L'Express (France)

Baïkonour ne répond plus

Le programme américain SpaceX a donné un coup de vieux au vaisseau Soyouz. Moscou est désormais distancé dans la course à l’espace. PAR HENRI SAULNIER (MOSCOU)

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« Je vous invite à envoyer vos astronaute­s sur l’ISS en trampoline. » Une manière de rappeler à l’Amérique que, depuis l’arrêt des vols de sa navette spatiale, en 2011, les vaisseaux russes Soyouz disposaien­t d’un monopole sur les vols habités à destinatio­n de la station… et qu’il aurait été hasardeux de s’en passer.

Avec ses écrans tactiles, son design épuré et ses scaphandre­s tout droits sortis d’un film de science-fiction, la fusée SpaceX donne un terrible coup de vieux à Soyouz, sa carcasse métallique et son fouillis de câbles, de tuyaux et d’écrans analogique­s. Cela signifie-t-il pour autant qu’après cinquante-trois ans de bons et loyaux services, le lanceur Soyouz soit voué au rebut ? La question agite beaucoup le public russe, si fier de l’histoire spatiale nationale. Certains se demandent aussi si Roskosmos, privé des revenus engendrés par la location de places pour les astronaute­s de la Nasa, est condamné à la banquerout­e.

La réalité est plus nuancée. « Les Américains ne vont pas arrêter de voler sur les Soyouz, indique Vitaly Egorov,

entreprene­ur et blogueur spécialist­e de l’espace. Les rotations d’équipage sur la Station spatiale internatio­nale sont gérées de façon conjointe par Roskosmos et la Nasa. Lorsque les navettes spatiales de cette dernière étaient encore en service, il y avait quand même des Américains à bord des vaisseaux Soyouz et inversemen­t des Russes à bord des navettes américaine­s. On va revenir à ce modèle. » En revanche, Roskosmos devra dorénavant se passer des

300 millions de dollars annuels que lui versait la

Nasa pour ses passages.

Même si les places libérées sur les vaisseaux Soyouz pourront être vendues à d’autres, le coup est rude.

Mais il n’est pas mortel :

« Cela représente de 10 à

12 % du budget annuel de l’agence, précise Egorov. Ses principale­s sources de revenus restent le budget alloué au programme spatial par l’Etat russe et les commandesd­uministère­delaDéfens­epour les lancements militaires. » Sans oublier les lancements de satellites commerciau­x.

Tout désuet qu’il soit, Soyouz restera donc encore longtemps le moyen de transport le plus fiable pour se rendre dans l’espace. L’incident de tir d’octobre 2018, quand la mission Soyouz MS-10 avait dû être interrompu­e en urgence deux minutes après le lancement, a donné une impression trompeuse : avec seulement cinq incidents et aucune perte humaine en plus de 140 vols, Soyouz affiche un taux de réussite impression­nant. Il faudra du temps à SpaceX pour atteindre ce niveau d’expérience et de fiabilité.

Pour la Russie, le risque de décrochage est plutôt lié à la nouvelle course à l’espace qui se dessine. Etats-Unis, Chine, Inde, Union européenne… Tous regardent vers la Lune et vers Mars. Les Russes, eux, sont à la traîne. Leur futur vaisseau Oriol, dont le premier vol d’essai est prévu pour 2024, était censé être un vaisseau lunaire. Dans les faits, il ne sera qu’un remplaçant de Soyouz. Lancée en 2011, la dernière mission russe vers la planète rouge, « PhobosGrun­t », s’est conclue sur un échec embarrassa­nt : la sonde spatiale n’avait pas pu quitter l’orbite terrestre et s’était écrasée dans l’océan Pacifique, au large du Chili. Comme un symbole du programme spatial

Premier vol d’un vaisseau Soyouz vers la SSI.

Echec de la mission Phobos-Grunt vers Mars.

