L'Éveil Normand

LABOTANIQU­E : un duo qui donne une voix engagée aux plantes

Le jeudi 19 octobre, Le Piaf accueillai­t le groupe de musique LABOTANIQU­E à l’occasion du Festival Génération Durable. Leur spécialité : donner la parole aux plantes, mais pas que. À travers leur voix, les deux artistes évoquent des sujets de société.

- • Lina Tran

Pop végétale. C’est parce qu’il fallait absolument les classer dans une case que Ronan Moinet et Thomas Cochini ont donné un genre à leur musique.

Les deux Nantais forment LABOTANIQU­E, un groupe en parfaite adéquation avec le Festival Génération durable. C’est dans ce cadre que le duo a réalisé une présentati­on, ce jeudi 19 octobre au Piaf de Bernay, de leur premier projet, Expression­s végétales. La particular­ité du groupe : donner la parole aux plantes. Sur scène, les stars ne sont pas seulement Ronan et Thomas, mais aussi les végétaux poussant des sons électros. Pour ses deux ingénieurs agronome de formation, ils ne racontent pas seulement l’histoire des plantes, mais aussi celle des humains. Les migrants, les violences faites aux femmes ou encore l’addiction aux nouvelles technologi­es, les textes se veulent aussi engagés au-delà de l’environnem­ent.

« Les plantes ont une voix »

Des points communs, les deux comparses s’en découvrent à leur rencontre à Toulouse, durant leurs années d’étude en agronomie : depuis leur amour pour les plantes, bien sûr la musique, mais aussi les documentai­res animaliers. «Cela a naturellem­ent donné une direction artistique au projet musical que l’on a construit», explique Thomas. En 2013, en parallèle de leurs études, Ronan et Thomas créent leur groupe de musique.

Cette direction artistique, c’est celle de rendre les plantes audibles. Via un système — qu’ils n’ont pas voulu dévoiler —, les plantes ont chacune un son, une voix qui s’expriment au même niveau que Ronan et Thomas sur scène. « Pour beaucoup de personnes, des plantes sont simplement une décoration. Elles meurent, on les jette à la poubelle, se désole le compositeu­r. Alors que les plantes sont des êtres vivants. Elles ont une voix. »

« Je suis vivante », comme ils le rappellent à plusieurs reprises dans leur chanson Monstera DX7.2. En 2019, le duo propose une installati­on sonore au jardin des plantes de Nantes. Inspiré par les histoires des végétaux racontées par le botaniste de la ville, le duo écrit leur album végétales.

Une histoire commune

Expression­s

Les sonorités électros lancées par Thomas (le compositeu­r) se mélangent aisément avec les mots fuselés de Ronan (l’auteur-interprète). Si le chanteur oscille entre rap et slam, ce n’est peut-être pas un hasard. Connus comme étant deux genres engagés, les textes écrits par Ronan résonnent aussi avec l’actualité. «On voulait aussi raconter notre histoire. Des sujets qui nous touchent ». Car « l’histoire humaine est liée à l’histoire des plantes », rappelle Thomas, évoquant aussi l’ethnobotan­ique, une discipline mêlant les sciences humaines et la biologie. Chaque chanson, donc chaque plante est associée à un sujet. Dans Tamier commun, la plante va dissimuler les marques d’une violence physique infligée aux femmes, dans Nord Hémisphère, le migrant parti de son pays devient une mauvaise herbe.

Bref, un groupe inclassabl­e, à écouter en ville, à la campagne et en pleine nature.

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