Brionne, terre d’apprentissage
« Boismard possède la seule unité du sud de l’Eure »
Ils viennent du Pakistan, de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, de Libye ou encore du Maroc. Leur point commun ? Le lycée Boismard. Tous les mercredis, une quinzaine de jeunes allophones vient y suivre six heures de cours de Français langue seconde.
Real Madrid ou Paris-SaintGermain ? Mercredi dernier, en ce 14 février, il n’était pas question de la Saint-Valentin au lycée Boismard, mais plutôt de football. Dans une petite salle, au fond de l’atelier, onze élèves planchaient sur ce sujet, ô combien sérieux. Pourquoi ? « Parce que le sport, comme la culture, est un sujet fédérateur ».
Des sujets fédérateurs sur lesquels il est plus facile de faire travailler les élèves. Ceux de cette classe particulière, âgés de 11 à 16 ans et originaires du Burkina Faso, de Libye ou encore du Pakistan, sont ici pour apprendre le français, mais aussi notre culture, notre mode de vie et nos valeurs. En clair, ils viennent chercher ici les clés de l’intégration, scolaire et sociale.
Des parcours plus ou moins chaotiques
Ces jeunes sont arrivés en France il y a plusieurs mois. Chacun a, dans ses valises, son parcours, plus ou moins chaotique, plus ou moins douloureux. Tous ou presque sont soutenus par des familles d’accueil et suivent une scolarité normale, dans les établissements scolaires eurois (Brionne, Broglie, La Barre-en-Ouche, Bernay, ou encore Pont-Audemer et Bourgtheroulde). Chaque mercredi, ils viennent, en bus, au lycée Boismard, pour leurs six heures de Français langue seconde (FLS). « Dans le FLS, il y a une dimension sociale, civique, laïque. Il n’y a pas que de l’apprentissage de la langue », explique Sébastien Thibault, leur enseignant, fort d’une thèse sur le droit d’asile en France.
Ce dispositif n’est pas nouveau au lycée brionnais. En novembre 2014, l’équipe, qui venait de voir arriver Frédéric Delamare, avait déjà planché sur le sujet. « Avec plusieurs membres de l’équipe, on partageait la même sensibilité pour ce projet. Alors, comme on avait les compétences en interne pour former ces jeunes et qu’on avait déjà eu des contacts avec plusieurs familles d’accueil demandeuses, on s’est lancés », se souvient le proviseur. « On s’est rapproché du Centre académique pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés (Casnav), et on nous a conseillé de monter une unité pédagogique (une classe) pour ces élèves, nommée UPE2A », se souvient le proviseur. « Les premières années, il fallait le temps que ça se mette en place. Mais depuis la rentrée 2016, c’est officiel. Et Boismard possède la seule unité UPE2A du sud de l’Eure », souligne-t-il, fièrement. Seule une autre section fonctionne à Evreux.
Un deuxième créneau va ouvrir en mars
Victime de son succès, le lycée va, d’ici début mars, proposer un deuxième créneau, les vendredis, pour ces élèves ou d’autres demandeurs. « On va passer à 12 h par semaine d’ici le début mars. Un autre enseignant de l’établissement va venir rejoindre les rangs », se félicite Frédéric Delamare.
Et les élèves ?
Et les premiers concernés, les élèves, qu’en pensent-ils ? « C’est bien d’apprendre une nouvelle langue », sourit un jeune brésilien. « Quand je suis arrivé ici, il y a 18 mois, je ne savais même pas compter en français. Aujourd’hui, je me débrouille. Et peut-être qu’un jour, je parlerai comme un français », parie un lycéen.
En juin, ces élèves passeront un examen, validant ainsi leur diplôme d’études en langue française. Espérons donc les retrouver pour la traditionnelle photo de fin d’année…