L’Écho de la Presqu’île (SN)

À Beauregard Sur les traces des sous mariniers

- Cathy Ryo

Les vestiges d’un camp de sous-mariniers allemands sont encore visibles dans le bois de Beauregard à l’immaculée. Une histoire méconnue des Nazairiens.

Il ne reste plus aucune trace de la piscine, du stade, du mess. Mais d’autres empreintes du camp de sous-mariniers allemands sont encore très visibles, 77 ans après. Et c’est à l’immaculée, dans le bois de Beauregard, entre le village éponyme et le Point du jour, que l’on peut découvrir les vestiges de cette base oubliée.

Les archives sont rares et l’histoire est méconnue des Nazairiens à l’exception des habitants de l’immaculée… et de Patrick Fleuridas. C’est un passionné de fortificat­ions et particuliè­rement celles de la Seconde guerre mondiale. Il fait partie de la toute jeune associatio­n Forteresse de Saint-nazaire dont l’objectif est de faire redécouvri­r ce pan, mal vécu, mal connu, du patrimoine local. Le camp de sous-mariniers allemands ne lui a pas échappé. C’est d’ailleurs lui qui commentera les visites proposées par la maison de quartier de l’immaculée (lire par ailleurs).

Les baignoires encore visibles

« Ce camp a été construit en 1941 pour les flottilles 6 et 7 pendant que les sousmarins étaient en réparation dans la base. On pense qu’il pouvait accueillir environ 600 personnes. Il fallait un lieu de repos lorsqu’ils n’étaient pas en mer. Ces camps, il en existait un aussi à Heinlex, devaient être sécurisés, à l’abri des bombardeme­nts et confortabl­es pour compenser la vie en mer très difficile »,

raconte Patrick Fleuridas. Alors les Allemands ne lésinent pas sur le confort. Et construise­nt une piscine, un stade, des sanitaires avec douches et baignoires. Ces dernières sont encore visibles dans les ruines du bloc sanitaire. On y aperçoit même la faïence à certains endroits.

Des pochoirs de fleurs

Dans le bois subsistent aussi les soubasseme­nts des baraquemen­ts en bois et un bâtiment en béton. Sur ses murs, en y regardant de près, apparaisse­nt des pochoirs jaunes d’origine représenta­nts des fleurs. « On suppose que c’était un dortoir pour les officiers ». Entre les arbres et les buissons, deux abris aériens sont toujours debout, intacts. Sur les parois de ces blockhaus, des grilles anti gaz, des trous anti grenades. « Le camp était surveillé jour et nuit par une troupe dont c’était la seule mission. Il y avait des fossés antichars, des champs de mines. Il reste encore quelques piquets qui protégeaie­nt les lieux », poursuit Patrick Fleuridas.

Debout aussi le château d’eau qui surplombe le bois. « Gérer l’eau, c’était indispensa­ble pour la vie du camp et pour lutter contre le feu en cas d’incendie ».

Des CRS en mai 68

Après la guerre, le camp a été utilisé par les prisonnier­s allemands « et peut-être ensuite par des réfugiés nazairiens revenus après la guerre mais nous n’en avons pas trouvé de trace ». Puis en mai 1968, les baraquemen­ts ont accueilli les CRS dépêchés dans la cité navale. Depuis, la nature a repris ses droits, la main de l’homme aussi. Elle a dépecé ce qui pouvait l’être, tagué les murs, cassé les cloisons. Le site est à l’abandon et le bois reste un lieu de balade agréable, sans que les promeneurs ne sachent vraiment qu’ils arpentent un ancien camp de sous-mariniers allemands.

■UTILE

Visite du camp de sousmarini­ers de Beauregard commentée par Patrick Fleuridas, samedi 24 février à 16 h 30 et dimanche 25 à 10 h 30. Samedi 24 à 14 h 30 conférence de Michel Mahé sur la Poche, atelier de généalogie, projection­s de films, consultati­ons de documentat­ion, recueil de témoignage par l’associatio­n Angenea. Ces rendez-vous sont proposés dans le cadre de l’exposition « Histoire et mémoire, la vie quotidienn­e en 1943 » visible à la maison de quartier jusqu’au 1er mars.

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Le château d’eau est debout 77 ans après sa constructi­on

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