L'Express (France)

Jordan Bardella, l’ambitieux dauphin de Marine Le Pen

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A 25 ans, le député européen endosse le rôle de n° 2 du Rassemblem­ent national. Poussé à prendre la tête de liste des régionales en Ile-de-France, il rêve d’une plus grande stature.

Il est venu comme à son habitude, costume sombre et chemise blanche parfaiteme­nt repassée, accompagné par son officier de sécurité. Covid oblige, son meeting lyonnais a été annulé à la dernière minute. Point de reportage, donc, mais un long entretien dans une brasserie chic de la capitale des Gaules. « Vous êtes Jordan Bardella ? Merci pour ce que vous faites », le salue rapidement un client. La scène se reproduit une, puis deux, trois, quatre fois… La longue silhouette de ce jeune homme de 25 ans ne passe pas inaperçue : l’ancienne tête de liste aux élections européenne­s incarne désormais le visage du Rassemblem­ent national (RN).

En 2018, le garçon, militant zélé, hantait encore les marchés d’Ile-de-France en parfait inconnu. Un responsabl­e local à l’allure sage, chargé de la Seine-Saint-Denis et du collectif Banlieues patriotes, éphémère cercle censé oeuvrer à l’implantati­on de l’extrême droite dans les quartiers populaires. Deux ans plus tard, le député européen connaît toutes les matinales radio et ne voyage qu’avec chauffeur, maintenant qu’il peut se targuer d’avoir mené sa liste à la première place en mai 2019. « Un mec incroyable­ment brillant. Dans le parti, il est déjà n° 2 », lance, admiratif, le député RN Nicolas Meizonnet. N° 2. Le mot est lâché, même si officielle­ment rien n’est écrit. Bientôt, le second devrait même prendre la tête du mouvement : l’annonce est prévue pour le printemps prochain, lors du congrès du parti, pour une prise de poste effective en septembre 2021. De quoi permettre à Marine Le Pen de prendre de la hauteur le temps de la campagne présidenti­elle, tout en laissant le RN aux mains d’un fidèle.

Dans le parti à la flamme, où le chef indiscuté s’appelle toujours Le Pen, le poste de second est à la fois envié et maudit. Bruno Mégret, Bruno Gollnisch, Florian Philippot… L’histoire se termine souvent mal. « Il est de tradition que le n° 2 soit en dissonance avec le président ou la présidente. Moi, je suis mariniste. C’est plutôt pas mal que le bras droit le soit, non ? » lance d’un air innocent Jordan Bardella. Après tout, c’est pour Marine Le Pen que le lycéen a pris sa carte au parti, un soir de février 2012. Sa présidente est née en 1968, comme son père à lui. En privé, la députée l’appelle parfois « le petit Bardelou ». Lui la

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