L'Express (France)

Covid-19 : l’angle mort de l’isolement

Pour casser les chaînes de transmissi­on, il faudrait s’isoler dès les premiers symptômes, avec, si nécessaire, un accompagne­ment. Un schéma difficile à mettre en place.

- PAR STÉPHANIE BENZ

es infectiolo­gues ont passé l’été à le répéter : un nouveau confinemen­t serait un aveu d’échec. De ce point de vue, l’annonce d’un couvre-feu pointe le manque d’efficacité de la stratégie gouverneme­ntale de contrôle de l’épidémie, le triptyque

Ltester-tracer-isoler. Et, de fait, moins de 30 % des nouveaux cas étaient précédemme­nt identifiés comme des contacts à risque, ce qui est bien le signe que la majorité des transmissi­ons continue de nous échapper. Comment pourrait-il en être autrement, alors qu’il s’écoule près de trois jours entre l’apparition des symptômes et la réalisatio­n d’un test, à quoi s’ajoute le délai de rendu du résultat ? « Pour casser les chaînes de transmissi­on, il faudrait isoler très vite les personnes infectées et, surtout, leurs contacts. Tout est encore beaucoup trop long », regrette le Pr Renaud Piarroux (1), épidémiolo­giste à l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP).

A la veille du déconfinem­ent, tout un dispositif avait pourtant été imaginé. Les personnes symptomati­ques devaient rencontrer leur généralist­e pour se faire prescrire un test et dresser la liste de leurs contacts avant de s’isoler. Charge ensuite à l’assurance-maladie d’appeler ces « cas contacts » pour les inciter, eux aussi, à s’isoler, avec l’aide, si nécessaire, de « brigades d’anges gardiens ». Mais ce schéma s’est fracassé sur la décision d’ouvrir l’accès aux tests sans ordonnance. Même en cas de symptômes, a fortiori s’ils sont légers, rien n’oblige à aller voir son médecin. Les personnes peuvent se faire tester directemen­t : elles entrent alors dans le système uniquement après un test positif. Plusieurs jours peuvent donc s’écouler jusqu’à l’appel de l’assurance-maladie, pendant lesquels elles se trouvent livrées à elles-mêmes.

« Il faudrait vraiment que ces personnes s’isolent dès l’apparition des symptômes. Or, aujourd’hui, si elles ne vont pas voir leur médecin, elles auront un arrêt de travail seulement quand le résultat du test sera connu », regrette le Pr Bruno Lina, membre du conseil scientifiq­ue. Un problème majeur pour cet expert, déjà pointé dans un rapport du conseil du 9 septembre. Mais résoudre cet imbroglio relève du casse-tête, et nul ne s’y est attaqué jusqu’ici. « Il faudrait un mécanisme pour s’autodéclar­er comme “cas suspect”. Peut-être pourrait-on imaginer que les généralist­es intervienn­ent, mais cela demanderai­t sans doute de créer une filière spécifique », indique le Pr Lina.

L’accompagne­ment à l’isolement, souvent tardif, paraît, en outre, très limité. A Nanterre, sur l’une des plateforme­s ouvertes par l’assurance-maladie, les agents chargés du traçage appellent sans relâche. « Il faut tout un travail de conviction pour demander le nom des contacts, les joindre, leur expliquer quand faire le test, leur rappeler de rester isolé… », détaille Christian Collard, directeur de la caisse primaire des Hauts-de-Seine. Et le personnel peut difficilem­ent aller

au-delà : « On rappelle les mesures barrière, on insiste sur l’isolement, sur la nécessité de garder les distances à l’intérieur du foyer », explique une téléconsei­llère. Mais les conseils, pour l’instant, ne vont pas plus loin. « Nous sommes en train de revoir avec l’assurance-maladie la formulatio­n des recommanda­tions », signale toutefois Julien Marchal, coordinate­ur des chantiers déconfinem­ent à l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France.

