Covid-19 : l’angle mort de l’isolement
Pour casser les chaînes de transmission, il faudrait s’isoler dès les premiers symptômes, avec, si nécessaire, un accompagnement. Un schéma difficile à mettre en place.
es infectiologues ont passé l’été à le répéter : un nouveau confinement serait un aveu d’échec. De ce point de vue, l’annonce d’un couvre-feu pointe le manque d’efficacité de la stratégie gouvernementale de contrôle de l’épidémie, le triptyque
Ltester-tracer-isoler. Et, de fait, moins de 30 % des nouveaux cas étaient précédemment identifiés comme des contacts à risque, ce qui est bien le signe que la majorité des transmissions continue de nous échapper. Comment pourrait-il en être autrement, alors qu’il s’écoule près de trois jours entre l’apparition des symptômes et la réalisation d’un test, à quoi s’ajoute le délai de rendu du résultat ? « Pour casser les chaînes de transmission, il faudrait isoler très vite les personnes infectées et, surtout, leurs contacts. Tout est encore beaucoup trop long », regrette le Pr Renaud Piarroux (1), épidémiologiste à l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP).
A la veille du déconfinement, tout un dispositif avait pourtant été imaginé. Les personnes symptomatiques devaient rencontrer leur généraliste pour se faire prescrire un test et dresser la liste de leurs contacts avant de s’isoler. Charge ensuite à l’assurance-maladie d’appeler ces « cas contacts » pour les inciter, eux aussi, à s’isoler, avec l’aide, si nécessaire, de « brigades d’anges gardiens ». Mais ce schéma s’est fracassé sur la décision d’ouvrir l’accès aux tests sans ordonnance. Même en cas de symptômes, a fortiori s’ils sont légers, rien n’oblige à aller voir son médecin. Les personnes peuvent se faire tester directement : elles entrent alors dans le système uniquement après un test positif. Plusieurs jours peuvent donc s’écouler jusqu’à l’appel de l’assurance-maladie, pendant lesquels elles se trouvent livrées à elles-mêmes.
« Il faudrait vraiment que ces personnes s’isolent dès l’apparition des symptômes. Or, aujourd’hui, si elles ne vont pas voir leur médecin, elles auront un arrêt de travail seulement quand le résultat du test sera connu », regrette le Pr Bruno Lina, membre du conseil scientifique. Un problème majeur pour cet expert, déjà pointé dans un rapport du conseil du 9 septembre. Mais résoudre cet imbroglio relève du casse-tête, et nul ne s’y est attaqué jusqu’ici. « Il faudrait un mécanisme pour s’autodéclarer comme “cas suspect”. Peut-être pourrait-on imaginer que les généralistes interviennent, mais cela demanderait sans doute de créer une filière spécifique », indique le Pr Lina.
L’accompagnement à l’isolement, souvent tardif, paraît, en outre, très limité. A Nanterre, sur l’une des plateformes ouvertes par l’assurance-maladie, les agents chargés du traçage appellent sans relâche. « Il faut tout un travail de conviction pour demander le nom des contacts, les joindre, leur expliquer quand faire le test, leur rappeler de rester isolé… », détaille Christian Collard, directeur de la caisse primaire des Hauts-de-Seine. Et le personnel peut difficilement aller
au-delà : « On rappelle les mesures barrière, on insiste sur l’isolement, sur la nécessité de garder les distances à l’intérieur du foyer », explique une téléconseillère. Mais les conseils, pour l’instant, ne vont pas plus loin. « Nous sommes en train de revoir avec l’assurance-maladie la formulation des recommandations », signale toutefois Julien Marchal, coordinateur des chantiers déconfinement à l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France.
Il serait, en effet, possible d’apporter d’emblée des informations plus complètes. C’est ce que font, par exemple, les centres Covisan, lancés au départ par l’AP-HP à Paris et en proche banlieue, et repris depuis par des généralistes. « Quand on peut expliquer, en face à face, à une personne comment bien protéger ses proches, elle est très réceptive », constate le Pr Piarroux, à l’origine de ce projet. Dans ces centres, avant même de faire un test, une infirmière détaille les règles de l’isolement à domicile : port du masque, chambre à part, repas séparés, couverts au lave-vaisselle à 60°C, désinfection des poignées de porte, des interrupteurs et du bouton de la chasse d’eau, aération, pas d’aspirateur pour éviter l’aérosolisation des virus, linge laissé pendant deux jours dans un sac-poubelle avant de passer à la machine…
Reste un point noir : le suivi des personnes isolées. En Ile-de-France, les agents de l’assurance-maladie renvoient les cas les plus complexes à des « plateformes territoriales d’appui ». « Nous intervenons pour livrer des courses à domicile ou proposer un hébergement quand il s’avère nécessaire », témoigne Marion Cinalli, de la direction territoriale de l’ARS dans les Yvelines. Mais la mise en place de ce dispositif a été aléatoire selon les régions. « Chez nous, il est inexistant. Du coup, il peut être compliqué de trouver des solutions quand les personnes ne peuvent pas rester à leur domicile dans des conditions acceptables », regrette Stanislas Rebaudet, médecin infectiologue à Marseille. Dans toutes les régions, les ARS organisent aussi un système de rappel des personnes isolées. « Nous envoyons
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P. 65. A la recherche du son de Notre-Dame
P. 66. Des épinards dans le moteur aux cas index et aux cas contact un SMS, qui leur permet d’activer un dispositif de télésuivi. Les alertes générées dans ce cadre s’élèvent à environ 500 par jour», indique Julien Marchal.