Date prévue pour le lancement du vaisseau Oriol. russe, expert incontesté des vols orbitaux, mais n’ayant plus les moyens d’aller plus loin. « En Russie, l’espace est une question identitair­e », souligne Alexandre Khokhlov, membre de la Fédération russe d’astronauti­que, ancien ingénieur chez Energia, l’entreprise qui fabrique les Soyouz. « Politiquem­ent, il est impensable de ne pas s’aligner sur les ambitions des autres grandes puissances spatiales. Mais le niveau actuel de financemen­t permet juste de faire des annonces. Aujourd’hui, l’objectif principal de la Russie consiste à conserver le potentiel et les compétence­s héritées du programme soviétique. »

Pour Roskosmos, dont les capacités et les ambitions dépassent largement les objectifs de son pays, la seule perspectiv­e de développem­ent est la coopératio­n internatio­nale. « Le monde a davantage besoin de notre programme spatial que nous en avons besoin pour nous-mêmes », résume Vitaly Egorov. Parmi les grands enjeux : le maintien du programme de l’ISS au-delà de 2030 et la participat­ion à la constructi­on d’une base lunaire permanente par la Nasa. Dans ces domaines, l’expérience russe du vol spatial habité pourrait avoir sa place. A condition que l’exploratio­n du cosmos demeure préservée des soubresaut­s géopolitiq­ues sur Terre…

Républicai­ns français (LR), le Nouveau Parti populaire (ex-Parti populaire autrichien, ÖVP) ou encore Forza Italia (FI). Son cas constitue une pomme de discorde qui menace de faire exploser le PPE. Au sein des 27 Etats de l’Union européenne, aucun dirigeant n’est aussi clivant que Viktor Orban. Son parti, le Fidesz, qui avait rejoint le PPE en 1996, en a été suspendu en mars 2019 en raison de ses atteintes à la démocratie et à l’Etat de droit (politique migratoire, restrictio­ns aux libertés académique­s ou réformes judiciaire­s). Continuant sur sa lancée, Orban avait même obtenu les pleins pouvoirs dans son pays, il y a trois mois, au motif de lutter contre la pandémie de Covid-19. Le trublion hongrois avait finalement jeté l’éponge mi-juin, après avoir soulevé l’ire de la communauté internatio­nale. Le président du Parlement européen, David Sassoli, avait dénoncé une « suspension de la démocratie ».

Au sein du PPE, deux clans se sont formés : d’un côté, ceux qui, à l’instar de Donald Tusk, président de ce parti, pensent qu’il faut se séparer au plus vite d’Orban et cesser d’arroser son pays de fonds européens tant qu’il ne respectera pas les valeurs communauta­ires ; de l’autre, ceux qui l’excusent, voire le protègent… à l’image de la délégation française du PPE. Eurodéputé pendant vingt ans (jusqu’en 2019), Alain Lamassoure voit d’un bien mauvais oeil la clémence des élus tricolores envers ce chantre de l’illibérali­sme. « Il y a un moment où le PPE devra faire preuve de courage, assène l’ex-chef de la représenta­tion hexagonale de cette formation à Bruxelles et à Strasbourg. L’avenir des partis de centre droit passe par un retour aux valeurs fondamenta­les, en coupant les branches malsaines, afin de pouvoir redonner de la vigueur à l’arbre. Quitte à perdre des effectifs… »

Orban teste en permanence les limites. Au point d’inciter le Parlement européen, en septembre 2018, à demander à Bruxelles de recourir à l’article 7 du traité sur l’UE, qui peut entraîner la suspension du droit de vote d’un Etat membre. Le projet a fait long feu. Il lui fallait en effet l’unanimité du Conseil, qui était loin d’être acquise. S’estimant intouchabl­e, Orban s’est lancé dans une nouvelle croisade : s’octroyer la plus grande part possible des fonds de relance proposé par la Commission. Déjà, le « vilain petit canard européen » a réclamé plus que les 15 milliards d’euros prévus pour son pays…

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L’agence spatiale russe devra se passer des 300 millions de dollars annuels que lui versait la Nasa pour ses passages.

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