Rodéos à moto : le maire caillassé et insulté
Thibault Humbert a été pris à partie par une vingtaine de jeunes des Dix-Arpents. Son tort : avoir voulu les sermonner parce qu’ils se livraient aux rodéos à moto.
Dans sa guerre déclarée aux rodéos à moto, Thibault Humbert vient d’essuyer une pluie de représailles. Samedi soir, le maire Lr d’Éragny-sur-Oise a été la cible d’un caillassage en règle doublé d’un torrent d’insultes. Son tort : avoir voulu raisonner les jeunes de la commune qui s’adonnent, au mépris des règles de sécurité, aux rodéos à moto. Un sport national contre lequel l’élu tente de lutter depuis plusieurs mois. En vain.
Pluie de projectiles
Samedi, vers 19h30, il regagne son domicile au volant de son véhicule après un passage par le quartier des Dix-Arpents, suite aux plaintes de plusieurs riverains excédés par le bruit des motos pétaradantes. Sur sa route, il croise deux adolescents juchés sur leur engin à l’arrêt. Il commence à sermonner le duo qui aussitôt se cabre et prend la fuite. Thibault Humbert, bien décidé à poursuivre la mise au point, lui emboîte le pas jusqu’aux Dix-Arpents.
Rejoint par son premier adjoint, les deux élus se retrouvent face à une vingtaine de jeunes. Une pluie de pierres et une bordée d’insultes s’abat sur le maire qui a quitté son véhicule pour tenter d’entamer le dialogue. Pare-brise et vitre passager fissurés, il regagne rapidement sa voiture et bat en retraite.
« J’ai été très surpris par la violence de jeunes âgés de 12 à 16 ans. Je viens tout seul, en jeans et en basket. Et je me fais traiter de tous les noms. Je suis effaré et révolté par cette montée de violence, je ne comprends pas. Je n’avais jamais été pris à partie, je ne venais pas les provoquer, mon but était d’entamer la discussion. Je me demande s’ils se sont rendu compte de ce qu’ils faisaient. C’est impensable qu’un élu de la République ne puisse s’adresser à des jeunes sans que cela ne dégénère. Cet événement inadmissible pose de nombreuses questions. Comment peut-on en arriver là ? Les parents des jeunes incriminés ne remplissent pas leur rôle. Les excuses sur le parcours ou la situation sociale de ces enfants ou de leur famille ne sont pas recevables ».
Que fait la police ?
Loin de désarmer, Thibault Humbert promet de muscler son jeu. Il va renforcer « les moyens et les actions de sa police municipale pour faire reculer clairement cette délinquance. Si certains pensaient me faire reculer sur le sujet de la tranquillité publique, ils se trompent ».
Pour dompter les rodéos à moto, le maire compte aussi beaucoup sur l’action de la police nationale. Samedi soir, l’élu se demandait ce qu’elle faisait. Thibault Humbert l’a appelée dès que l’histoire a tourné au vinaigre. Au troisième coup de fil, elle finira enfin par débarquer. Quarante minutes après. « Je suis consterné. Je ne peux accepter ce manque de réactivité. Cela aurait pu être plus grave. Les habitants, les Français, au sujet de la sécurité et de tranquillité publique ne perçoivent aucune amélioration d’année en année. Et pourtant, j’ai toujours soutenu la police ».
Dans sa guerre contre les rodéos à moto, le maire d’Éragny-sur-Oise refuse d’abdiquer. Il a déposé plainte. Et il attend désormais des pouvoirs publics une vraie riposte. « Je le dis : ça suffit, cette inertie. Il faut prendre des mesures, mettre les moyens nécessaires, rendre les sanctions immédiates ».
En juin, Thibault Humbert avait adressé un courrier au ministre de l’Intérieur pour l’exhorter à agir contre les rodéos à moto. On lui a répondu que des moyens seraient mis en place. Jusqu’ici, rien n’a vraiment changé.