Savoir profiter des remous boursiers
Après le plongeon des Bourses en mars puis la remontée partielle des marchés en avril et en mai, les indices stagnent. Un moment propice pour investir.
En Bourse, il y a actuellement deux camps. Les perdants, qui ont subi de plein fouet la crise sanitaire– ce sont les entreprises de l’économie « classique ». Et les gagnants : les géants du Net et de l’économie « verte ». Ainsi, entre le 1er janvier et le 18 septembre 2020, le cours d’Amazon a bondi de 60 %, les actions d’Apple et de Netflix ont gagné 46 %. Celles du leader danois de l’éolien, Vestas, se sont appréciées de 45 %, et Tesla atteint des sommets avec une progression de ses titres de 429 % en neuf mois ! Si vous avez eu la bonne idée d’acquérir, avant la crise, des actions de ces firmes et de les conserver, vous ne pouvez qu’avoir le sourire. Pour les autres, il n’est pas encore trop tard pour prendre le train en marche, à condition de poursuivre une politique d’investissement judicieuse. « L’investissement en Bourse est un placement audacieux, mais la crise actuelle crée de vraies opportunités, d’autant plus que les placements concurrents comme les livrets, les obligations ou l’assurance-vie rapportent désormais très peu, et les craintes d’une bulle pèsent sur le marché immobilier », explique Charles-Henri d’Auvigny, président de la Fédération des investisseurs individuels et des clubs d’investissement (F2iC).
Dans une période d’incertitude économique comme celle que nous vivons, il faut poursuivre une stratégie d’investissement de long terme fondée sur deux principes.
Tout d’abord, votre portefeuille d’actions doit comporter des valeurs dites de croissance. Ce sont des sociétés positionnées sur des secteurs d’activité porteurs qui afficheront, au fil du temps, un chiffre d’affaires et des bénéfices en augmentation. « Focalisez une partie de vos placements sur des entreprises de l’économie digitale (e-commerce, e-paiement…) et de l’économie verte (énergies renouvelables, véhicules électriques…). Certes, beaucoup de ces valeurs ont déjà bien monté et peuvent être considérées comme chères, mais la croissance anticipée de leurs résultats pourra orienter à la hausse leur cours de Bourse sur une longue période », observe Olivier Cornuot, directeur de la gestion collective à Matignon Finances, société spécialisée dans la gestion de portefeuilles. Certaines entreprises de l’économie « classique » peuvent également offrir à l’avenir une diminution des coûts, parce qu’elles répondent à des problématiques environnementales, comme la fabrication de matériaux permettant de réduire la facture énergétique du logement, ou la construction de trains, mode de transport génèrant une faible empreinte carbone.
Ensuite, il faut également sélectionner des entreprises industrielles ou de services qui sont bien gérées, disposant de cash et peu endettées. « En période d’instabilité économique et financière, il est possible de trouver des sociétés peu chères, car leur cours de Bourse a chuté du fait de la dégradation de leur environnement. Mais elles sont solides financièrement et sont donc bien armées pour surmonter la crise et profiter de la faiblesse de certains concurrents,
en les rachetant à bon prix ou en profitant de leur faillite pour renforcer leur position de leader du marché », analyse Guillaume Eyssette, directeur associé du cabinet Gefinéo, spécialisé dans l’investissement de long terme.
Enfin, la dernière question à se poser est celle du timing. Faut-il investir maintenant ou attendre de nouveaux soubresauts des marchés ? L’intervention des banques centrales et les plans massifs de relance des gouvernements pour soutenir les économies vont, dans les prochains mois, produire leurs effets. L’OCDE vient d’ailleurs de relever ses perspectives économiques. Il paraît donc opportun d’investir maintenant une partie de votre épargne consacrée à l’achat d’actions. Une partie seulement, car différents événements, comme le retour en force de la pandémie, l’élection présidentielle américaine, l’absence d’accord avec les Anglais dans le cadre du Brexit pourraient faire baisser temporairement la Bourse d’ici à la fin de l’année et permettre d’intéressantes opportunités pour acheter des titres.