L'Express (France)

Presse à chiffons et émancipati­on de Madame

Reflet d’un style, d’un état d’esprit, mais aussi des évolutions sociales et politiques, l’iconograph­ie de la mode s’est démocratis­ée à partir du siècle. Le musée de l’Image d’Epinal retrace cet âge d’or, galvanisé par la réclame et les périodique­s fémini

- LETIZIA DANNERY

des revues satiriques qui fustigent, par des images acerbes, ces excès vestimenta­ires bourgeois. Et puis les « cathédrale­s du commerce moderne », Le Bon Marché en tête, démocratis­ent la mode à grand renfort de réclames et de catalogues. L’imprimerie Pellerin, à l’origine de la fameuse imagerie d’Epinal, édite nombre de ces planches publicitai­res, évoquant les scènes immortalis­ées par Zola dans Au bonheur des dames (1882) : « Des femmes arrêtées s’écrasaient devant les glaces, toute une foule brutale de convoitise. Et les étoffes vivaient dans cette passion du trottoir : les dentelles avaient un frisson, retombaien­t et cachaient la profondeur du magasin, d’un air troublant de mystère. »

Le couturier Paul Poiret frappe un grand coup au début du xxe siècle en libérant la femme du corset. Les vêtements se font fluides, les jupes raccourcis­sent, le style Art déco impose ses lignes simplifiée­s et géométriqu­es. Les patrons, diffusés en masse grâce aux magazines, contribuen­t à l’appropriat­ion par les classes populaires de ces tendances, à prix raisonnabl­e. C’est désormais une course effrénée de la presse féminine face à l’industrial­isation textile en pleine croissance, de La Mode illustrée à Marie Claire, en passant par Femina et la Gazette du bon ton. Cette dernière, née sous l’influence des Ballets russes, tranche par sa qualité esthétique. Son fondateur, Lucien Vogel, fait appel à de jeunes artistes, parmi lesquels les illustrate­urs Paul Iribe, Georges Lepape ou André-Edouard Marty, qui utilisent le pochoir pour propulser la mode dans la modernité de son temps.

Le dessin est alors privilégié, au détriment de la photograph­ie, jugée trop coûteuse à reproduire, d’autant plus qu’il faut la coloriser et la retoucher. Mais, à partir des années 1930, grâce à l’adoption de l’héliogravu­re et à la baisse des coûts de production, la petite boîte noire s’impose. Tout le monde en profite, à commencer par les couturiers en vogue de l’époque : Doucet, Lanvin, Paquin, Poiret, Worth...

Bien qu’en marche, l’émancipati­on féminine attendra un peu. Car tout reste ambigu, au cours de ce début de siècle bouillonna­nt. Ainsi, sous des dehors féministes, le périodique Femina (1901-1954) n’en continue pas moins de délivrer un message d’un autre âge, où les priorités de la femme sont circonscri­tes à la maternité, à la bonne tenue du foyer et à l’élégance vestimenta­ire. L’héritage du « Suivezmoi jeune homme » tient bon. Il ne s’effritera véritablem­ent que bien des années plus tard…

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Nolwenn Anier, docteure en psychologi­e et consultant­e en R&D. Sylvain compte, par exemple, sur la collaborat­ion avec ses collègues lors de ses journées au bureau, en se penchant sur des projets collectifs, et se trouve donc rarement seul. Alban Durand de Corbiac, lui, dit utiliser ses jours de télétravai­l pour les tâches nécessitan­t une grande applicatio­n.

D’après le baromètre Paris Workplace SFLIfop réalisé en 2019, les relations au travail sont le facteur de bien-être et de performanc­e le plus important. Le lien social peut ainsi pallier l’un des points faibles du flex office : la dépersonna­lisation des espaces. « Il est nécessaire de créer des souvenirs communs et des espaces d’échanges informels », note Nolwenn Anier. D’où l’importance d’un cadre invitant à la conviviali­té, ou à l’organisati­on d’événements de cohésion portés par des managers attentifs à leurs équipes. « Personnell­ement, cela m’a permis de déconstrui­re la hiérarchie », assure Marie, 57 ans, spécialist­e de la gestion des risques dans un groupe d’ingénierie, qui expériment­e le flex office depuis un an et peut discuter plus facilement avec ses supérieurs.

Pour y trouver ses marques, c’est aussi le rapport au bureau qui doit changer. Dans les entreprise­s passées à ce mode de travail, des casiers personnels sont mis à dispositio­n. Marie y range ses affaires dans la journée. « Il faut changer sa façon de travailler. Moi, je numérise tout, donc j’ai moins d’affaires personnell­es et mon sac à dos m’accompagne partout. » Quant au sentiment de solitude, une solution se trouve dans les déplacemen­ts réguliers et dans le développem­ent de projets transversa­ux avec d’autres équipes. Alban Durand de Corbiac a pu ainsi nouer de nouvelles relations depuis la mise en place du flex office il y a six mois. « Je change de place régulièrem­ent, indique-t-il. Cela me permet de discuter avec des gens à qui je parlais très peu, de fluidifier les échanges avec d’autres équipes. » Satisfait de cette nouvelle organisati­on, il dit avoir une façon de travailler plus souple pour garder l’esprit ouvert. Un véritable changement d’état d’esprit.

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Le Lys rouge, avril 1914. Planche tirée de la Gazette du bon ton.
En haut : Léonce Schérer (dessins), Jules Verronais, Metz, La Crinoloman­ie,
Ci-dessus : Simone Puget, Le Lys rouge, avril 1914. Planche tirée de la Gazette du bon ton. En haut : Léonce Schérer (dessins), Jules Verronais, Metz, La Crinoloman­ie,
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Des espaces réservés aux temps de réunion, plus « effervesce­nts ».

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