« Dropshipping », de bonnes affaires à la portée des petits malins
Très en vogue, cette activité qui consiste à vendre sur Internet des produits fabriqués par une autre entreprise ne cesse de se développer. Et attise les convoitises…
C’est une tondeuse électrique noire de 14 centimètres. Facile à prendre en main, avec une tête amovible et un petit bouton vert pour l’allumer et l’éteindre. Bref, une tondeuse comme les autres, à ceci près que celle-ci ne sert pas à entretenir sa moustache, mais à se raser les testicules. Et l’engin fait un carton… Depuis des mois, ces curieux petits appareils vendus par la start-up Balls partent comme des petits pains. La folie va jusqu’aux groupes d’utilisateurs, qui échangent leurs (meilleures) expériences.
Alors, canular ou idée commerciale de génie ? Avec cet article, l’entreprise britannique, qui n’a même pas encore fêté sa première année, est en tout cas assise sur un magot malicieusement constitué de plusieurs centaines de milliers de livres sterling. Car Balls n’est pas une start-up ordinaire. Son « truc », c’est le « dropshipping ». Une activité qui consiste à repérer sur Internet, et notamment en Asie, des produits gadgets ou pas chers qui pourront être ensuite revendus avec une jolie marge au passage. Pour cela, ces importateurs 3.0 créent une boutique en ligne consacrée à leurs marchandises.
La magie du système, c’est que ces chineurs de la nouvelle économie n’ont aucun stock à gérer. « C’est une nouvelle manière de faire du business », explique un concurrent du britannique, qui a souhaité garder l’anonymat. D’autres diront que c’est surtout une façon de se faire de l’argent facile. Le procédé présente nombre d’avantages : Balls n’a presque aucun salarié et pas de locaux. Juste une marque et un logo – explicite – que les fondateurs ont conçus spécialement pour leur tondeuse, ainsi qu’un site permettant aux internautes de passer commande« Dans ce milieu, l’important est de trouver le bon produit et de le transformer en bonne idée », rappelle un
français.
Le coup de génie de Balls a été de dénicher cette tondeuse et son fabricant sur Internet, et surtout de construire le marketing du produit, avec des visuels et un univers ludiques. A coups de pubs hilarantes (si l’on partage cet humour), la société a bombardé de messages sur Instagram et Facebook les hommes de 18-35 ans, son coeur de cible.
Apparu aux Etats-Unis, le « dropshipping » n’a cessé de se développer ces derniers mois. Cette activité, légale mais mal encadrée, a même explosé durant le confinement. Beaucoup d’entrepreneurs, appâtés par le succès de certains, s’y mettent. Résultat, le marché est aussi devenu très concurrentiel. « Il y a tellement de monde qu’il faut payer de plus en plus cher pour se faire une place sur les réseaux sociaux », constate un autre « dropshipper ». Le temps où il suffisait de quelques euros de publicité en ligne est révolu. Il s’agit désormais d’investir plusieurs centaines d’euros par mois pour avoir un peu de visibilité sur Instagram.
Sans oublier la compétition entre les intermédiaires. Il n’est pas rare en effet qu’une start-up tente de s’accaparer le fournisseur d’une autre. « Le but est de garder un accès privilégié à son fabricant », explique un revendeur qui ne veut surtout pas être connu en dehors de sa communauté sur les réseaux sociaux. De fait, les montants en jeu sont devenus considérables et certains, profitant d’un cadre fiscal encore flou, peuvent gagner des dizaines de milliers d’euros par mois. Une situation qui favorise aussi les escroqueries : on ne compte plus les signalements sur telle ou telle boutique en ligne qui ont envoyé un