Trump, l’ami encombrant du candidat Duda
En lice pour un nouveau mandat, le chef de l’Etat pensait que sa proximité avec les Etats-Unis était un argument de poids. Mais les électeurs sont las que leur pays soit le vassal des Américains. PAR ROMAIN SU (VARSOVIE)
Trump, l’ami encombrant du candidat Duda
l est arrivé en tête du premier tour, avec plus de 43 % des voix. En quête d’un second mandat, le président polonais Andrzej Duda, candidat du PiS (parti national-conservateur Droit et justice), a une bonne longueur d’avance sur son adversaire libéral, Rafal Trzaskowski. Mais il n’est pas pour autant assuré de l’emporter, dimanche 12 juillet.
Dans cette société très polarisée, où le régime en place est accusé par ses opposants de démanteler la démocratie et l’Etat de droit, Andrzej Duda pensait pourtant avoir un atout dans sa manche : ses bonnes relations avec Donald Trump. Les Polonais ont en effet une peur atavique de l’invasion russe et croient dur comme fer que l’armée américaine constitue le seul rempart solide à cette menace. C’est même l’un des rares sujets de consensus dans l’opinion publique.
Le 24 juin, à quatre jours du premier tour, Andrzej Duda avait donc accepté une invitation à se rendre à Washington. Le président polonais entendait mettre en scène sa proximité avec l’actuel locataire de la Maison-Blanche. Il espérait aussi que son hôte annonce de nouveaux déploiements de troupes américaines en Pologne. Mais ses espoirs ont été déçus : Donald Trump n’a pris aucun engagement et Andrzej Duda est rentré bredouille à Varsovie. « Au lieu de 1 000 ou 2 000 soldats supplémentaires, d’un escadron d’avions, de centres de commandement ou d’armes atomiques, le président américain nous a juste rappelé que la protection américaine n’était pas gratuite », constate Marek Swierczynski, spécialiste des questions de défense au centre d’analyses Polityka Insight.
Mais cela, les Polonais, qui ont l’habitude d’ouvrir leur porte-monnaie pour leur principal allié, le savent. Client fidèle, Varsovie importe depuis l’an dernier de plus en plus de gaz naturel liquéfié des Etats-Unis. En janvier, le gouvernement a passé commande de 32 chasseurs F-35. Soit un chèque de 4,5 milliards de dollars, sans appel d’offres ni compensation industrielle. Au lendemain de cette rencontre présidentielle, le gouvernement polonais a également confirmé qu’il confierait à des entreprises américaines son projet de construire des centrales nucléaires. En lice, Paris avait pourtant soutenu l’idée du fonds européen de transition énergétique, dont la très charbonnière Pologne sera le
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principal bénéficiaire. Encore un coup de canif dans la relation franco-polonaise…
Mais pour Duda et son parti, peu importe : seul compte l’ami Donald. Quand celui-ci ne négocie pas lui-même les contrats, il peut, du reste, compter à Varsovie sur une VRP très efficace, l’ambassadrice américaine Georgette Mosbacher. Dépourvue d’expérience diplomatique, cette redoutable femme d’affaires ayant fait fortune dans les cosmétiques a l’oreille du président. Preuve de son statut particulier, il lui arrive, en conférence de presse, de prendre la parole d’égal à égal avec le n° 1 polonais… « C’est une atteinte à la dignité de l’Etat et cela conforte la propagande russe, qui clame que la Pologne est le cheval de Troie des Etats-Unis en Europe », s’irrite Janusz Sibora, auteur de manuels de référence sur le protocole diplomatique.
Les détracteurs de Georgette Mosbacher lui reprochent aussi ses interventions intempestives pour défendre les intérêts commerciaux américains, en bloquant par exemple le déremboursement de certains médicaments ou un projet de réglementation trop strict à l’égard d’Uber. Si l’intéressée dément exercer une influence sur le gouvernement polonais, le style direct et menaçant de ses lettres adressées aux ministres, régulièrement le géant chinois des télécoms, trop proche de Pékin, pourrait être instrumentalisé à des fins d’espionnage ou de sabotage, les autorités américaines font en effet pression sur leurs alliés pour qu’ils l’écartent. Or, officiellement, le gouvernement polonais n’a toujours pas adopté de directive en la matière.
Cette « vassalisation » de la Pologne fait grincer des dents. Chef de file de la coalition d’extrême droite Konfederacja, Krzysztof Bosak a ainsi reproché à Andrzej Duda « d’aller se faire adouber par le président américain plutôt que de s’occuper des Polonais. Ce n’est pas à des dirigeants étrangers de désigner notre président », a-t-il martelé. Arrivé en quatrième place au premier tour de l’élection présidentielle (avec 6,8 % des suffrages), ce promoteur d’une souveraineté nationale affirmée voudrait que le pays prenne ses distances avec Washington, Bruxelles et Moscou. En dépit de ses idées conservatrices, Bosak a déclaré qu’il n’aiderait pas Andrzej Duda pour le second tour. Une bonne nouvelle pour Rafal Trzaskowski, qui voit se réduire l’écart de voix (13 %) avec Andrzej Duda. Quant à ce dernier, il pourrait bien finir par regretter cette escapade américaine.
W« Ce n’est pas à des dirigeants étrangers de désigner notre président »
éforestation à un rythme fou de l’Amazonie, pollution des rivières par les chercheurs d’or, menaces sur les Indiens, assassinats, déplacements de population, prostitution… Cette litanie trop familière vous dit quelque chose ? Eh non, il ne s’agit pas du Brésil, mais du Venezuela ! Après avoir détruit la démocratie et anéanti l’industrie pétrolière nationale, le régime de Nicolas Maduro a entrepris de ravager, aussi, le « poumon vert » de la planète, en orchestrant le pillage effréné de ressources aurifères dans le dernier sanctuaire des peuples indigènes, au sud de l’Orénoque.
Ainsi, depuis quatre ans, 1 058 kilomètres carrés de forêt (l’équivalent de dix fois la ville de Paris) ont été dévastés et des centaines d’affluents du fleuve pollués au mercure (utilisé par les orpailleurs). Un millier d’Indiens ont fui au Brésil, d’autres ont abandonné leur mode de vie traditionnel et sont devenus des SDF dans des cités vénézuéliennes. Des milliers d’autres encore, appartenant à 17 des 54 ethnies du pays, sont menacés à des degrés divers.
« Depuis 2006, on dénombre 48 massacres d’Indiens, le dernier remontant au 22 novembre 2019, quand 8 Pemon ont été assassinés », explique Americo De Grazia, député du Bolivar, Etat où vivent les
D25 000 membres de cette ethnie. Cette double tragédie – un ethnocide et un « écocide » – se déroule en silence, loin des caméras et dans l’indifférence des dirigeants mondiaux, des ONG et de la presse, tous occupés à critiquer l’inconséquence du président brésilien Jair Bolsonaro dans cette région paradisiaque.
« La situation est d’autant plus