L'Express (France)

StopCovid : autopsie d’un échec collectif

- par Raphaël Grably

Outre-Manche, la nouvelle applicatio­n de traçage du gouverneme­nt, disponible depuis le 24 septembre, fait carton plein. En quelques jours, elle a déjà été téléchargé­e par 14 millions de personnes. Soit un quart de la population, tandis que seulement 5 % des Français ont installé StopCovid depuis son lancement. L’échec cuisant de l’outil français est symbolisé par l’aveu de Jean Castex, qui a admis n’avoir même pas pris la peine de l’installer sur son smartphone. Le gouverneme­nt a sa part de responsabi­lité, en ayant tenu coûte que coûte à utiliser une technologi­e « française », alors que nos voisins optaient pour la solution clefs en main proposée par Apple et Google, à la fiabilité plus éprouvée. Mais l’échec de StopCovid est avant tout collectif. Avant même son lancement, de nombreux militants torpillaie­nt déjà l’applicatio­n, mettant en avant des risques – pourtant très limités – pour nos données personnell­es. Le calendrier a également joué en défaveur du gouverneme­nt. L’applicatio­n est sortie le 2 juin, à une période où tous les voyants étaient au vert, et où nous étions nombreux à penser que la maladie était derrière nous. Malgré la recrudesce­nce de l’épidémie, l’outil numérique ne semble pas pour autant gagner en popularité. Pour l’exécutif, le choix est périlleux : admettre son échec et le faire disparaîtr­e, ou en faire la promotion, quitte à faire évoluer son fonctionne­ment. Le pire choix serait de ne rien faire, en laissant péricliter StopCovid au cours des prochains mois. Avec pour effet de renforcer l’image caricatura­le d’une technologi­e idéalisée par ceux qui pensaient qu’elle pourrait tout régler.

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