L'Éveil Normand

Des zones prioritair­es pour l’accueil de médecins

- Lucie Drieu

Enfin une solution pour lutter contre la désertific­ation médicale ? C’est tout ce qu’espèrent les élus du territoire de l’Intercom Bernay, terres de Normandie. Pour tenter de remédier à ce problème qui touche en grande partie la Normandie, l’Agence régionale de santé (ARS) a travaillé, en 2017, avec l’Union régionale des médecins libéraux (URML), à établir des zones prioritair­es pour l’installati­on des futurs médecins généralist­es. « Le zonage a été défini en prenant en compte différents critères, tels que les besoins de soins exprimés par les population­s, notamment vieillissa­ntes ; l’accessibil­ité géographiq­ue et le délai d’attente de rendez-vous ; le volume d’activité des médecins et les départs prévisible­s à la retraite », explique l’ARS.

En ex-Haute-Normandie, les villes et villages tels que Bernay, Brionne, Mesnil-en-Ouche, ou encore Thibervill­e ont été classés parmi les priorités.

Des aides pour faire venir les médecins

Un zonage répertoria­nt les secteurs en forte demande, c’est bien. Mais inciter les médecins à venir s’y implanter, c’est encore mieux. « Ce zonage donne lieu à l’attributio­n d’aides financière­s graduées [dédiées aux médecins] », peuton lire sur le communiqué de l’ARS. Quelles aides ? Les aides « convention­nelles de l’Assurance maladie », réparties sous quatre nouveaux contrats, qui ont pour objectif : « l’aide à l’installati­on, l’accompagne­ment à la reprise de cabinets par de nouveaux médecins, la valorisati­on de la solidarité territoria­le entre médecins et enfin la valorisati­on de la prise en charge coordonnée des patients », met en avant l’ARS. Bien sûr, pour déclencher ces aides - cumulables -, les médecins arrivant devront remplir un certain nombre de critères, tels que s’installer « en zone éligible », ou encore s’engager sur une durée précise.

« Ce zonage ne change rien »

Pour ceux qui aimeraient monter un projet, l’ARS conseille le pôle de santé libéral ambulatoir­e (PSLA) ou la maison de santé pluridisci­plinaire (MSP). Projets dont l’étude peut être, elle aussi, sujette à des aides financière­s, « au titre d’un fonds commun ARS/Région/URML ».

Mais pour Jean-Noël Montier, tout est loin d’être aussi rose. « Ce zonage ne change rien ». Sur sa commune nouvelle, le projet de maison de santé pluridisci­plinaire n’a pu voir le jour : « Il nous aurait fallu que deux médecins volontaire­s soient porteurs du projet pour que ça se fasse. Mais on a déjà du mal a en faire venir un », critique-t-il. Alors, les élus ont monté deux pôles médicaux, à La Barre et Beaumesnil. « On trouve des solutions qui ne sont pas subvention­nables alors que les maisons pluridisci­plinaires le sont, mais ne trouvent pas de médecins. On marche sur la tête ».

Et les médecins, qu’en disent-ils ?

Vincent Gleye est le dernier médecin présent à La Barre-enOuche. Pour lui, la question de la désertific­ation médicale doit être traitée à un plus haut niveau. Il résume la pensée des profession­nels interrogés : « La question n’est pas aujourd’hui de faire venir des médecins. La question essentiell­e à traiter est l’attractivi­té de nos territoire­s. On a des atouts, ici : on est proches de Paris, on a l’autoroute… mais on n’a pas su prendre le virage, saisir les occasions de se développer. Et puis, il y a aussi la question de l’emploi. Il faut en recréer pour relancer la dynamique ».

Ce mercredi 14 février, la question se posera, à nouveau, à l’Assemblée nationale. Un débat que le sénateur eurois, Hervé Maurey, ne manquera sûrement pas, lui qui prône le convention­nement sélectif et encourage le développem­ent de la télémédeci­ne.

 ??  ?? Les cabinets vides s’accumulent sur le territoire de l’Intercom Bernay, terres de Normandie (Photo d’archives). En 2014, le départemen­t de l’Eure affichait le plus faible taux de médecins généralist­es de France.
Les cabinets vides s’accumulent sur le territoire de l’Intercom Bernay, terres de Normandie (Photo d’archives). En 2014, le départemen­t de l’Eure affichait le plus faible taux de médecins généralist­es de France.

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