Des zones prioritaires pour l’accueil de médecins
Enfin une solution pour lutter contre la désertification médicale ? C’est tout ce qu’espèrent les élus du territoire de l’Intercom Bernay, terres de Normandie. Pour tenter de remédier à ce problème qui touche en grande partie la Normandie, l’Agence régionale de santé (ARS) a travaillé, en 2017, avec l’Union régionale des médecins libéraux (URML), à établir des zones prioritaires pour l’installation des futurs médecins généralistes. « Le zonage a été défini en prenant en compte différents critères, tels que les besoins de soins exprimés par les populations, notamment vieillissantes ; l’accessibilité géographique et le délai d’attente de rendez-vous ; le volume d’activité des médecins et les départs prévisibles à la retraite », explique l’ARS.
En ex-Haute-Normandie, les villes et villages tels que Bernay, Brionne, Mesnil-en-Ouche, ou encore Thiberville ont été classés parmi les priorités.
Des aides pour faire venir les médecins
Un zonage répertoriant les secteurs en forte demande, c’est bien. Mais inciter les médecins à venir s’y implanter, c’est encore mieux. « Ce zonage donne lieu à l’attribution d’aides financières graduées [dédiées aux médecins] », peuton lire sur le communiqué de l’ARS. Quelles aides ? Les aides « conventionnelles de l’Assurance maladie », réparties sous quatre nouveaux contrats, qui ont pour objectif : « l’aide à l’installation, l’accompagnement à la reprise de cabinets par de nouveaux médecins, la valorisation de la solidarité territoriale entre médecins et enfin la valorisation de la prise en charge coordonnée des patients », met en avant l’ARS. Bien sûr, pour déclencher ces aides - cumulables -, les médecins arrivant devront remplir un certain nombre de critères, tels que s’installer « en zone éligible », ou encore s’engager sur une durée précise.
« Ce zonage ne change rien »
Pour ceux qui aimeraient monter un projet, l’ARS conseille le pôle de santé libéral ambulatoire (PSLA) ou la maison de santé pluridisciplinaire (MSP). Projets dont l’étude peut être, elle aussi, sujette à des aides financières, « au titre d’un fonds commun ARS/Région/URML ».
Mais pour Jean-Noël Montier, tout est loin d’être aussi rose. « Ce zonage ne change rien ». Sur sa commune nouvelle, le projet de maison de santé pluridisciplinaire n’a pu voir le jour : « Il nous aurait fallu que deux médecins volontaires soient porteurs du projet pour que ça se fasse. Mais on a déjà du mal a en faire venir un », critique-t-il. Alors, les élus ont monté deux pôles médicaux, à La Barre et Beaumesnil. « On trouve des solutions qui ne sont pas subventionnables alors que les maisons pluridisciplinaires le sont, mais ne trouvent pas de médecins. On marche sur la tête ».
Et les médecins, qu’en disent-ils ?
Vincent Gleye est le dernier médecin présent à La Barre-enOuche. Pour lui, la question de la désertification médicale doit être traitée à un plus haut niveau. Il résume la pensée des professionnels interrogés : « La question n’est pas aujourd’hui de faire venir des médecins. La question essentielle à traiter est l’attractivité de nos territoires. On a des atouts, ici : on est proches de Paris, on a l’autoroute… mais on n’a pas su prendre le virage, saisir les occasions de se développer. Et puis, il y a aussi la question de l’emploi. Il faut en recréer pour relancer la dynamique ».
Ce mercredi 14 février, la question se posera, à nouveau, à l’Assemblée nationale. Un débat que le sénateur eurois, Hervé Maurey, ne manquera sûrement pas, lui qui prône le conventionnement sélectif et encourage le développement de la télémédecine.