L’Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)
« Nous ne pouvons pas vivre sans les contrats aidés »
De nombreuses associations abbevilloises emploient des personnes en contrat aidé. L’annonce de leur suppression, ou tout du moins la limitation de leur nombre dans un premier temps, a suscité une grande inquiétude quant au devenir de ces associations.
Chute de 40 % du budget. Le gouvernement veut réduire le nombre des contrats aidés d’ici la fin de l’année. « Il prévoit une enveloppe de 310 000 emplois aidés en 2017, contre 459 000 en 2016. Soit 149 000 contrats aidés en moins. Parallèlement, le gouvernement annonce une chute de 40 % du budget pour le deuxième semestre 2017, » s’inquiètent les responsables d’associations abbevilloises. Ils ont bien l’intention de faire partager leurs inquiétudes en participants à la manifestation prévue le 12 septembre.
Subvention déguisée par le Président
Lors de ses différentes interventions sur le sujet, le président de la République a avancé qu’il estimait que les emplois aidés, dont le nombre doit baisser, ont été trop souvent une « perversion de la politique de l’emploi », dénonçant leur caractère « clientéliste » qui « suit souvent le cycle électoral ». « C’est de la subvention déguisée vers les collectivités locales ou le secteur associatif », explique le chef de l’état, qui considère que « le taux de retour à l’emploi durable des personnes concernées est très faible ».
Un argument que réfutent les responsables d’associations locales. « Nous ne sommes pas d’accord. Les associations accompagnent les personnes en contrat et les aident à réaliser leur projet professionnel. Depuis 25 ans, tous ceux qui sont passés chez nous ont eu un diplôme, ou ont eu un poste, » insiste Christine Clercq, directrice de la ludothèque Prélude. « Je suis un pur produit des contrats aidés. On ne peut pas dire que le contrat aidé est voué à l’échec » ajoute Myriam le Neuder (voir encadré). « Dans les associations, on ne peut pas employer quelqu’un sans avoir de résultat. Nous sommes contrôlés avant le renouvellement des contrats aidés, » conclut Isabelle Allart, directrice de la crèche Les Pitchounes.
Passée la stupeur provoquée par l’annonce de la diminution du nombre des contrats, les associations s’interrogent sur leur devenir. Pour Prélude : « Des actions sont d’ores et déjà engagées. Qui va les mener ? Le bénévolat ne sera pas suffisant. D’ailleurs les bénévoles ne sont pas là pour remplacer les salariés. Les actions que l’on mène sont toutes professionnalisées. » Même avis pour Jean-pierre Clipet, président du conseil d’administration de la Maison pour Tous : « Tout le monde est perdant : les personnes concernées, les structures qui emploient, et le public adhérent. Les parents, les enfants… sont perdants car ils ne seront plus accueillis dans les mêmes conditions ou avec un effectif suffisant. » Maria Abid, conseillère en insertion pour l’association 2e chance abonde dans ce sens : « En ce qui nous concerne, sans les contrats aidés, il ne resterait que des encadrants. Et nous ne pouvons pas embaucher alors que notre activité s’accroît. » Myriam Le Neuder, responsable de cette même structure, se désole de ne pas pouvoir employer de personnel : « Embauche en CDI ce n’est pas possible pour nous. Nous avons déjà 23 000 € de charges sur salaires à régler chaque mois. »
Alors quelle solution pour les associations ? Tenter de faire valoir leurs arguments au travers de la manifestation du 12 septembre à Abbeville, et faire circuler une pétition qui devrait être disponible au sein de chaque association, en espérant être entendu à Paris, faute de quoi bien des choses vont changer (et pas en bien) au sein des associations.
Quel avenir pour les associations ?