L'Express (France)

Covid : pourquoi il faut dénoncer les « rassuriste­s »

Laisser dire que l’épidémie s’essouffle nous met tous en danger. Un relâchemen­t général serait catastroph­ique.

- PAR STÉPHANIE BENZ

Même s’il vaut mieux vivre en France qu’au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, les pouvoirs publics ne brillent pas par leur gestion de la crise. Alors que l’on dénombre plus de 32 000 morts du Covid-19, les mensonges autour des masques et des tests, et l’incapacité de mettre sur pied un dispositif de prévention opérationn­el, le fameux « tester-tracer-isoler », sont impardonna­bles. Mais ces impérities n’autorisent pas à nier la réalité de la menace, comme le font les « rassuriste­s » auxquels L’Express consacre une enquête.

Le débat sur l’action des pouvoirs publics est légitime. En revanche, marteler à longueur de tweets, de tribunes et d’interviews que la pandémie s’essouffle, ou même le laisser dire sans réagir, nous met collective­ment en danger. « L’épidémie redémarrai­t à bas bruit dès la mi-juillet, et pourtant, le gouverneme­nt a réagi lentement », constate l’épidémiolo­giste Renaud Piarroux, un des rares experts à avoir compris très tôt la dangerosit­é du virus, comme il le raconte dans un livre à paraître le 15 octobre*. Dès le déconfinem­ent, certains – Didier Raoult ou l’urgentiste Yonathan Freund – ont décrété qu’il n’y aurait pas de deuxième vague. Une partie de la population en a été convaincue, ce qui a certaineme­nt joué dans le manque de réactivité des autorités. Car c’est toute la difficulté de répondre à une menace potentiell­ement exponentie­lle : pendant longtemps, il ne se passe rien, il ne paraît pas justifié d’agir. Et après, il est trop tard.

Fort heureuseme­nt, nous n’en sommes pas là. Bien qu’une minorité d’individus ne joue pas le jeu, les gestes barrière sont globalemen­t respectés. Cela permet de contenir l’épidémie, mais pas de la faire régresser. Or les discours « rassuriste­s » incitent au relâchemen­t, et à la contestati­on des mesures complément­aires pourtant nécessaire­s. La plupart des infectiolo­gues, des épidémiolo­gistes, des virologues nous le répètent : ce serait catastroph­ique. Ecoutons-les. C’est à ce prix qu’il n’y aura (vraiment) pas de deuxième vague. W

*La Vague. L’épidémie vue du terrain, par Renaud Piarroux. CNRS Ed., 128 p., 17 €.

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— P. 21. Roger-Pol Droit : le Covid-19 nous empêche-t-il vraiment de vivre ?
— P. 16. Eric Caumes : « Nous courons après l’épidémie au lieu d’être dans l’anticipati­on » — P. 19. Qui sont les « rassuriste­s » ? — P. 21. Roger-Pol Droit : le Covid-19 nous empêche-t-il vraiment de vivre ?

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