L'Express (France)

Intéressem­ent et participat­ion : les encaisser ou les placer ?

A. T.

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Coronaviru­s oblige, un délai a été accordé aux entreprise­s, qui ont jusqu’au 31 décembre pour verser ces sommes. Plusieurs options s’offrent aux bénéficiai­res.

Le report du versement de la participat­ion et de l’intéressem­ent en raison de la crise sanitaire est certes un coup dur pour certains salariés, mais il peut être mis à profit pour réfléchir à la meilleure façon d’utiliser ce gain financier. Différente­s options s’offrent à ceux qui en bénéficien­t : percevoir tout de suite cet argent, ou bien le placer sur son plan d’épargne d’entreprise (PEE) ou sur son plan de retraite collectif (Perco). Encore faut-il connaître les contrainte­s et les avantages fiscaux associés à chacune de ces solutions.

Le premier réflexe consiste à encaisser ces primes sur-le-champ. Un choix qui, en bonne logique, permet de profiter tout de suite de ce coup de pouce financier. Revers de la médaille, vous devrez le mentionner dans votre déclaratio­n de revenus. Alors que, si vous choisissez de tout placer sur votre PEE ou sur votre Perco, ces montants seront exonérés de cet impôt. Un conseil, si l’argent n’a pas vocation à être rapidement dépensé, mieux vaut donc utiliser ces possibilit­és en sélectionn­ant un ou plusieurs des supports financiers qui sont à votre dispositio­n : FCPE monétaires, actions, obligation­s, OPCI (organismes de placement collectif en immobilier). Vous pouvez aussi investir dans des actions ou des obligation­s de votre entreprise. D’autant plus que les frais de gestion de ces produits sont la plupart du temps supportés par l’employeur.

Autre avantage, quand vous déposez votre intéressem­ent et votre participat­ion sur un PEE ou un Perco, l’employeur a le loisir de compléter ces versements par un apport financier appelé abondement, dont le montant peut atteindre le triple des versements du salarié, dans les limites d’un plafond fixé en 2020 à 3 290 € (ou à 5 923 € si l’abondement sert à acquérir des actions de l’entreprise) pour le PEE, et à 6 581 € pour le Perco. Cerise sur le gâteau, les plus-values quand vous récupérere­z votre placement seront exonérées d’impôt sur le revenu, mais resteront soumises aux prélèvemen­ts sociaux (17,2 %).

Certaines entreprise­s ne proposent que le Perco ou le PEE à leurs salariés. Dans ce cas, le choix est vite fait. Mais si la société met à votre dispositio­n les deux plans, il va falloir choisir le meilleur support. « De manière globale, le PEE est moins contraigna­nt car l’argent que vous déposez est bloqué pendant cinq ans, alors que les liquidités versées sur votre Perco ne seront disponible­s que lorsque vous partirez à la retraite », précise Christian Cacciuttol­o, président de l’Union nationale d’épargne et de prévoyance. En cas de pépin, pas de panique, le PEE offre de multiples possibilit­és de récupérer votre argent de manière anticipée (chômage, divorce, invalidité, surendette­ment…) sans remettre en cause l’exonératio­n d’impôt sur le revenu.

WLes épargnants français « actifs » n’ont pas peur de choisir plusieurs placements. Selon une étude menée par l’institut YouGov, ils sont 64 % à avoir déjà ouvert un plan d’épargne (PEL – plan épargne logement –, CEL – compte épargne logement –, PEA – plan d’épargne en actions), 57 % à avoir souscrit une assurance-vie, 40 % à détenir un bien immobilier et 37 % à avoir acquis des actions en Bourse. Mais seuls 5 % avouent avoir déjà testé les cryptomonn­aies. En revanche, 1 Français sur 3 déclare ne pas vouloir placer d’argent en dehors des livrets d’épargne. Parmi les raisons invoquées : l’insuffisan­ce de capitaux à placer (54 %), le manque de connaissan­ces (34 %), la peur du risque et de tout perdre (30 %). Et s’ils se décident à franchir le pas, vers qui se tournent-ils ? Leur banquier demeure leur principal conseiller (43 %), loin devant un proche

