L'Express (France)

La folie des applis de Bourse en ligne

Depuis le début de la crise, des millions de jeunes épargnants sont devenus actionnair­es, sans rien y connaître. Sueurs froides assurées. PAR RAPHAËL BLOCH

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nombre d’utilisateu­rs ou les volumes de transactio­ns, les chiffres sont tous en très forte hausse. Sur ces trois derniers mois, Robinhood a gagné plus de 3 millions de nouveaux utilisateu­rs, portant à 13 millions le nombre total de ses clients.

La force de ces applicatio­ns réside dans leur faible coût et dans leur facilité d’utilisatio­n – acheter et vendre des actions est simplissim­e. Elles jouent à fond la carte de l’interactiv­ité, permettant aux traders en herbe, dont beaucoup sont devenus accros, de discuter entre eux et même de créer des listes de produits sur lesquels investir. « C’est une de leurs grandes forces », souligne Nicolas Chéron, responsabl­e de la recherche chez Binck.fr.

Sur Robinhood ou eToro, on peut devenir actionnair­e d’Apple, de Tesla, et de milliers d’entreprise­s en quelques clics. « C’est d’ailleurs tout le problème quand vous ne connaissez pas grand-chose aux marchés », souligne un trader. Car, après être remontés de plus de 25 % en deux mois, les marchés sont beaucoup plus instables depuis quelques semaines. « En avril et en mai, les Bourses n’ont fait que progresser, ce qui a attiré beaucoup d’investisse­urs, souvent novices, note Alexandre Baradez, analyste chez IG Markets. Mais, depuis juin, c’est une autre histoire… »

Les marchés fluctuent beaucoup plus. Un jour, ils montent ouvrant une perspectiv­e de reprise économique. Le lendemain, ils baissent pour des raisons liées à la crainte d’un regain de la pandémie de Covid-19 ou à des tensions commercial­es. Résultat : beaucoup de jeunes traders connaissen­t de belles déconvenue­s. Et parfois même de véritables raclées !

Car ces applicatio­ns ne permettent pas seulement d’acheter des actions. Elles fournissen­t tout le kit du trader. Des produits particuliè­rement complexes qui, mal maîtrisés, peuvent se retourner contre leurs utilisateu­rs. En juin, un jeune client de Robinhood s’est suicidé après avoir cru qu’il avait perdu plus de 700 000 dollars sur son compte.

L’étudiant de 20 ans a laissé une lettre dans laquelle il indiquait qu’il n’avait

aucune idée » de ce qu’il faisait sur Robinhood et de la manière dont il avait pu perdre tant d’argent. Face à la polémique, la plateforme s’est engagée à limiter l’accès aux produits structurés et à mettre en place une meilleure lisibilité de son interface. Sur les applis comme sur les marchés, la folie va peut-être un peu retomber.

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