Uber, entreprise précaire
Le terme d’« uberisation » symbolise notre époque à lui tout seul. Celle de la révolution technologique, donnant à chacun la possibilité de travailler en totale autonomie. Celle, aussi, d’une précarité critiquée en Europe comme aux Etats-Unis, fruit d’un capitalisme aux effets éloignés de la promesse d’un « monde meilleur ». Souvent vanté dans la Silicon Valley, ce modèle semble aujourd’hui se retourner contre Uber, mais aussi contre Airbnb, son alter ego hôtelier.
La Cour de justice de l’Union européenne vient ainsi de valider la possibilité, pour la mairie de Paris, de réglementer Airbnb, ce qui revient à limiter significativement son offre. Une potentielle jurisprudence dramatique pour la firme. Dans le même temps, Uber fait face sur de nombreux marchés à un risque de requalification du statut de ses chauffeurs en salariés, même sur ses propres terres californiennes. La menace pèse aussi sur son service de livraison Uber Eats : la Cour suprême espagnole a déjà requalifé ses livreurs en employés. Malgré leur modèle économique fondé sur un simple rôle d’intermédiaire, non soumis aux cotisations sociales, Airbnb comme Uber ne parviennent pas à gagner de l’argent. L’obligation de salarier leurs prestataires enterrerait tout espoir de rentabilité future.
Ces deux stars de l’uberisation, encore adulées et copiées hier, se retrouvent désormais à une décision de justice de la faillite. L’avenir d’Uber pourrait reposer sur une autre promesse emblématique de la Silicon Valley, celle des véhicules autonomes. Un salut qui devra passer par d’importants progrès techniques, des modifications structurelles de nos villes et un soutien franc du régulateur.