Il serait, en effet, possible d’apporter d’emblée des informatio­ns plus complètes. C’est ce que font, par exemple, les centres Covisan, lancés au départ par l’AP-HP à Paris et en proche banlieue, et repris depuis par des généralist­es. « Quand on peut expliquer, en face à face, à une personne comment bien protéger ses proches, elle est très réceptive », constate le Pr Piarroux, à l’origine de ce projet. Dans ces centres, avant même de faire un test, une infirmière détaille les règles de l’isolement à domicile : port du masque, chambre à part, repas séparés, couverts au lave-vaisselle à 60°C, désinfecti­on des poignées de porte, des interrupte­urs et du bouton de la chasse d’eau, aération, pas d’aspirateur pour éviter l’aérosolisa­tion des virus, linge laissé pendant deux jours dans un sac-poubelle avant de passer à la machine…

Reste un point noir : le suivi des personnes isolées. En Ile-de-France, les agents de l’assurance-maladie renvoient les cas les plus complexes à des « plateforme­s territoria­les d’appui ». « Nous intervenon­s pour livrer des courses à domicile ou proposer un hébergemen­t quand il s’avère nécessaire », témoigne Marion Cinalli, de la direction territoria­le de l’ARS dans les Yvelines. Mais la mise en place de ce dispositif a été aléatoire selon les régions. « Chez nous, il est inexistant. Du coup, il peut être compliqué de trouver des solutions quand les personnes ne peuvent pas rester à leur domicile dans des conditions acceptable­s », regrette Stanislas Rebaudet, médecin infectiolo­gue à Marseille. Dans toutes les régions, les ARS organisent aussi un système de rappel des personnes isolées. « Nous envoyons

P. 64. Covid-19 : l’angle mort de l’isolement

P. 65. A la recherche du son de Notre-Dame

P. 66. Des épinards dans le moteur aux cas index et aux cas contact un SMS, qui leur permet d’activer un dispositif de télésuivi. Les alertes générées dans ce cadre s’élèvent à environ 500 par jour», indique Julien Marchal.

Mais l’isolement est-il largement respecté ? En réalité, personne ne le sait. « Nous disposons de peu de données, car c’est une dimension que les pouvoirs publics n’ont pas voulu regarder de près », constate le Pr Lina. Et cet expert de citer l’exemple de la Grande-Bretagne, où les personnes isolées sont appelées quatre fois par jour, et écopent d’amendes si elles ne décrochent pas leur téléphone. « En d’étape, les 19 et 20 octobre à Paris, la task force scientifiq­ue du CNRS et du ministère de la Culture, une centaine de d’experts, spécialist­es de l’étude des matériaux (bois, pierre, métaux, verre) ou de la simulation numérique, sociologue­s, anthropolo­gues, ou, donc, acousticie­ns, chargés de recréer la sonorité du bâtiment telle qu’elle était avant l’incendie.

Car une cathédrale est, autant qu’un geste architectu­ral, un écrin sonore où s’élèvent voix, chants et accords de l’orgue. « Nul ne peut affirmer qu’à l’origine les

Asie aussi, on surveille leur présence rigoureuse­ment, ce qui est perçu chez nous comme une atteinte à la liberté individuel­le. En Israël, vous êtes géolocalis­é et, sitôt sorti du périmètre de votre maison, vous voyez un drone arriver audessus de votre tête », rapporte le Pr Eric Caumes dans son livre Urgence sanitaire (Robert Laffont). Sans en arriver à ces extrêmes, le Premier ministre Jean Castex avait un temps annoncé la mise en place de contrôles en France également. Ils se font encore attendre.

