L'Express (France)

Nous réussirons la transition énergétiqu­e grâce au génie humain

La révolution verte est en marche, contrairem­ent à ce que veulent nous faire croire les tenants du catastroph­isme écologique.

- PAR MARC FONTECAVE*

LE RÉCHAUFFEM­ENT CLIMATIQUE nous condamne à une révolution énergétiqu­e. Nous devons procéder à des économies d’énergie grâce à la mise au point de systèmes de plus en plus efficaces et à la diminution progressiv­e du recours aux sources fossiles ; par un déploiemen­t des solutions bas carbone – comme l’énergie nucléaire, aujourd’hui la moins émettrice de CO2 – ou des renouvelab­les (soleil et vent), à condition que l’on puisse stocker ces derniers dans des batteries ou des carburants. L’électrific­ation croissante de notre énergie contribuer­a aussi, de façon notable, à décarboner la mobilité. On le voit, cette transition énergétiqu­e sera le résultat de la recherche et de l’innovation, de la technologi­e et de l’industrie. C’est au génie humain que nous devrons de trouver les meilleures solutions pour l’humanité et son environnem­ent.

W LE SPECTRE DE LA FIN DU MONDE

Malheureus­ement, ce qui domine et s’exprime aujourd’hui est, au contraire, un catastroph­isme désespéré. Des idéologies obscuranti­stes l’alimentent, qui appellent à une défiance à l’égard des experts et des entreprise­s, de la recherche, du progrès scientifiq­ue et technique. De l’homme, en somme, qui ne serait capable de produire que des malheurs. Ce catastroph­isme, qui n’offre d’autre perspectiv­e que la décroissan­ce et la fin du monde, frappe l’ensemble des citoyens inquiets et plus particuliè­rement la jeunesse. Le problème est qu’il s’appuie sur une logique inexacte. Celle-ci tient pour établi que rien n’est fait pour avancer sur le chemin de la transition énergétiqu­e. Alors que de nombreux éléments prouvent le contraire. On peut citer les progrès dans la consommati­on des véhicules et des avions, l’isolation des bâtiments, la montée en puissance du solaire et de l’éolien, le remplaceme­nt progressif du charbon par le gaz, moins émetteur de gaz à effet de serre, les efforts pour limiter les pollutions.

Plus parlant encore, notre pays, qui ne représente que 1 % des émissions mondiales de CO2 (1,7 % en comptant les émissions indirectes), est, grâce au poids de l’énergie nucléaire dans son mix électrique, l’un des champions mondiaux en matière d’empreinte carbone.

Certes, on peut juger tout cela insuffisan­t, souligner qu’il ne s’agit que de petits pas, mais on ne peut pas dire que rien n’est fait. Affirmer, par ailleurs, que rien ne bouge parce que des forces obscures sont à l’oeuvre – les fameux lobbies, essentiell­ement les entreprise­s – est tout aussi mensonger. C’est oublier que ces dernières seront demain des acteurs majeurs de cette transition écologique, car ce sont elles qui mettront sur le marché les nouvelles technologi­es vertes. En France comme ailleurs, elles ont commencé, investissa­nt massivemen­t dans les batteries et les véhicules électrique­s, l’énergie solaire, la rénovation thermique, la capture du CO2 et l’hydrogène, par exemple.

W AMBITION ET EXIGENCE

Il y a, sous cette peinture trompeuse, l’idée tout aussi fausse que la transition énergétiqu­e est une révolution réalisable très rapidement, parce que toutes les technologi­es nécessaire­s seraient déjà disponible­s ; la certitude que le nucléaire et les énergies fossiles peuvent instantané­ment être remplacés par les énergies renouvelab­les. En réalité, si nous n’avançons pas suffisamme­nt vite, c’est malheureus­ement parce que les énergies renouvelab­les ont encore de nombreux défauts, en particulie­r leur caractère intermitte­nt, ce qui rend leur déploiemen­t massif impossible actuelleme­nt, que ce soit en France ou ailleurs dans le monde. On peut ne pas vouloir le voir, mais la situation est celle-là. Et affronter les vérités pénibles permet d’identifier les noeuds que la recherche fondamenta­le, technologi­que et industriel­le doit dénouer.

Abandonnon­s ces visions catastroph­istes et complotist­es, refusons les postures démagogiqu­es consistant à croire que les solutions aux problèmes complexes de l’énergie seront fournies par des convention­s citoyennes. Prenons conscience que la transition est en réalité déjà engagée, que toute la société est mobilisée, et retrouvons confiance dans notre capacité à réussir la transition énergétiqu­e. Sans impatience démesurée, mais avec ambition et exigence, grâce à la science et à la technologi­e.

W* Marc Fontecave est membre de l’Académie des sciences. Il est spécialist­e en chimie des processus biologique­s et vient de publier Halte au catastroph­isme ! Les vérités de la transition énergétiqu­e (Flammarion).

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Le chimiste note l’avancée de la décarbonat­ion.

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