Télétravail : un aménagement de pro à la maison
La crise sanitaire a intensifié le recours au home office. Pourtant, adapter son domicile à la vie de bureau n’est pas toujours simple. et si on commençait par créer son propre espace?
La discipline n’est pas nouvelle – un diplôme universitaire « Aménager l’espace du travail » existe depuis 2014 –, mais la montée en puissance inédite du télétravail intensifie sa mise en application. « Les entreprises sont poussées à repenser leur organisation. L’accompagnement du salarié dans l’adaptation de son espace privé s’institutionnalise. Dotations directes en mobilier, enveloppe financière, accès aux accords tarifaires négociés en centrale… plusieurs options existent », détaille Nathalie Rigaut, consultante pour Steelcase, spécialiste de l’espace de travail.
Au-delà des recommandations d’usage (taille et position des écrans, rapport entre éclairages naturel et artificiel…), la première étape consiste à baliser son espace. « En plus d’être bien aéré et lumineux, un home office efficace s’articulera autour de meubles spécifiques, dans une pièce séparée à la déco éloignée d’une atmosphère “maison” peu propice à la concentration. Sinon, autant aller travailler dehors », édicte l’architecte designer Albert Angel, cofondateur des très avant-gardistes lieux de coworking Kwerk. Sans être aussi radical, Koosha Khademi, consultant et chercheur en ergonomie, dirigeant du cabinet Ergopolis, complète : « Une pièce isolée limite les dérangements liés à une potentielle coactivité à domicile. A défaut, oubliez la table de la salle à manger, trop haute, ou de la cuisine, trop familière. » L’espace est compté ? Optez pour un bureau petit mais fonctionnel, en accord avec la décoration du salon, ou utilisez la console dans l’entrée.
Second élément clef : l’assise. Elle soutiendra le creux des lombaires et se réglera en hauteur pour que les avant-bras se posent à plat sur la table, sans crispation des épaules. Les propositions originales contre les maux de dos fleurissent sur le marché, comme le fauteuil proprioceptif à double mobilité réglable ou le siège ballon ergonomique. Autre solution : le bureau rehaussable électrique pour le travail debout/assis. En attendant la chaise idéale, des coussins et une serviette enroulée pour les lombaires peuvent être une bonne alternative.
Petite table spéciale pour ordinateur à glisser sous le canapé, pouf ras du sol pour travailler jambes allongées, bureau avec une bulle insonorisée et système de connectique dissimulé… les solutions mêlant fonctionnalité, ergonomie et esthétique se développent afin d’insuffler de la praticité à un mobilier propre au salon. Ligne Roset, Miliboo, Cinna, Vitra, Habitat, Alinea, Ikea… toutes les marques de meubles repensent leurs gammes, certaines faisant même appel à des designers stars, comme Jean-Marie Massaud ou Patricia Urquiola pour Coalesse chez Steelcase. « Très demandés, les rangements discrets ou facilement escamotables s’effacent pour que l’on retrouve l’usage de la pièce », précise Nathalie Rigaut. La demande risquant d’exploser en 2021, Kwerk a décidé de proposer aux sociétés comme aux particuliers en home office son mobilier expert (bureau pneumatique ajustable sur roues ; tabouret oscillant d’une position active à une position passive ; working chair à la base arrondie pour soulager le dos…), voire ses prestations bien-être (ateliers mal de dos, par exemple).
Mais l’aménagement de son espace de travail n’est pas le seul gage de réussite. Pour Koosha Khademi, « le bureau personnel le mieux adapté du monde ne suffit pas. C’est le management global du télétravail par l’entreprise qui fera la différence ». D’après lui, l’impréparation des managers à gérer le travail à distance peut générer isolement, désengagement ou surinvestissement du salarié. Un enjeu de plus pour les ressources humaines.