Covid : pourquoi il faut dénoncer les « rassuristes »
Laisser dire que l’épidémie s’essouffle nous met tous en danger. Un relâchement général serait catastrophique.
Même s’il vaut mieux vivre en France qu’au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, les pouvoirs publics ne brillent pas par leur gestion de la crise. Alors que l’on dénombre plus de 32 000 morts du Covid-19, les mensonges autour des masques et des tests, et l’incapacité de mettre sur pied un dispositif de prévention opérationnel, le fameux « tester-tracer-isoler », sont impardonnables. Mais ces impérities n’autorisent pas à nier la réalité de la menace, comme le font les « rassuristes » auxquels L’Express consacre une enquête.
Le débat sur l’action des pouvoirs publics est légitime. En revanche, marteler à longueur de tweets, de tribunes et d’interviews que la pandémie s’essouffle, ou même le laisser dire sans réagir, nous met collectivement en danger. « L’épidémie redémarrait à bas bruit dès la mi-juillet, et pourtant, le gouvernement a réagi lentement », constate l’épidémiologiste Renaud Piarroux, un des rares experts à avoir compris très tôt la dangerosité du virus, comme il le raconte dans un livre à paraître le 15 octobre*. Dès le déconfinement, certains – Didier Raoult ou l’urgentiste Yonathan Freund – ont décrété qu’il n’y aurait pas de deuxième vague. Une partie de la population en a été convaincue, ce qui a certainement joué dans le manque de réactivité des autorités. Car c’est toute la difficulté de répondre à une menace potentiellement exponentielle : pendant longtemps, il ne se passe rien, il ne paraît pas justifié d’agir. Et après, il est trop tard.
Fort heureusement, nous n’en sommes pas là. Bien qu’une minorité d’individus ne joue pas le jeu, les gestes barrière sont globalement respectés. Cela permet de contenir l’épidémie, mais pas de la faire régresser. Or les discours « rassuristes » incitent au relâchement, et à la contestation des mesures complémentaires pourtant nécessaires. La plupart des infectiologues, des épidémiologistes, des virologues nous le répètent : ce serait catastrophique. Ecoutons-les. C’est à ce prix qu’il n’y aura (vraiment) pas de deuxième vague. W
*La Vague. L’épidémie vue du terrain, par Renaud Piarroux. CNRS Ed., 128 p., 17 €.