La révolution animale de François Pompon
Adepte des lignes épurées, le sculpteur bourguignon a bouleversé la façon de figurer le bestiaire au cours de l’entre-deux-guerres. La galerie Univers du bronze, à Paris, raconte cette mue spectaculaire.
lui, depuis la mort de Saint-Marceaux, en 1915, qui l’a contraint à exercer des métiers de fortune – comme employé à la Samaritaine ou porteur de sacs de sable – pour survivre.
1922, le tournant, donc. Mais tout ne s’est-il pas joué l’année qui précéda ? Lors de l’exposition annuelle de la Société des animaliers en 1921, un Canard et un Cochon aux formes ultra-simplifiées (adieu plumes, poils et muscles) signés Pompon bouleversent la routine de ce rendez-vous de la sculpture traditionnelle, présidé par le très conservateur Georges Gardet. C’est cette mutation, révolutionnaire, que la galerie Univers du bronze, à Paris, raconte jusqu’au 31 juillet*. Les pièces – rares – ont été réunies par les maîtres des lieux, Michel Poletti et Alain Richarme, des pointures du genre.
En 1931, la rupture est consommée ; la Société des animaliers de Gardet, dissoute. Ses jeunes membres forment autour de Pompon le « groupe des Douze ». Parmi eux figurent quelques futures têtes de gondole de la statuaire, comme Georges Guyot et Charles Artus. Au printemps 1932, les Douze s’exposent à l’hôtel Ruhlmann, à côté des créateurs en vue de l’Art déco. Le Grand pélican de François Pompon y fait un tabac.
Au cours de cette période féconde de l’entredeux-guerres, le travail des jumeaux Martel, tandem phare de la relève, incarne une autre modernité : celle qui relie la sculpture au dessin et à l’architecture. Leur Pigeon boulant s’éloigne ainsi de la réalité morphologique ; ses lignes géométriques élaborées avec une précision scientifique tendent vers le cubisme. La Grande panthère noire – en calcaire de Lens et donc… blanche ! – réalisée par Pompon pour le décorateur Jacques-Emile Ruhlmann moyennant 23 000 francs, reste, quant à elle, proche du naturalisme cher au sculpteur : même dépouillé de toute fioriture, l’animal est reconnaissable.
Cette pièce maîtresse de la galerie Univers du bronze impressionne par sa dimension imposante et la pureté de ses volumes, inspirée de l’esthétique égyptienne qui subjuguait l’artiste. Majestueux, silencieux, intemporel, comme furtivement aux aguets, le fauve de Pompon est l’une des plus belles études du bestiaire de l’époque. Et une oeuvre qu’il affectionnait, comme en témoigne la photo parue dans le Paris-Soir du 8 mai 1933, deux jours après sa mort, sur laquelle il pose fièrement derrière sa Grande panthère noire en pierre de Lens.
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Comme la mode, l’horlogerie est un éternel recommencement. Et les périodes économiques instables, telles que celle que nous traversons, favorisent d’autant plus le retour des manufactures à leurs valeurs sûres, ces icônes du passé qui s’invitent dans les collections contemporaines.
Depuis quelques années, Tudor a bâti sa stratégie sur des modèles inspirés par des références anciennes, à l’instar de la ligne Black Bay, qui reprend les principaux codes des montres de plongée que produisait la marque dans les années 1950. Après le succès de Black Bay Bronze – premier modèle en bronze –, Tudor a lancé une nouvelle version avec cadran et lunette gris ardoise. La montre arbore aussi les aiguilles géométriques dites « Snowflakes », imaginées par l’horloger en 1969. Ce mélange de codes esthétiques rétro et de design actuel se retrouve sur le bracelet tissé Jacquard : un clin d’oeil aux attaches d’époque, élaborées à partir d’élastiques de parachutes ventraux français.
C’est également un bracelet de type Nato, fabriqué en France dans un atelier de tissage traditionnel, qui équipe l’édition limitée 1858 Monopusher Chronograph de Montblanc. Un modèle réalisé dans un alliage de bronze, dont l’esthétique rend hommage aux montres de gousset de Minerva des