Drogue : les e-volontaires à l’écoute
De jeunes bénévoles investissent les réseaux sociaux et les forums, où ils discutent avec des consommateurs de substances illicites. Pour les informer, sans les juger.
On les appelle les e-volontaires. Leur mission : être présents sur les réseaux sociaux et les forums de discussion en ligne pour dialoguer avec les usagers de stupéfiants ou les simples curieux. Et leur apporter des informations précises, en français, en néerlandais et en anglais. Pour l’instant, ils ne sont qu’une poignée, dans les Hauts-de-France et en Belgique. Les Flamands ont démarré les premiers, suivis des Français et, bientôt, des Wallons. Lorsque le programme sera rodé, ils devraient être 35 bénévoles.
Cette initiative originale s’inscrit dans le cadre du projet Party, financé à hauteur de 50 % par l’Union européenne. Il fédère cinq spécialistes de la réduction des risques en milieu festif et de la prévention de la dépendance aux drogues, basés à Lille, Bruxelles, Courtrai, Gand et Mons. Avant d’investir le Web, ils sont allés au-devant des fêtards, notamment dans les gigantesques boîtes de nuit postées le long de la frontière, comme La Bush ou le Cap’tain. Mais les temps ont changé et les habitudes avec. Les amateurs de paradis artificiels délaissent les dancefloors et les boules à facettes pour de discrètes soirées privées ou des fêtes clandestines. Hors de portée des associations.
« Le confinement a accentué cette tendance », souligne Adrien Gadon, psychologue au sein de la structure lilloise Spiritek, partenaire de l’opération. D’où l’idée d’ajouter au projet un volet numérique, en partant à la rencontre des consommateurs là où ils passent beaucoup de temps : sur la Toile. Notamment sur Facebook et sur deux forums très fréquentés par les usagers de drogue francophones : Doctissimo et jeuxvideo.com.
« Notre rôle consiste à délivrer la meilleure information possible aux internautes, comme à ce jeune qui s’interrogeait récemment sur la DMT [NDLR : un puissant hallucinogène], et à corriger les erreurs et les indications mensongères qui circulent, explique Martin, 26 ans, premier e-volontaire français. Nos réponses sont préparées entre nous, au sein de l’association, avant d’être postées. » Diplômé d’une école de commerce, un temps reconverti comme carrossier-peintre chez Porsche, ce Lillois d’origine a été recruté sur les mêmes critères que ses pairs belges : aisance dans la communication en ligne, connaissance des produits psychoactifs et de leurs modes de consommation. Moralisateurs s’abstenir.
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J’aurais pu vous parler de Pacifique, roman délicat et intense de Stéphanie Hochet qui se met dans la peau d’un kikusui, un chrysanthème flottant, « le nom poétique donné au sacrifice d’un avion et de son pilote sur un navire ennemi ». J’aurais pu vous raconter avec quelle intelligence elle se glisse dans les pensées d’un jeune homme fasciné par le bushido, le code d’honneur des samouraïs, transmis par sa rigide grand-mère, et applaudir ce que la littérature accomplit : nous faire autre en nous oubliant, nous rendre humains en nous reconnaissant dans l’autre. La littérature est le lieu où les neurones miroirs s’épanouissent pour le meilleur. J’aurais pu vous parler de Pompéi au travers de l’exposition que lui consacre le Grand Palais. J’aurais pu broder autour de la fascination qu’exerce cette ville figée dans son dernier souffle de vie, m’interroger sur la poésie morbide de la cité ensevelie et sans cesse redécouverte, et compulser les écrits qu’elle a inspirés pour avoir disparu sans prévenir.
J’aurais pu partager ma crainte devant la vaguelette verte des élections municipales, j’aurais pu rappeler que la dernière fois que la gauche fut plurielle, elle se retrouva balayée par le traumatisme de 2002, et, s’il est nécessaire de préserver l’environnement, il est toujours dangereux d’idéologiser le bon sens. J’aurais pu vous dire que les antivaccins, les complotistes de la 5G et les tenants d’amalgames