IVG : le coeur du problème
Allonger le délai légal d’intervention est une fausse bonne idée. C’est l’accès à l’avortement qu’il faut mieux garantir.
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est un droit accordé à toutes les femmes en France depuis quarante-cinq ans. Ces dernières années, de multiples associations féministes ont alerté les pouvoirs publics sur les difficultés que rencontraient les personnes souhaitant y recourir : rendez-vous impossibles à décrocher avant plusieurs jours, ce qui amène certaines à dépasser le délai légal de douze semaines ; centres et médecins en nombre insuffisant selon les régions ; gynécologues faisant jouer leur clause de conscience pour refuser d’intervenir sans réorienter la patiente vers un autre praticien alors que la loi l’exige, etc. Il est probable qu’allonger à quatorze semaines la période légale pour pratiquer une IVG, comme le défend une proposition de loi déposée par le groupe Ecologie démocratie solidarité, permettrait à ces déboutées involontaires – environ 3 000 femmes – de faire respecter leur choix. Mais cette mesure ne changerait rien au problème lui-même. Pire, en braquant les feux de la polémique sur les délais, elle déclencherait une énième empoignade éthicopolitique sans émouvoir l’opinion sur le véritable objet du scandale : l’accès entravé à l’IVG. « L’urgence est d’avoir un maillage territorial efficace et de rendre à nouveau attractive la profession de gynécologue », a déclaré à juste titre Marlène Schiappa, la ministre déléguée à la Citoyenneté et anciennement secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes. Grâce à la loi Veil, la France apparaît depuis plus de quatre décennies comme l’un des pays européens les plus favorables aux droits des femmes. Faisons-en sorte qu’elle le reste.