StopCovid : autopsie d’un échec collectif
Outre-Manche, la nouvelle application de traçage du gouvernement, disponible depuis le 24 septembre, fait carton plein. En quelques jours, elle a déjà été téléchargée par 14 millions de personnes. Soit un quart de la population, tandis que seulement 5 % des Français ont installé StopCovid depuis son lancement. L’échec cuisant de l’outil français est symbolisé par l’aveu de Jean Castex, qui a admis n’avoir même pas pris la peine de l’installer sur son smartphone. Le gouvernement a sa part de responsabilité, en ayant tenu coûte que coûte à utiliser une technologie « française », alors que nos voisins optaient pour la solution clefs en main proposée par Apple et Google, à la fiabilité plus éprouvée. Mais l’échec de StopCovid est avant tout collectif. Avant même son lancement, de nombreux militants torpillaient déjà l’application, mettant en avant des risques – pourtant très limités – pour nos données personnelles. Le calendrier a également joué en défaveur du gouvernement. L’application est sortie le 2 juin, à une période où tous les voyants étaient au vert, et où nous étions nombreux à penser que la maladie était derrière nous. Malgré la recrudescence de l’épidémie, l’outil numérique ne semble pas pour autant gagner en popularité. Pour l’exécutif, le choix est périlleux : admettre son échec et le faire disparaître, ou en faire la promotion, quitte à faire évoluer son fonctionnement. Le pire choix serait de ne rien faire, en laissant péricliter StopCovid au cours des prochains mois. Avec pour effet de renforcer l’image caricaturale d’une technologie idéalisée par ceux qui pensaient qu’elle pourrait tout régler.