Le Domaine de la Voie verte met la clef sous la porte
Le restaurant de Saint-Quentin connu, pour son ambiance détendue, ferme ses portes le 5 mars prochain.
Sa terrine de ragondin était renommée dans toute la Normandie, cet amuse-bouche a piqué la curiosité de bien des visiteurs, « il y a des gens qui ne venaient que pour cela ! », se remémore Jérôme Duval, chef cuisinier du Domaine de la voie verte. Hélas, le 5 mars prochain, ce dernier cessera son activité. Fini, les petits plats originaux ! Clap de fin pour cette enseigne établie en 2013 dans l’ancienne gare ferroviaire de la ligne BernaySainte-Gauburge.
« Une fois, on a retrouvé les chèvres qui se faisaient cajoler par les clients »
L’ambiance était à la détente
Dans son genre, le restaurant de Saint-Quentindes-Isles était à part. Des locaux en bois, un cadre verdoyant, des biquettes… L’ambiance était à la détente. « Une fois, les chèvres n’en ont fait qu’à leur tête ! », se souvient Jérôme, « On les a retrouvées détachées qui se faisaient cajoler par les clients, j’ai eu bien du mal à les rattraper… Ce sont de bons souvenirs ! »
Le Domaine proposait également une partie hébergement. Qui n’a pas remarqué les deux fameux tipis visibles depuis la D33 ? Dommage pour les aventuriers en quête de far West. De même, c’en est fini du wagon, cette ancienne remorque de camion frigorifique, réaménagée pour quatre couchages.
« Le budget loisir était toujours là mais la fréquence a chuté. »
En 2016, année du décrochage
« Les gens sont stupéfaits ! », raconte le patron. Le Domaine de la voie verte était devenu un incontournable de la vallée. Pourtant tout avait bien commencé. « Le chiffre d’affaires de 2013 était bien, celui de 2014 bon et 2015, très bon. » Mais patatras ! En 2016 les recettes chutent. Est-ce la crise économique ? Les attentats ? Sans doute un peu des deux. Bon nombre de restaurateurs ont décrit cette déprime chez les clients. « Le budget loisir était toujours là mais la fréquence a chuté. Pourquoi ? On ne sait pas exactement, mais on a senti que quelque chose se passait », confie Jérôme. « Pourtant, la clientèle était toujours très contente. » Après cette date, l’activité du restaurateur a fluctué.
« Je préfère être raisonnable, cesser l’activité avant que le bateau ne coule. »
« Une sensation d’inachevé »
À l’heure du bilan, le chef positive. « Je me suis pas mal éclaté pendant ces quatre ans et demi ! », lâche-t-il, « C’étaient des moments merveilleux, de franches rigolades ! Je n’ai pas d’amertume, j’ai une sensation d’inachevé par rapport à ce que j’imaginais ». Pour le chef, il n’était pas judicieux de poursuivre une aventure qui aurait pu peser sur ses finances. « Je pense qu’il ne faut pas être obstiné. Je préfère être raisonnable, cesser l’activité avant que le bateau ne coule. »
Si le restaurant ferme, les locaux restent. Y aurat-il une seconde vie pour le domaine ? « Possible ! », élude Jérôme. C’est tout le mal que l’on souhaite à la vallée de Broglie.