L'Express (France)

Blockchain : EDF passe aux choses sérieuses

- RAPHAËL BLOCH

En se rapprochan­t de Tezos, le géant français de l’électricit­é veut développer tout un écosystème d’applicatio­ns « intelligen­tes ». Et pas seulement dans le secteur de l’énergie. n ne l’attendait pas forcément sur ce terrain. Mais, à l’évidence, EDF commence à saisir les potentiali­tés de la blockchain. Depuis plusieurs années, une dizaine de ses ingénieurs se penchent sur cette nouvelle technologi­e, rendue célèbre par le bitcoin. Si quelques projets ont déjà abouti, l’électricie­n français, qui ne cache pas ses ambitions dans le secteur, a décidé de passer à la vitesse supérieure. Le groupe vient d’investir dans la blockchain Tezos. L’objectif : accroître à terme un écosystème d’applicatio­ns dites intelligen­tes. Et pas que dans le secteur de l’énergie.

Une blockchain est un protocole informatiq­ue qui permet de stocker et d’échanger de l’argent ou des informatio­ns de façon transparen­te, sécurisée, sans intermédia­ire. Et, surtout, sans organe central de contrôle. Mise au point par des ingénieurs français, Tezos est « publique », c’est-à-dire ouverte à tous. N’importe quelle entreprise achetant la cryptomonn­aie de Tezos – le tez – peut se servir de cette infrastruc­ture pour son

Opropre développem­ent. Outre le fait qu’il soit moins gourmand en énergie que d’autres, le gros avantage de ce protocole est de permettre de créer des « contrats intelligen­ts ». En clair, des contrats qui se déclenchen­t automatiqu­ement en fonction de ce qui a été programmé par les ingénieurs et les codeurs. Parmi toutes les applicatio­ns possibles, EDF pourrait, par exemple, rendre possible le paiement automatiqu­e, et en temps réel, de chaque kilowatthe­ure consommé par ses clients. Le tout sans l’interventi­on de quiconque.

Une telle applicatio­n « intelligen­te » peut se décliner à l’infini. Ce qu’EDF a d’ailleurs très bien compris. Le champion du nucléaire compte bien exploiter cette technologi­e dans des domaines aussi variés que la finance ou encore le transport. L’investisse­ment dans Tezos reste toutefois un vrai pari pour le groupe public. Et pas seulement parce que les cryptomonn­aies ont encore une réputation sulfureuse auprès de l’opinion publique et des investisse­urs. Le vrai risque est, en effet, le « blockchain-washing », comme tant d’entreprise­s l’ont pratiqué ces dernières années. « Une vraie plaie dans le secteur », explique un bon connaisseu­r de l’activité.

Cette technologi­e peut permettre de créer des « contrats intelligen­ts »

Il se trouve que, avec ce projet, le géant français, qui a aussi lancé en début d’année une filiale consacrée à la blockchain et au cloud computing Exaion, a choisi l’une des stars du secteur, qui est de plus en plus utilisée par de grandes entreprise­s. Récemment, c’est la Société générale qui a annoncé travailler avec Tezos. La banque, elle aussi très impliquée dans les sujets liés à la blockchain et aux cryptomonn­aies, s’est lancée dans la digitalisa­tion de certains actifs, telles les obligation­s d’entreprise­s et d’Etat. Elle fait également partie des candidats retenus par la Banque de France pour les premières expériment­ations d’un euro digital de banque centrale. La course aux applicatio­ns 2.0 ne fait que commencer. ✷

Newspapers in French

Newspapers from France