En Pennsylvanie, Donald Trump à la reconquête des déclassés
En 2016, le milliardaire avait remporté cet Etat clef en promettant d’y relancer l’industrie. Quatre ans plus tard, il tente de conserver ce « swing state » terrassé par le Covid-19.
PAR CORENTIN PENNARGUEAR (ENVOYÉ SPÉCIAL EN PENNSYLVANIE)
gloire de la Pennsylvanie et il a joué sur le sentiment de fierté nostalgique des zones en déclin, rappelle Kyle Kopko, directeur du Center for Rural Pennsylvania. Dans les anciens bastions industriels et dans les zones rurales, il a battu des records de mobilisation. » Par 44 292 voix d’avance seulement, sur 6 millions de bulletins, Donald Trump a fait basculer la Pennsylvanie dans le camp républicain.
A peine élu, le milliardaire a tenu certaines promesses : détricotage des lois sur la protection de l’environnement, augmentation des droits de douane sur les importations d’acier en provenance du Canada, du Mexique ou du Brésil, déclenchement de la guerre commerciale avec la Chine. Jusqu’au début de l’année 2020, « l’opération réélection » se présentait sous les meilleurs auspices en Pennsylvanie, avec un chômage passé sous la barre des 3,5 %. « L’économie se portait vraiment bien, même si c’était avant tout les services, et non l’industrie, comme le prétend Trump, qui tiraient les chiffres vers le haut », explique Wesley Leckrone, politologue à la Widener University. Mais la pandémie a tout bouleversé : « Les dégâts sur l’économie sont énormes, et c’est très mauvais pour Trump, ajoute Wesley Leckrone. Sans le Covid-19, le président aurait sans doute remporté la Pennsylvanie de nouveau. » Aujourd’hui, Joe Biden mène dans les sondages avec 7 points d’avance.
Mais Trump n’a pas dit son dernier mot. Pas une semaine ne s’écoule sans un meeting du président en Pennsylvanie. Et quand il ne fait pas le déplacement luimême, c’est Mike Pence qui s’y colle. En cette soirée de fin septembre, par exemple, le vice-président a convié environ 600 supporters pour un meeting en plein air à Lititz, à l’extrême sud de l’Etat.
Devant une foule hétéroclite, composée d’Amish venus en carriole, d’ouvriers blancs arrivés en 4x4 ou de militants du mouvement « Bangladesh for Trump », l’imperturbable Mike Pence n’a qu’un mot à la bouche : économie. « Nous sommes en train de rouvrir l’Amérique, le business
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pour l’hiver. » Pour cette juriste trumpiste, aucun doute : l’avenir de la Pennsylvanie passe par davantage de fracturation hydraulique : « Il y a encore de quoi creuser, nos sous-sols sont les deuxièmes plus riches du monde, derrière l’Arabie saoudite. Grâce à Trump, la Pennsylvanie devient un eldorado ! »
Dans le quartier de Woodlands, un peu à l’écart du centre de Butler, la fracturation hydraulique n’est, en revanche, pas en odeur de sainteté. Chaque lundi soir, à 18 h 30, une cinquantaine de voisins se réunissent devant la petite église blanche de White Oak Springs. Ils ne viennent pas
Désastre écologique pour certains, le gaz de schiste représente une manne pour la région