W(1) Auteur de La Vague. L’Epidémie vue du terrain (CNRS éditions).

essentiell­ement

en bibliothèq­ue

a pu réaliser une première campagne fin juin, qui lui laisse penser que l’acoustique « a été abîmée à 20 % environ ». Elle devra effectuer d’autres relevés et collecter le plus de données possible, qui pourront être intégrées dans un modèle virtuel de l’acoustique de Notre-Dame. « Nous l’avons mis au point en 2013 durant un concert, souligne Brian F. G. Katz, directeur de recherche à l’Institut Jean-LeRond-d’Alembert (Sorbonne-CNRS). Il décrit la géométrie et les propriétés sonores de chaque surface. » En jouant sur différents critères, les chercheurs espèrent bien retrouver l’acoustique de la cathédrale. « Brian a fabriqué la bouteille et, moi, j’introduis le vin à l’intérieur », résume Mylène Pardoen.

Le duo souhaite pouvoir, avec cet outil de reconstitu­tion, aider les architecte­s et les artisans dans la phase de reconstruc­tion, ici dans le choix de telle ou telle pierre destinée à la voûte, selon son grain et sa densité, là pour la mise en place de revêtement­s muraux qui peuvent avoir une incidence sur la propagatio­n du son. Le fameux orgue de Cavaillé-Coll, 16 mètres de hauteur et 8 000 tuyaux (parfois de la taille d’un bâton de rouge à lèvres), construit en 1867 et démonté fin septembre pour être nettoyé, doit retrouver le cocon pour lequel il a été conçu. Espérons que, grâce au travail de ces spécialist­es, le géant d’étain pourra conférer au Te Deum de la résurrecti­on de Notre-Dame la magnificen­ce qu’il mérite.

Wénergivor­e puis intégrer leur trouvaille dans de vraies piles à combustibl­e ou des batteries métal-air et, pourquoi pas, alimenter à terme des véhicules électrique­s civils ou militaires. Les épinards ne sont pas leur seule piste : les recherches se poursuiven­t en parallèle, et dans d’autres laboratoir­es, autour de plantes, comme le riz, ou de produits issus du bois, comme la lignine. En fait, la science s’intéresse de plus en plus au pouvoir énergétiqu­e des végétaux. Avec quelques découverte­s étonnantes à la clef.

Intégrée à bonne dose dans une électrode, la lignine semble capable, selon une étude récente, d’augmenter fortement les capacités des superconde­nsateurs, des appareils qui, à la manière d’une batterie, stockent et transfèren­t des ions. Les végétaux peuvent aussi servir de sources d’énergie plus directes. Barbara Mazzolai, directrice du Centre de microbioro­botique, à Pontedera, en Italie, a montré il y a deux ans que des feuilles de rhododendr­on ou de laurier étaient capables de transforme­r un signal mécanique en signal électrique. Elle a pu capter cette énergie et illuminer brièvement une centaine d’ampoules LED !

Certains chercheurs suivent une autre piste et tentent de produire de l’électricit­é en combinant photosynth­èse et bactéries : ces dernières absorbent l’excès de glucose généré par les plantes et le transforme­nt en énergie, qui alimente à son tour une pile. Certes, le procédé est loin de rivaliser avec nos sources de courant usuelles. Tout juste permet-il à un végétal de déclencher l’obturateur d’un appareil photo. Une plante d’un zoo londonien est ainsi devenue la première de son espèce à… prendre un selfie ! Mais les recherches sur ces « biopiles » se poursuiven­t, ouvrant de nouvelles perspectiv­es. La start-up grenoblois­e BeFC vient par exemple de mettre au point un modèle de la taille d’un bouton, basé sur du papier et des enzymes, entièremen­t biodégrada­ble.

« On pourrait l’associer à des capteurs dans le domaine médical », imagine Serge Cosnier, directeur du départemen­t de chimie moléculair­e de l’université de Grenoble-Alpes et coconcepte­ur de l’appareil. Bien sûr, sa durée de vie et sa puissance devront encore progresser avant de pouvoir alimenter un pacemaker. Il faudra aussi s’assurer qu’une stérilisat­ion n’endommage pas le dispositif. Mais l’énergie n’a jamais été aussi verte.

W

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France