L'Express (France)

IVG : le coeur du problème

Allonger le délai légal d’interventi­on est une fausse bonne idée. C’est l’accès à l’avortement qu’il faut mieux garantir.

- PAR CLAIRE CHARTIER

L’interrupti­on volontaire de grossesse (IVG) est un droit accordé à toutes les femmes en France depuis quarante-cinq ans. Ces dernières années, de multiples associatio­ns féministes ont alerté les pouvoirs publics sur les difficulté­s que rencontrai­ent les personnes souhaitant y recourir : rendez-vous impossible­s à décrocher avant plusieurs jours, ce qui amène certaines à dépasser le délai légal de douze semaines ; centres et médecins en nombre insuffisan­t selon les régions ; gynécologu­es faisant jouer leur clause de conscience pour refuser d’intervenir sans réorienter la patiente vers un autre praticien alors que la loi l’exige, etc. Il est probable qu’allonger à quatorze semaines la période légale pour pratiquer une IVG, comme le défend une propositio­n de loi déposée par le groupe Ecologie démocratie solidarité, permettrai­t à ces déboutées involontai­res – environ 3 000 femmes – de faire respecter leur choix. Mais cette mesure ne changerait rien au problème lui-même. Pire, en braquant les feux de la polémique sur les délais, elle déclencher­ait une énième empoignade éthicopoli­tique sans émouvoir l’opinion sur le véritable objet du scandale : l’accès entravé à l’IVG. « L’urgence est d’avoir un maillage territoria­l efficace et de rendre à nouveau attractive la profession de gynécologu­e », a déclaré à juste titre Marlène Schiappa, la ministre déléguée à la Citoyennet­é et ancienneme­nt secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes. Grâce à la loi Veil, la France apparaît depuis plus de quatre décennies comme l’un des pays européens les plus favorables aux droits des femmes. Faisons-en sorte qu’elle le reste.

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