Que signifie le vote, aux dernières municipales, de nombreuses métropoles soit pour les écologistes, soit pour des socialistes très verts, comme à Paris ? Jérôme Fourquet :
L’envie d’alternance, de sortir des systèmes Chaban-Delmas – Juppé à Bordeaux, Gaudin à Marseille ou Collomb à Lyon a pu jouer. Mais ce que l’on observe dans les grandes métropoles de province, c’est aussi un effet retard par rapport à la victoire de la gauche à Paris en 2001, rééditée depuis par Anne Hidalgo avec une composante écologiste de plus en plus forte. Ces changements politiques correspondent à des mutations socioculturelles profondes dans les grandes villes. Ces nouvelles couches sociales – pour aller vite, les « bobos », cadres diplômés ou professions intellectuelles – sont porteuses d’une autre vision du monde, accordant une attention très forte à la question écologique, à la « participation citoyenne » et au cosmopolitisme. Les grandes métropoles sont le principal foyer de ce changement de valeurs. A Marseille, par exemple, la ville était historiquement marquée par une sociologie assez classique : une bourgeoisie traditionnelle, des classes populaires et des immigrés. Or, depuis quelques années, on constate l’émergence d’un nouveau groupe social – due à l’augmentation du nombre de diplômés du supérieur parmi les autochtones et à l’arrivée de