carambole » car quand les boules se percutent, on appelle cela un carambolage) : le une bande, le trois bandes, le cadre 47/2 et le cadre 71/2. Une performance rare. « La plupart des joueurs ne pratiquent pas chaque discipline », note-t-il. Et si le billard à trois bandes occupe désormais le plus clair de son temps, il n’en délaisse pas pour autant les autres disciplines, son récent titre de champion d’europe du billard à une bande en atteste.
À la fin du mois, Frédéric Caudron essaiera d’ajouter un nouveau titre à son palmarès avec ses camarades de la sélection belge. Ils tenteront de remettre la main sur le trophée de champion du monde de billard à trois bandes qui leur échappe depuis deux saisons. Pour la suite, c’est au Caire qu’en fin de saison, il tentera de conserver son titre de champion du monde du 3 bandes. Pour étoffer encore son palmarès et montrer qu’à cinquante ans, « ET » n’est pas près de rentrer définitivement à la maison.