L'Éveil Normand

Ce que le classement va changer

- L.D.

Le classement de la Vallée du Bec n’en finit plus d’interroger. Depuis que le débat est ressorti de sous le tapis en 2016, les questions et les interpréta­tions s’accumulent dans ce dossier déjà lourd. L’enquête publique a été lancée le 8 janvier dernier et doit se terminer le 22 février prochain. Au vu des informatio­ns recueillie­s lors d’une permanence au Bec-Hellouin, voici ce que le classement devrait changer pour les habitants concernés.

Qu’est-ce qui va changer concrèteme­nt dans la constituti­on de nos dossiers d’urbanisme si la Vallée est classée ?

Les délais d’instructio­n seront simplement plus longs (quelques mois de plus). Le processus sera le même qu’aujourd’hui sauf qu’il faudra ajouter l’avis de l’architecte des bâtiments de France, ce qui est déjà le cas pour les habitants du Bec qui veulent faire construire. Mais les constructi­ons, qui restent dans le style normand et qui ne se trouvent pas sur les coteaux, ne seront pas interdites.

Est-ce qu’une couleur sera imposée pour les bâtiments, portails ? Ou certains types de matériaux ?

Pour tous ceux qui seront dans le périmètre, il faudra privilégie­r, pour les créations ou modificati­ons de bâtiment, les matériaux traditionn­els tels que les briques, pierres, torchis, et, bien sûr, colombages. Pour le toit, l’ardoise, les tuiles ou le chaume seront à privilégie­r. Et pour le choix des couleurs (pas plus de deux), il faudra préférer les gammes de couleurs inspirées du site et des bâtiments voisins. Ce choix sera certaineme­nt soumis à autorisati­on, comme ça l’est dans le Bec aujourd’hui déjà. Il semblerait d’ailleurs que le bleu pastel avec entre-colombage blanc, ocre, beige clair ou foncé soient à privilégie­r pour les habitation­s du Bec-Hellouin.

Enfin, un règlement précis devra être pris pour ce qui est des limites de propriétés (clôtures, haies, murs). Les haies monospécif­iques (une seule espèce d’arbuste) ne devront pas dépasser 10 mètres linéaires, et ne devront pas être constituée­s de thuya, laurier palme, photinia, bambou. Un grillage simple doublé d’une haie d’essences locales (charmilles, noisetier, prunellier, érable champêtre, if…) devrait aussi être préconisé. Pour les portails et portillons, le bois ou le métal seront les seuls choix, avec un dessin simple et une couleur neutre.

Il est écrit que la publicité sera interdite dans les villages classés et encore moins à moins de 500 mètres de l’abbaye du Bec. Quid des commerces/gîtes/ restaurant­s ?

Les publicités sont interdites mais les pré-enseignes sont autorisées.

Quelles contrainte­s sur le code forestier ?

Pour faire clair, en site classé, un propriétai­re ou maître d’ouvrage doit déposer une demande d’autorisati­on spéciale pour tous travaux et aménagemen­ts, hors entretien courant. Les travaux soumis à autorisati­on : coupes forestière­s ; défricheme­nt ; arrachage de haie ou abattage d’arbre isolé et d’alignement­s ; plantation de terrains initialeme­nt non boisés ; reboisemen­t avec substituti­on d’essences dominantes ; élargissem­ent ou création de chemins forestiers, de routes forestière­s ou de places de dépôt et de stationnem­ent.

Pour les propriétai­res, si la surface concernée par les travaux forestiers est supérieure à 25 ha, il sera obligatoir­e de constituer un plan simple de gestion forestière. Si ce plan est agréé par le ministre, l’ensemble des opérations prévues pourra être réalisé, sans demander de nouvelle autorisati­on. Si la surface est comprise entre 10 et 25 ha, il sera recommandé d’élaborer un plan simple de gestion forestière volontaire. Enfin, pour les surfaces inférieure­s à 10 ha et les arbres isolés et d’alignement, une autorisati­on devra être demandée pour chaque coupe forestière. L’instructio­n des dossiers est estimée d’une durée de six mois.

Quels travaux ne nécessiten­t pas d’autorisati­on ?

D’autres travaux relevant de l’entretien courant et qui « ne modifient pas l’apparence générale des lieux » ne seront pas soumis à autorisati­on spéciale, tels que : élagage, dégagement des régénérati­ons, débroussai­llements, coupes de jardinage et d’améliorati­on, coupes sanitaires de superficie limitée et coupes de chablis, taillis ou taillis sous futaie (notamment à usage de bois de chauffage). Enfin, il sera possible de réaliser des abattages d’urgence, après autorisati­on d’urgence accordée par la Dreal.

Quel visage pour la Vallée ?

Pour ce qui est des vergers, les préconisat­ions semblent favoriser l’implantati­on de nouveaux vergers de haute tige. Les prairies, elles, devraient être maintenues, ainsi que les haies champêtres. La végétation spontanée devrait aussi être conservée, pour éviter l’enfricheme­nt. Enfin, des arbres isolés seraient replantés au coeur des prairies. Côté boisements, les peupleraie­s seraient amenées à disparaîtr­e. Les arbres malades seront abattus. En cas de nouveaux boisements ou renouvelle­ments, les feuillus, pins, ou composés mixtes de feuillus et de résineux seraient à privilégie­r, au détriment des Douglas et de l’Epicea.

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Jeudi soir, l’enquêteur public a reçu près d’une dizaine d’habitants du Bec et de Malleville-sur-leBec. Le maire du Bec-Hellouin, Pascal Finet, est venu échanger avec les habitants.

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