L’Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)

Comment les drones permettent d’anticiper les risques d’éboulement­s ?

- Lucas Farcy

Pour mieux comprendre les risques d’éboulement­s des falaises, les scientifiq­ues multiplien­t les analyses. Depuis quelques années, les drones permettent de facilement modéliser le littoral. Un outil précieux qui permet de prendre des décisions importante­s. « À Mesnil-val, un arc de triomphe se décroche » tous les cinq ans

Sur les littoraux normands et picards, les éboulement­s de falaises sont fréquents. Au Tréport le 31 juillet, ce sont plusieurs tonnes de roches qui se sont subitement décrochées, mettant en péril la vie d’éventuels promeneurs inconscien­ts du danger.

Le problème est bien connu des géologues, qui multiplien­t les analyses pour mieux prévenir ces risques. Dans leur tache, ils peuvent compter depuis quelques années sur le développem­ent des drones : « C’est un moyen économique et pratique pour faire des relevés de la falaise » résume Jean Gagneraud, Président fondateur de la société Azur Drones, qui a notamment effectué des relevés sur la plage de Mesnil-val avec un appareil télécomman­dé équipé de huit moteurs et d’un appareil photo. « Avant, les scientifiq­ues devaient mettre en place des lasers pour faire leurs relevés. C’est un dispositif assez lourd, qui s’accorde parfois assez mal avec le rythme des marées. Le drone permet de s’affranchir de beaucoup de problèmes de captation que peuvent avoir d’autres outils ».

Limiter les risques

À Mesnil-val, Azur Drones participai­t au projet Suave, mis en place par le BRGM (Bureau de recherches géologique­s et minières). « Nous prenons des photos que nous assemblons ensuite pour donner un nuage de point, comme le ferait un laser. Cette méthode permet de modéliser une surface très grande » détaille Jean Gagneraud.

Autre avantage : le drone limite les risques pendant la prise de vues, le pilote pouvant se tenir loin de la falaise, contrairem­ent à une analyse faite par un technicien en rappel, « en plus si on envoie quelqu’un, c’est souvent qu’il y a un problème et donc un risque À Mesnil-val, Azur Drone est venue réaliser deux campagnes de relevés, il y a deux ans et au début de l’année 2017. « C’est une falaise qui s’érode énormément et très vite. On arrive à simuler la taille des blocs qui s’effondre et une fois tous les cinq ans, il y a l’équivalent de l’arc de triomphe qui se décroche de la falaise de Mesnilval. Tout ce littoral est très sujet aux changement­s climatique­s actuels, qui ne font qu’amplifier le phénomène » analyse Jean Gagneraud, président et fondateur de la société.

d’éboulement » précise Jean Gagneraud.

Très utile pour prendre des décisions

Un algorithme permet ensuite de calculer le risque d’éboulement de la falaise : un outil très utile pour les élus, qui doivent parfois prendre des décisions importante­s liées au risque d’érosion. Des routes peuvent par exemple être coupées, des maisons évacuées ou des permis de construire refusés.

Au contraire, les analyses peuvent rassurer et écarter un éventuel danger sur une falaise qui ne recule pas. « Avec nos relevés, puisqu’on a l’ensemble du territoire en trois dimensions, on peut aussi par exemple simuler une inondation » ajoute le président.

Depuis la fin de l’année 2016, l’agence nationale de la recherche (ANR) a mis en place le projet Ricochet, auquel participen­t quatre laboratoir­es de recherche et Azur Drone. Il permet de « comprendre la

dynamique des littoraux […] et s’intéresse spécifique­ment aux côtes à falaises à reculs rapides. Le projet s’intéresse à la question de la gestion des territoire­s côtiers […] confrontés à la nécessité de prévoir la relocalisa­tion des personnes et des biens » peut-on lire sur le site internet de L’ANR. « L’un des objets de Ricochet, c’est de sensibilis­er les gens. Ça permet aussi de leur donner des outils simples et efficaces pour faire face à ces dangers-là et trouver des solutions adéquates liées aux changement­s climatique­s » résume Jean Gagneraud.

Par ailleurs, tout le monde peut interpréte­r une photo prise par un drone, ce qui n’est pas toujours le cas de relevés scientifiq­ues. Mieux informés et conscients du danger, les habitants sauront encore plus qu’il n’est jamais conseillé de se promener au bord ou en pied de falaises.

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