L'Express (France)

Des mots et des goûts

Ils les adorent ou les détestent. Amélie Nothomb, Philippe Delerm, Pierre Perret, Mathias Malzieu et Jean-Marie Gourio, cinq amoureux de la langue, évoquent ce que leur inspirent quelques-uns des nouveaux entrants au Larousse et au Robert.

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« Je viens de l’utiliser dans une chanson qui s’appelle Les Confinis [plus de 1 million de vues sur YouTube en une semaine], un mot-valise que j’ai créé et que je vous propose d’adopter dans une édition future. Et

« Une expression belge, ça dit bien ce que ça veut dire [vivre dans l’aisance] ; j’aime beaucoup aussi la locution suisse [agréableme­nt surpris], et l’expression canadienne

[lui faire plaisir]. » Déteste : « Ce mode de vie barbare qui permettrai­t de prendre sa retraite à 35 ans ; les bras m’en tombent comme ceux de la J’aurais tout vécu dans ma vie, mais prendre sa retraite à 35 ans, j’avoue que j’ai grimpé aux rideaux quand j’ai lu ça ! » Et « Je les déteste. Ils sont l’illustrati­on parfaite de la “conneritud­e” d’aujourd’hui, un mot que je suggère généreusem­ent pour les prochaines éditions. » Applaudit : « J’adore ce Brésilien qui a composé à peu près les trois quarts des musiques que le monde entier chante. tout ça, c’est lui. En plus, c’était un chanteur magnifique. » Mais aussi et « C’est une très bonne idée de les avoir fait entrer dans le dictionnai­re. Ce sont deux personnes de talent, qui ont des moralités au-dessus de tout soupçon : ils ont tout bon. »

Riss.

Il a inventé un style narratif, un rythme. Il est si brillammen­t intelligen­t que, comme lorsque l’on assiste à une performanc­e de patinage artistique, on croirait presque que « c’est facile ». Il s’agit plutôt de fluidité, de maîtrise et de précision. Alexis Michalik est un travailleu­r hors norme. Un zèbre ! » Et « Cet enlumineur de textes est à l’illustrati­on des contes féérico-féroces de Roald Dahl ce que la musique d’Ennio Morricone est aux films de Sergio Leone. Avec son trait libre et spontané, Quentin Blake parfume les textes, renforce l’expérience d’immersion. C’est un maître de la malice poétique. » Et « Il a ma reconnaiss­ance éternelle pour la musique de

Le bilan paternel dressé par l’auteure de Confidence­s à Allah, paru en 2008 (et adapté avec succès au théâtre), est plus que positif. Il est vrai qu’il a de quoi séduire, ce garnement qui vécut une enfance à la Mark Twain, et une adolescenc­e libre de tous les diktats.

Quand il débarque en France dans les années 1960, il refuse le foyer pour immigrés et le statut qui va avec. Il a le « standing » dans la peau, Si' Azzeddine, toujours tiré à quatre épingles et bientôt capable d’user de ses talents de conteur en français tout en roulant les « r ». Rencontre à Elbeuf avec une belle couturière aux origines française et marocaine, installati­on à Agadir, puis départ en 1985 à Ferney-Voltaire, près de la frontière suisse, où mari et femme, bientôt lestés de quatre enfants, ouvrent un atelier de couture pour riches Genevois. Son père, note Saphia, doute encore d’avoir réussi sa vie. Ce délicat récit, portrait d’un homme englouti par l’amour pour les siens, devrait le rassurer.

OUTSIDERS. ÉTUDES DE SOCIOLOGIE

DE LA DÉVIANCE

PAR HOWARD S. BECKER,

TRAD. DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS)

PAR JEAN-PIERRE BRIAND. MÉTAILIÉ, 320 P., 17 €.

Les fous, les toxicos, les marginaux, ceux dont on ne saurait délimiter la catégorie sociale, font ici l’objet d’une réflexion inversée. Jusqu’en 1963, année de parution de cet Outsiders, la question de la déviance avait certes été abordée, de façon très universita­ire par Edwin Lemert ou Frank Tennenbaum, mais surtout sous l’angle de la santé mentale. Or, dans cet ouvrage réédité avec un chapitre d’actualisat­ion, Howard Becker explore le monde des dits « déviants » à partir de leurs témoignage­s. Passionnan­tes et accessible­s, proches du reportage, ces « études » déconstrui­sent la psychiatri­sation, voire la criminalis­ation de ces cas. Le lecteur est ainsi plongé dans les univers de musiciens de jazz ou d’usagers de marijuana retranscri­ts au plus près de leur langage.

Après avoir tenté une définition de la déviance, le sociologue américain montre comment celle-ci n’est pas envisageab­le sans l’imposition d’une norme : « Les groupes sociaux créent de la déviance en instituant des normes dont la transgress­ion constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme des déviants. » Ouvrage de référence pour les étudiants en sociologie, Outsiders éclaire des enjeux très contempora­ins, s’interrogea­nt sur notre perception des « comporteme­nts indésirabl­es », avec, pour exergue une citation de Tandis que j’agonise (Faulkner) : « Des fois je ne sais pas trop si on a le droit de dire qu’un homme est fou ou non. […] C’est pas tant la façon dont un homme agit que la façon dont la majorité le juge quand il agit ainsi. »

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HNMona Chollet (Zones)

Olivia Ruiz (JC Lattès)

M. C. Beaton (Albin Michel)

Douglas Kennedy (Belfond)

M. C. Beaton (Albin Michel)

Akira Mizubayash­i (Gallimard)

Woody Allen (Stock) Bernard-Henri Lévy (Grasset)

Philippe de Villiers (Fayard) Antoine Compagnon (Equateurs/France Inter)

Adèle Van Reeth (Gallimard) François Sureau (Gallimard)

Aurélien Barrau (Michel Lafon)

Anne Sinclair (Grasset)

François Ruffin (Les Liens qui Libèrent)

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Philippe Delerm
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Mathias Malzieu

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