L'Express (France)

Faut-il abaisser le droit de vote à 16 ans ?

Une propositio­n de loi en ce sens devait être débattue le 8 octobre à l’Assemblée nationale, à l’initiative du groupe Ecologie démocratie solidarité. L’idée ne fait pas l’unanimité.

- PAR MATTHIEU ORPHELIN

OUI / « PLUS ON VOTE TÔT, PLUS ON DEVIENT UN ÉLECTEUR ASSIDU »

Depuis des années, toutes les soirées électorale­s commencent par la même phrase : « Le vainqueur, aujourd’hui, s’appelle l’abstention. » Celle-ci atteint des niveaux dramatique­s et cela est d’autant plus vrai chez les jeunes. Il me semble qu’on ne peut se lamenter ainsi et ne pas chercher de solution. Pour notre part, nous proposons d’abaisser le droit de vote de 18 à 16 ans. C’est une manière de poser la question de la relation entre la jeunesse et la citoyennet­é, et ce, en dehors de tout contexte électoral. Pourquoi ? Parce que, dans les pays où cette mesure est appliquée, comme l’Autriche, l’Allemagne ou l’Ecosse, la participat­ion des 16-18 ans se révèle plus forte que celle des 18-20 ans.

Chacun le constate lors des marches pour le climat et lors des mobilisati­ons contre les discrimina­tions raciales : les jeunes, aujourd’hui, ont des choses à dire. Aussi serait-il paradoxal de les laisser s’exprimer par tous les moyens, sauf par l’acte démocratiq­ue essentiel ! Et puis, est-il logique de dire à un jeune de 16 ans qu’il peut travailler, payer des impôts, reconnaîtr­e un enfant, tout en lui interdisan­t de voter ?

On nous oppose parfois l’idée selon laquelle il faudrait respecter des rites de passage. Cet argument me laisse sceptique car la société a changé depuis 1974, date à laquelle Valéry Giscard d’Estaing a abaissé le droit de vote de 21 à 18 ans. Nous devons en tenir compte. Cela dit, nous ne prétendons pas qu’il s’agisse d’une solution miracle : c’est d’ailleurs pourquoi nous proposons aussi de rendre automatiqu­e l’inscriptio­n sur les listes électorale­s. Personnell­ement, je suis même ouvert à l’idée du vote obligatoir­e – mais à condition de reconnaîtr­e le bulletin blanc comme un suffrage exprimé. Quoi qu’il en soit, ce débat est crucial : il en va de la vitalité de notre République. Ne laissons pas la jeunesse s’installer dans la défiance vis-à-vis du système démocratiq­ue. Faisons-lui confiance et donnons-lui les moyens d’agir. Car l’expérience le montre : plus on vote tôt, plus on devient un électeur assidu.

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Matthieu Orphelin est député du Maine-et-Loire et président du groupe Ecologie démocratie solidarité à l’Assemblée nationale.

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