Quelle île êtes-vous ?
Où l’on constate que, pendant les vacances, un écrivain, c’est quelqu’un qui, au paradis, écrit
Charles Dantzig
Elle était pleine aux as, c’est entendu. Mais surtout généreuse, discrète et… férue d’art, tous genres confondus. Anne Gruner Schlumberger (1905-1993) – fille du géophysicien et géant de l’industrie pétrolière Conrad Schlumberger – a, tout au long de sa vie, constitué une fabuleuse collection. Rien ne s’est fait de façon rationnelle, mais plutôt au fil des rencontres et des amitiés – parfois amoureuses. C’est un large pan de cette histoire atypique que la Fondation Bemberg, à Toulouse, nous raconte jusqu’au 1er novembre, sous la houlette de la commissaire Danièle Giraudy. Plus qu’une exposition, une flânerie de l’autre côté du rêve.
Tout commence en 1960, quand Anne – Annette, pour les intimes – hérite du domaine des Treilles, dans l’arrière-pays varois, qui donne son nom à la fondation qu’elle crée quatre ans plus tard. Par la suite, plus de 1 000 oeuvres et objets viennent enrichir le site : peintures, gravures, sculptures, dessins, mais aussi livres, vêtements et mobilier précieux. Sans autre critère que les coups de coeur de la fondatrice s’y côtoient vestiges gréco-romains, masques africains, chapiteaux et flambeaux du Moyen Age, et surtout pépites de l’art moderne, dont Annette fraye avec la plupart des représentants.