L’acteur-réalisateur Samuel Jouy CINÉMA. gagne le coeur du public bernayen
Chaud comme en entrant sur un ring de boxe, l’acteur-réalisateur originaire de Bernay, Samuel Jouy, a bouclé la promotion de son premier long-métrage (Sparring) à la maison, au cinéma Le Rex. Il était présent à la projection de lundi soir, et a répondu du tac au tac avec les spectateurs présents. Il n’a pas eu besoin d’esquiver les coups : le public bernayen, séduit par le film, lui a jeté des fleurs plutôt que des directs du droit.
Qu’on aime la boxe ou pas, là n’est pas le problème. Le premier long-métrage, en tant que réalisateur, de Samuel Jouy, frappe les esprits. Les critiques des médias nationaux, en général, ont plutôt été bonnes quand elles n’ont pas littéralement encensé le film. Mathieu Kassovitz y tient le premier rôle. Le papa de toute une génération de cinéastes - et qui a enfanté La Haine - vous tient en haleine tout le long du film.
Normandie, quand tu nous tiens…
Les scènes sont tournées entre Le Havre et la Côte Fleurie. Pour des Normands, ça compte. « Je n’ai pas voulu sur-vendre la misère du Havre, comme c’est trop souvent le cas d’équipes de tournage parisiennes. Je suis Normand. J’aime ma Normandie. » Voilà qui est dit, dans un style direct, punchy comme l’est Sparring, un film sur la boxe qui parle d’une famille mononucléaire simple, et inversement.
La chanteuse de The DØ campe la compagne d’un boxeur (Kassovitz) au palmarès impressionnant… de défaites. Un mec comme il en existe tant dans la boxe, ce que nous raconte Samuel Jouy à travers son film, poignant. Une jeune ado (Billie Blain) crève l’écran. Parce qu’elle a « l’truc », pour paraphraser une réplique forte du long-métrage. « J’avais retenu trois jeunes filles sur à peu près deux cents filles castées. Billie m’a été présentée à la fin, et c’était évident. Autant pour moi que pour toutes les personnes autour du film. Je vous prédis qu’on va la revoir encore pendant pas mal d’années », a lâché Samuel, répondant à une question du public du cinéma Le Rex sur le casting bien senti.
Coups véritablement portés
Avoir Mathieu Kassovitz avec soi, c’est pas mal. Mais ça ne fait pas tout. Le scénario de Sparring est bon ; le jeu des acteurs - et non acteurs - le sublime. « J’ai absolument tenu à faire jouer mes potes. » Non sans accrochages avec la production, dira Samuel. « Il me fallait un acteur qui connaissait la boxe. A la fin, Mathieu [Kassovitz] a vraiment un cocard. Il n’a pas besoin de maquillage. J’avais pourtant demandé à faire gaffe. Mais dans ce film, tous les boxeurs sont de vrais boxeurs. Et les coups sont vraiment portés dans les scènes de ring », dévoile le réalisateur, lui-même amateur de boxe en mode « loisir ». Ceci explique sûrement la justesse du film, sa finesse aussi. Les prises de vues sont super-réalistes. Il n’y a pas de temps mort. Et pourtant, ça ne raconte pas la vie romancée d’un champion du Noble art. Bien au contraire. Le film met en lumière la carrière des « sparring-partners » sans qui il n’y aurait pas de champions de boxe. Tous ces mecs qui prennent des coups dans la tronche sans broncher, ramassant un maigre cachet avant d’aller se coucher.
Au final, ce film à petit budget fait mouche - une scène du film parle de la vision allégorique d’une mouche sur notre monde. Il est vrai, frais, nature et à l’image de Samuel Jouy, jeune quarantenaire qui danse sa vie comme sur un ring de boxe. Il y a tout : on passe du rire à la p’tite larme, quand la gorge se noue parce qu’on a tous vécu à un certain degré ce que raconte ce film, pas tant sur la boxe que sur la vie et ses coups durs mais ça compte quand même. Et c’est ça, la magie du cinéma. Merci Samuel, murmurait le public bernayen séduit par cette story de la vie de tous les jours. Tu repasses quand tu veux, avec un nouveau long-métrage, tant qu’à faire… ■ Insolite, mais pas tant que ça : Alain Dorval (Bernayen d’adoption), la voix française de Rocky Balboa, était dans la salle, lui qui, pourtant, avoue qu’il n’est pas fan de la boxe en tant que sport. Mais, entre deux taffes de cigarette, à la sortie du cinéma Le Rex, échangeant quelques mots avec le projectionniste Bastien, luimême aux anges, il saluait, en cinéphile averti, le travail du réalisateur bernayen.