L’écologie pourrait-elle devenir une nouvelle mystique, qui remplacerait la « matrice catholique », dont vous constatiez la mort clinique en France dans votre livre ?
Durant la crise du Covid-19, la lecture religieuse de l’événement, historiquement centrale en cas de pandémie, a été complètement absente en France. Contrairement à ceux du passé, les catholiques d’aujourd’hui n’avaient rien à dire sur cette crise sanitaire, et on a plus parlé des évangéliques et de leur rassemblement de Mulhouse, qui a fait office de cluster initial.
Pour autant, une dimension mysticoreligieuse a quand même émergé, avec la fabrication d’un récit punitif où Dame Nature a pris la place de Dieu. Comme le père Paneloux de La Peste, des prêcheurs ont dit : « Mes frères, vous avez péché. » La vengeance ne provenait plus d’un être supérieur, mais de la nature et de son bras armé, le pangolin. On a relié cette crise sanitaire à la perte de la biodiversité et à la mondialisation. Nicolas Hulot a parlé « d’ultimatum ». C’est une confirmation supplémentaire de la religiosité de certains discours écologistes ; Greta Thunberg est notre nouvelle Bernadette Soubirous. Et je pense que cette idée de culpabilité à expier a eu un impact politique et a renforcé la « vague verte » dans les grandes villes.
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