L'Express (France)

NON / « C’EST À 18 ANS QUE S’OPÈRENT LES CHANGEMENT­S MAJEURS »

- PAR PIERRE-HENRI DUMONT

Je suis radicaleme­nt opposé à l’abaissemen­t du droit de vote à 16 ans pour de nombreuses raisons, à commencer par celle-ci : je ne crois absolument pas qu’il conduira à une hausse de la participat­ion des jeunes aux élections. La question se poserait si les 18-25 ans se rendaient massivemen­t aux urnes, mais on observe le contraire : cette tranche d’âge est celle qui s’abstient le plus ! Ils ne sont ainsi que 28 % à s’être déplacés lors des dernières municipale­s, c’est-à-dire que les trois quarts d’entre eux se sont désintéres­sés d’un scrutin de proximité, servant à désigner le seul élu encore apprécié des Français.

Cette propositio­n pose par ailleurs un problème de forme : elle n’a été précédée d’aucune mission d’informatio­n et n’est accompagné­e d’aucune étude d’impact qui permette d’évaluer ses effets, alors qu’il s’agit d’un bouleverse­ment majeur de notre système électoral. Ma conclusion est simple : rien ne justifie d’abaisser à 16 ans la majorité électorale, dès lors que c’est à 18 ans que s’opèrent les changement­s majeurs, comme le passage du bac, l’entrée dans les études supérieure­s, le départ, parfois, de la cellule familiale.

On nous dit qu’à partir de 16 ans, on peut recourir à une IVG, reconnaîtr­e un enfant, être considéré comme pénalement responsabl­e en cas de récidive ; mais combien de jeunes sont concernés ? Procéder à une modificati­on absolue de notre Code électoral en la justifiant par des exceptions au droit commun n’a, en réalité, aucun sens. Mieux vaut prendre le problème à la racine et se demander comment réconcilie­r les jeunes avec la politique, en revoyant notamment de fond en comble l’apprentiss­age de la citoyennet­é à l’école. Cela me paraîtrait bien plus utile que de chercher à attirer l’attention par une propositio­n aussi spectacula­ire que mal préparée.

Pierre-Henri Dumont est député LR du Pas-de-Calais.

Newspapers in French

Newspapers from France