Nous réussirons la transition énergétique grâce au génie humain
La révolution verte est en marche, contrairement à ce que veulent nous faire croire les tenants du catastrophisme écologique.
LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE nous condamne à une révolution énergétique. Nous devons procéder à des économies d’énergie grâce à la mise au point de systèmes de plus en plus efficaces et à la diminution progressive du recours aux sources fossiles ; par un déploiement des solutions bas carbone – comme l’énergie nucléaire, aujourd’hui la moins émettrice de CO2 – ou des renouvelables (soleil et vent), à condition que l’on puisse stocker ces derniers dans des batteries ou des carburants. L’électrification croissante de notre énergie contribuera aussi, de façon notable, à décarboner la mobilité. On le voit, cette transition énergétique sera le résultat de la recherche et de l’innovation, de la technologie et de l’industrie. C’est au génie humain que nous devrons de trouver les meilleures solutions pour l’humanité et son environnement.
W LE SPECTRE DE LA FIN DU MONDE
Malheureusement, ce qui domine et s’exprime aujourd’hui est, au contraire, un catastrophisme désespéré. Des idéologies obscurantistes l’alimentent, qui appellent à une défiance à l’égard des experts et des entreprises, de la recherche, du progrès scientifique et technique. De l’homme, en somme, qui ne serait capable de produire que des malheurs. Ce catastrophisme, qui n’offre d’autre perspective que la décroissance et la fin du monde, frappe l’ensemble des citoyens inquiets et plus particulièrement la jeunesse. Le problème est qu’il s’appuie sur une logique inexacte. Celle-ci tient pour établi que rien n’est fait pour avancer sur le chemin de la transition énergétique. Alors que de nombreux éléments prouvent le contraire. On peut citer les progrès dans la consommation des véhicules et des avions, l’isolation des bâtiments, la montée en puissance du solaire et de l’éolien, le remplacement progressif du charbon par le gaz, moins émetteur de gaz à effet de serre, les efforts pour limiter les pollutions.
Plus parlant encore, notre pays, qui ne représente que 1 % des émissions mondiales de CO2 (1,7 % en comptant les émissions indirectes), est, grâce au poids de l’énergie nucléaire dans son mix électrique, l’un des champions mondiaux en matière d’empreinte carbone.
Certes, on peut juger tout cela insuffisant, souligner qu’il ne s’agit que de petits pas, mais on ne peut pas dire que rien n’est fait. Affirmer, par ailleurs, que rien ne bouge parce que des forces obscures sont à l’oeuvre – les fameux lobbies, essentiellement les entreprises – est tout aussi mensonger. C’est oublier que ces dernières seront demain des acteurs majeurs de cette transition écologique, car ce sont elles qui mettront sur le marché les nouvelles technologies vertes. En France comme ailleurs, elles ont commencé, investissant massivement dans les batteries et les véhicules électriques, l’énergie solaire, la rénovation thermique, la capture du CO2 et l’hydrogène, par exemple.
W AMBITION ET EXIGENCE
Il y a, sous cette peinture trompeuse, l’idée tout aussi fausse que la transition énergétique est une révolution réalisable très rapidement, parce que toutes les technologies nécessaires seraient déjà disponibles ; la certitude que le nucléaire et les énergies fossiles peuvent instantanément être remplacés par les énergies renouvelables. En réalité, si nous n’avançons pas suffisamment vite, c’est malheureusement parce que les énergies renouvelables ont encore de nombreux défauts, en particulier leur caractère intermittent, ce qui rend leur déploiement massif impossible actuellement, que ce soit en France ou ailleurs dans le monde. On peut ne pas vouloir le voir, mais la situation est celle-là. Et affronter les vérités pénibles permet d’identifier les noeuds que la recherche fondamentale, technologique et industrielle doit dénouer.
Abandonnons ces visions catastrophistes et complotistes, refusons les postures démagogiques consistant à croire que les solutions aux problèmes complexes de l’énergie seront fournies par des conventions citoyennes. Prenons conscience que la transition est en réalité déjà engagée, que toute la société est mobilisée, et retrouvons confiance dans notre capacité à réussir la transition énergétique. Sans impatience démesurée, mais avec ambition et exigence, grâce à la science et à la technologie.
W* Marc Fontecave est membre de l’Académie des sciences. Il est spécialiste en chimie des processus biologiques et vient de publier Halte au catastrophisme ! Les vérités de la transition énergétique (Flammarion).