Mais l’isolement est-il largement respecté ? En réalité, personne ne le sait. « Nous disposons de peu de données, car c’est une dimension que les pouvoirs publics n’ont pas voulu regarder de près », constate le Pr Lina. Et cet expert de citer l’exemple de la Grande-Bretagne, où les personnes isolées sont appelées quatre fois par jour, et écopent d’amendes si elles ne décrochent pas leur téléphone. « En d’étape, les 19 et 20 octobre à Paris, la task force scientifique du CNRS et du ministère de la Culture, une centaine de d’experts, spécialistes de l’étude des matériaux (bois, pierre, métaux, verre) ou de la simulation numérique, sociologues, anthropologues, ou, donc, acousticiens, chargés de recréer la sonorité du bâtiment telle qu’elle était avant l’incendie.
Car une cathédrale est, autant qu’un geste architectural, un écrin sonore où s’élèvent voix, chants et accords de l’orgue. « Nul ne peut affirmer qu’à l’origine les
Asie aussi, on surveille leur présence rigoureusement, ce qui est perçu chez nous comme une atteinte à la liberté individuelle. En Israël, vous êtes géolocalisé et, sitôt sorti du périmètre de votre maison, vous voyez un drone arriver audessus de votre tête », rapporte le Pr Eric Caumes dans son livre Urgence sanitaire (Robert Laffont). Sans en arriver à ces extrêmes, le Premier ministre Jean Castex avait un temps annoncé la mise en place de contrôles en France également. Ils se font encore attendre.
W(1) Auteur de La Vague. L’Epidémie vue du terrain (CNRS éditions).
essentiellement
en bibliothèque
a pu réaliser une première campagne fin juin, qui lui laisse penser que l’acoustique « a été abîmée à 20 % environ ». Elle devra effectuer d’autres relevés et collecter le plus de données possible, qui pourront être intégrées dans un modèle virtuel de l’acoustique de Notre-Dame. « Nous l’avons mis au point en 2013 durant un concert, souligne Brian F. G. Katz, directeur de recherche à l’Institut Jean-LeRond-d’Alembert (Sorbonne-CNRS). Il décrit la géométrie et les propriétés sonores de chaque surface. » En jouant sur différents critères, les chercheurs espèrent bien retrouver l’acoustique de la cathédrale. « Brian a fabriqué la bouteille et, moi, j’introduis le vin à l’intérieur », résume Mylène Pardoen.
Le duo souhaite pouvoir, avec cet outil de reconstitution, aider les architectes et les artisans dans la phase de reconstruction, ici dans le choix de telle ou telle pierre destinée à la voûte, selon son grain et sa densité, là pour la mise en place de revêtements muraux qui peuvent avoir une incidence sur la propagation du son. Le fameux orgue de Cavaillé-Coll, 16 mètres de hauteur et 8 000 tuyaux (parfois de la taille d’un bâton de rouge à lèvres), construit en 1867 et démonté fin septembre pour être nettoyé, doit retrouver le cocon pour lequel il a été conçu. Espérons que, grâce au travail de ces spécialistes, le géant d’étain pourra conférer au Te Deum de la résurrection de Notre-Dame la magnificence qu’il mérite.
Wénergivore puis intégrer leur trouvaille dans de vraies piles à combustible ou des batteries métal-air et, pourquoi pas, alimenter à terme des véhicules électriques civils ou militaires. Les épinards ne sont pas leur seule piste : les recherches se poursuivent en parallèle, et dans d’autres laboratoires, autour de plantes, comme le riz, ou de produits issus du bois, comme la lignine. En fait, la science s’intéresse de plus en plus au pouvoir énergétique des végétaux. Avec quelques découvertes étonnantes à la clef.
Intégrée à bonne dose dans une électrode, la lignine semble capable, selon une étude récente, d’augmenter fortement les capacités des supercondensateurs, des appareils qui, à la manière d’une batterie, stockent et transfèrent des ions. Les végétaux peuvent aussi servir de sources d’énergie plus directes. Barbara Mazzolai, directrice du Centre de microbiorobotique, à Pontedera, en Italie, a montré il y a deux ans que des feuilles de rhododendron ou de laurier étaient capables de transformer un signal mécanique en signal électrique. Elle a pu capter cette énergie et illuminer brièvement une centaine d’ampoules LED !
Certains chercheurs suivent une autre piste et tentent de produire de l’électricité en combinant photosynthèse et bactéries : ces dernières absorbent l’excès de glucose généré par les plantes et le transforment en énergie, qui alimente à son tour une pile. Certes, le procédé est loin de rivaliser avec nos sources de courant usuelles. Tout juste permet-il à un végétal de déclencher l’obturateur d’un appareil photo. Une plante d’un zoo londonien est ainsi devenue la première de son espèce à… prendre un selfie ! Mais les recherches sur ces « biopiles » se poursuivent, ouvrant de nouvelles perspectives. La start-up grenobloise BeFC vient par exemple de mettre au point un modèle de la taille d’un bouton, basé sur du papier et des enzymes, entièrement biodégradable.
« On pourrait l’associer à des capteurs dans le domaine médical », imagine Serge Cosnier, directeur du département de chimie moléculaire de l’université de Grenoble-Alpes et coconcepteur de l’appareil. Bien sûr, sa durée de vie et sa puissance devront encore progresser avant de pouvoir alimenter un pacemaker. Il faudra aussi s’assurer qu’une stérilisation n’endommage pas le dispositif. Mais l’énergie n’a jamais été aussi verte.
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