Blockchain : EDF passe aux choses sérieuses
En se rapprochant de Tezos, le géant français de l’électricité veut développer tout un écosystème d’applications « intelligentes ». Et pas seulement dans le secteur de l’énergie. n ne l’attendait pas forcément sur ce terrain. Mais, à l’évidence, EDF commence à saisir les potentialités de la blockchain. Depuis plusieurs années, une dizaine de ses ingénieurs se penchent sur cette nouvelle technologie, rendue célèbre par le bitcoin. Si quelques projets ont déjà abouti, l’électricien français, qui ne cache pas ses ambitions dans le secteur, a décidé de passer à la vitesse supérieure. Le groupe vient d’investir dans la blockchain Tezos. L’objectif : accroître à terme un écosystème d’applications dites intelligentes. Et pas que dans le secteur de l’énergie.
Une blockchain est un protocole informatique qui permet de stocker et d’échanger de l’argent ou des informations de façon transparente, sécurisée, sans intermédiaire. Et, surtout, sans organe central de contrôle. Mise au point par des ingénieurs français, Tezos est « publique », c’est-à-dire ouverte à tous. N’importe quelle entreprise achetant la cryptomonnaie de Tezos – le tez – peut se servir de cette infrastructure pour son
Opropre développement. Outre le fait qu’il soit moins gourmand en énergie que d’autres, le gros avantage de ce protocole est de permettre de créer des « contrats intelligents ». En clair, des contrats qui se déclenchent automatiquement en fonction de ce qui a été programmé par les ingénieurs et les codeurs. Parmi toutes les applications possibles, EDF pourrait, par exemple, rendre possible le paiement automatique, et en temps réel, de chaque kilowattheure consommé par ses clients. Le tout sans l’intervention de quiconque.
Une telle application « intelligente » peut se décliner à l’infini. Ce qu’EDF a d’ailleurs très bien compris. Le champion du nucléaire compte bien exploiter cette technologie dans des domaines aussi variés que la finance ou encore le transport. L’investissement dans Tezos reste toutefois un vrai pari pour le groupe public. Et pas seulement parce que les cryptomonnaies ont encore une réputation sulfureuse auprès de l’opinion publique et des investisseurs. Le vrai risque est, en effet, le « blockchain-washing », comme tant d’entreprises l’ont pratiqué ces dernières années. « Une vraie plaie dans le secteur », explique un bon connaisseur de l’activité.
Cette technologie peut permettre de créer des « contrats intelligents »
Il se trouve que, avec ce projet, le géant français, qui a aussi lancé en début d’année une filiale consacrée à la blockchain et au cloud computing Exaion, a choisi l’une des stars du secteur, qui est de plus en plus utilisée par de grandes entreprises. Récemment, c’est la Société générale qui a annoncé travailler avec Tezos. La banque, elle aussi très impliquée dans les sujets liés à la blockchain et aux cryptomonnaies, s’est lancée dans la digitalisation de certains actifs, telles les obligations d’entreprises et d’Etat. Elle fait également partie des candidats retenus par la Banque de France pour les premières expérimentations d’un euro digital de banque centrale. La course aux applications 2.0 ne fait que commencer. ✷