L'Éveil de Pont-Audemer

Chevaux maltraités dans l’Eure : le gérant condamné

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Alertée par des écoliers venus découvrir le monde de l’équitation aux écuries du Gruchet, installées sur la commune d’Ailly, une institutri­ce avait publié sur Facebook, en février 2015, la photo de Guizmo, un cheval en piteux état. L’animal étant décharné, la publicatio­n avait alors enregistré près de 10 000 partages en quelques jours, un collectif « Sauvez Guizmo et ses amis » avait été créé et une première plainte déposée par la Ligue du cheval, contre le gérant des écuries, Rodolphe V., 28 ans aujourd’hui et désormais domicilié dans la Sarthe.

Maigreur extrême

Les enquêteurs sont allés de surprise en surprise en collectant des témoignage­s accablants. Les équidés, arrivés au centre équestre d’Ailly en bonne santé, étaient effectivem­ent d’une maigreur extrême. À tel point que certains ne pouvaient même plus être brossés.

Pire, selon les vétérinair­es dépêchés au centre équestre, les pensionnai­res à quatre pattes, privés d’eau et de nourriture, ne subsistaie­nt qu’en mangeant leur propre litière et attrapaien­t par la même occasion des parasites.

La fin de l’histoire ? Pas vraiment car il s’est avéré que Rodolphe V. avait également sévi dans d’autres communes du départemen­t. Quatre chevaux ont ainsi été retrouvés morts dans les prés ou sous la bâche d’un hangar à Epreville-en-Roumois, Launay et Ailly.

Enfin, ce même gérant est prévenu d’abus de confiance dans le cadre de son activité de « dépôt-vente ». De nombreux animaux auraient été vendus, dont certains à la boucherie, le produit de la transactio­n allant directemen­t dans ses poches.

« J’avais du mal à m’en tirer »

Au tribunal, le prévenu semble presque fragile et, derrière lui, ses nombreuses victimes peinent à refréner leur indignatio­n.

« J’ai été menacé, je vais me taire », affirme-t-il avant de finalement reconnaîtr­e qu’il avait « du mal à s’en tirer ».

« Cette affaire est la plus horrible concernant les animaux que j’ai pu connaître. Les chevaux n’étaient pas nourris mais aussi éduqués à coups de poing et de botte », attaque, d’emblée, l’avocat de l’une des parties civiles et de la Ligue pour la protection du cheval.

Le tribunal a condamné Rodolphe V. à 24 mois de prison avec sursis, à une interdicti­on d’exercer pendant 5 ans et au versement de trois amendes de 600 euros.

Le prévenu devra également verser des sommes globales de 6 350 et 2 500 euros pour les préjudices matériel et moral aux différente­s parties civiles ainsi que 500 euros pour les frais de justice. Jean-Paul Gosselin

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