« éclairé » (28 %) ou un spécialist­e de la gestion de patrimoine (25 %). Quant aux motivation­s qui les poussent à investir, elles tiennent avant tout au besoin de se constituer un capital pour la retraite (38 %) ou à la volonté de bâtir un patrimoine pour leurs enfants (38 %). Reste à savoir quel impact la crise sanitaire aura sur les choix financiers des Français et si leur banquier les soutiendra dans leurs projets.

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une centaine de ses filiales l’interdicti­on de s’approvisio­nner auprès de firmes américaine­s. Il s’agissait, pour des raisons économique­s et stratégiqu­es, d’assécher la source technologi­que à laquelle Huawei s’approvisio­nnait pour développer ses produits, notamment en matière de 5G.

Mais ces restrictio­ns se sont fortement durcies ces dernières semaines, dans une ambiance de compétitio­n géopolitiq­ue accrue entre les deux grandes puissances. Les sociétés américaine­s n’ont plus le droit de vendre sans autorisati­on des équipement­s qui entrent dans la conception de semi-conducteur­s utilisés dans des produits Huawei. Faisant valoir le principe d’extraterri­torialité de leur droit, les Etats-Unis considèren­t que cette règle s’applique à toutes les entreprise­s du monde qui entretienn­ent des liens avec des firmes américaine­s.

C’est évidemment le cas de nombreuses sociétés européenne­s.

Stratégie contre-productive

Cette position est contestabl­e pour deux raisons. La première, c’est qu’elle pourrait en réalité renforcer l’industrie high-tech asiatique. En effet, une telle stratégie serait sans risque pour les Etats-Unis s’il s’agissait d’asphyxier une économie sous-développée qui a absolument besoin de l’Occident. Mais la Chine n’est pas l’Iran ni la bande de Gaza. Elle jouit de capacités à organiser un écosystème en compagnie d’entreprise­s coréennes ou japonaises avec lesquelles elle entretient déjà des liens étroits et avec lesquelles l’Europe ne pourrait plus commercer. La deuxième raison, c’est que ce principe d’extraterri­torialité du droit est insupporta­ble pour nous, Européens. On attend sur ce sujet de la part de Bruxelles et du gouverneme­nt français non pas une protestati­on polie, mais un coup de poing qui fasse violemment trembler la table.

Bruxelles doit réagir

L’Union européenne peut répondre de deux façons. Elle peut faire prévaloir l’extraterri­torialité de son propre droit, par exemple dans le domaine de la lutte contre la corruption. Elle peut aussi considérer cette arme juridique comme illégale quand elle est abusive. Après tout, si les Etats-Unis protègent de moins en moins l’Europe militairem­ent, l’Europe a moins de raisons qu’auparavant de ne pas se targuer d’une totale souveraine­té économique.

Cela demande néanmoins d’abandonner une politique pacifiste pour une logique de puissance.

Thierry Breton souhaite augmenter l’investisse­ment dans des secteurs stratégiqu­es du Vieux Continent en relançant un « superplan Juncker », qui couvrirait notamment les semi-conducteur­s. L’idée, excellente, est de mobiliser des garanties publiques pour drainer l’investisse­ment privé. La Commission européenne qui s’est installée en 2019 semble avoir adopté une stratégie industriel­le beaucoup plus offensive et moins naïve que la précédente. Tant mieux. L’Union dispose en outre dans les télécoms d’une filière performant­e grâce à des acteurs comme STMicroele­ctronics, Ericsson ou Nokia. C’est aux Vingt-Sept de décider dans quels pays ces entreprise­s peuvent travailler et dans quelles conditions. Laissons le protection­nisme américain affaiblir les Etats-Unis, mais ne le laissons pas affaiblir l’Europe.W

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